J’avais limité ma liste de belles lectures pour 2016 à dix titres. Mais ce choix me semble un peu trop restrictif. Voici donc quelques livres supplémentaires.
En attendant impatiemment la publication en français du troisième tome d’Une amie prodigieuse, je me suis lancé dans un roman antérieur d’Elena Ferrante, Les jours de mon abandon. L’opus commence sur les chapeaux de roue. « Un après-midi d’avril, aussitôt après le déjeuner, mon mari m’annonça qu’il voulait me quitter. Il me le dit tandis que nous débarrassions la table… » J’ai rarement lu une ouverture aussi réussie. Un paragraphe et j’étais accroché.
S’ensuit une descente aux enfers qui dure des mois et que la romancière italienne nous décrit avec une force remarquable. C’est très puissant, notamment pendant les chapitres qui décrivent l’interminable journée où l’épouse abandonnée touche le fond. Mais attention, il ne faut pas être soi-même déprimé pour se lancer dans cette longue description d’une âme torturée par la jalousie, la colère, l’agressivité, la dépression et l’anxiété. Cela dit, une fois embarqué, vous voudrez savoir s’il y a une vie après l’abandon.
On a parfois critiqué la traduction française des œuvres de Ferrante. C’est mieux depuis qu’elles sont traduites par Elsa Damien. Mais dans Les jours de mon abandon, il y a des passages très crus qui, selon moi, sont plutôt mal rendus dans notre langue. Mais le roman est si fort qu’on finit par oublier que traduire, c’est trahir un peu.
J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Mourir, mais pas trop, le deuxième recueil de nouvelles de mon ex-collègue Agnès Gruda. « Agnès a pris du métier, avais-je écrit. Elle a un sens du récit qui me rappelle le maître du genre, Guy de Maupassant. Comme lui, elle sait construire en quelques pages un scénario qui a du punch. »
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire La petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon, un récit biographique inspirée par Nadia Comaneci. L’auteure prend sans doute beaucoup de libertés, au point d’imaginer un dialogue avec la célèbre gymnaste. Mais le résultat est audacieux et passionnant. À travers l’histoire de Nadia, Lola Lafon brosse un portrait des pays communistes de cette époque.
J’ai également beaucoup aimé Rien ne s’oppose à la nuit, de Delphine de Vigan, dont j’ai vanté il y a deux jours D’après une histoire vraie. Le premier raconte la vie de sa mère. Si vous lisez les deux œuvres, c’est celle-là qu’il faut découvrir en premier. Vous comprendrez pourquoi en lisant la deuxième.
Enfin, un des plaisirs de la lecture étant la relecture, j’ai relu avec bonheur le chef-d’œuvre d’Alberto Moravia, Le mépris. Je me propose de le relire cette année, mais cette fois en italien.
Je vous souhaite de bien belles lectures en 2017 !