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Archives de septembre, 2016

Une belle neuvaine à Lyon

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Nous n’avons pas prié à Lyon, même si les églises sont nombreuses dans cette ville au passé très catholique. Mais neuf jours, c’est le temps que nous avons passé dans cette belle cité, et il a passé très vite. On dit de Lyon que c’est l’endroit idéal pour un week-end en Europe, mais on peut y séjourner bien plus longtemps sans jamais s’ennuyer.

À l’office de tourisme, on avait acheté un passeport touristique et culturel, qui nous donnait accès pendant deux jours à des musées, à des expositions, à des croisières, à des visites guidées ainsi qu’aux transports en commun. Nous n’aurions pas dormi pendant 48 heures que nous n’aurions pu voir qu’une fraction de ce qui était proposé. Nous ne prendrons d’ailleurs plus ce genre de passeport, car c’est trop pour des voyageurs lents comme nous. C’est un peu comme un buffet à volonté pour des gens qui ont un petit appétit.

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Premières impressions de Lyon

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Dans une boutique, nous avons commencé à causer avec la vendeuse et quelques clients. Quand nous leur avons dit que nous étions Québécois, on a senti une pointe de déception. Pas parce que nous étions du Québec, rassurez-vous, mais parce que nous n’avions pas suffisamment l’accent. Ils auraient sans doute préféré que nous jasions comme Fred Pellerin. Les Cousins, on le sait, aiment bien nous folkloriser. On l’a vu encore récemment dans l’interview de notre Ricardo national. Adressez-vous à eux avec cet accent qu’ils aiment tant mais qu’ils comprennent si peu, et je vous parie deux billets d’un spectacle de Fred, tiens, qu’ils vous parleront de la neige et du froid en moins de 30 secondes. Les plus québécophiles épiceront même leurs clichés sur l’hiver de quelques jurons mal prononcés. «Tabarnac», dans la bouche d’un Français, ça sonne drôle.

Notre accent peu distinctif, à Lise et à moi, nous permet d’échapper à ce folklore. Quand on ouvre la bouche, on n’entend pas : «Ah! Vous êtes québécois. Comme j’aime votre accent!» On nous traite comme tout le monde. C’est-à-dire gentiment la plupart du temps. Mais parfois aussi avec cette pointe d’impatience que les Français peuvent avoir entre eux. Le premier jour, par exemple, fatigués, traînant nos valises, on cherchait où prendre le bus C3. «C’est juste derrière vous», nous a dit la dame d’un bureau d’information. Je lui ai dit : «Mais où exactement derrière nous?» Ce à quoi elle a répondu sèchement : «Mais il faut chercher, Monsieur!» Je me suis dit : «On ne s’est pas trompés de destination. On est bien en France.»

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Les adieux à Marie-Claude

Je suis allé vendredi aux obsèques de ma jeune collègue Marie-Claude Girard. La nouvelle de sa mort m’avait bouleversé. J’ai pourtant perdu bien des compagnons de travail depuis mon arrivée à La Presse, il y a 25 ans. Mais ils étaient tous à peu près de ma génération. C’était, si je puis dire, dans l’ordre des choses. La disparition de cette jeune collègue, dont j’avais suivi les premiers pas dans la salle de rédaction, c’est plutôt dans le désordre des choses. Mais la vie, on le sait, peut être bien désordonnée.

Le salon était rempli de journalistes de La Presse, très émus pour la plupart, même les gars. Sils ont utilisé moins de kleenex que leurs consoeurs, ils n’en étaient pas moins touchés. Martha est venue me faire la bise. «C’est la deuxième fois d’affilée qu’on se voit dans les mêmes circonstances», m’a-t-elle dit, faisant allusion à la mort récente de Liliane Lacroix. «Je commence à être un habitué», lui ai-je répondu. Plus je vieillis, en effet, et plus je me rends à des obsèques. Ainsi je vais rarement à Trois-Rivières, ma ville natale, autrement que pour des enterrements. Et comme j’ai l’intention de vivre jusqu’à 100 ans, je vais sans doute fréquenter encore souvent les salons mortuaires.

La cérémonie était religieuse, mais le prêtre n’a pas pris trop de place. Il a eu le bon sens de laisser la parole à trois collègues, qui ont tracé de la disparue un portrait à la fois juste, touchant, et par moments drôle. Il faut dire que Marie-Claude avait elle-même beaucoup d’humour et un rire qui fait du bien.

Je suis reparti de là rempli d’une belle énergie. J’ai traversé à pied le centre-ville par cette belle journée ensoleillée, comme porté par le pas rapide, gracieux et aérien de Marie-Claude. Le fait d’avoir revu tant de collègues de La Presse y était sans doute pour quelque chose. La Presse, ça reste ma famille. Mais l’âme de Marie-Claude m’accompagnait. Je ne sais pas ce que deviennent les gens après leur mort. Ma réponse a varié selon les âges de la vie. Aujourd’hui, je ne pourrais dire, comme le prêtre qui officiait, que bien des gens nous attendent de l’autre côté pour la Vie éternelle. Il me semble que, s’il existe autre chose, ce n’est pas cela. Mais honnêtement, je n’en sais rien.

Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que les disparus restent dans nos cœurs. Et quand ils ont une belle âme, comme Marie-Claude, ils génèrent une énorme énergie, qui continue à nous accompagner. Son amoureux et leurs trois filles en auront sans doute bien besoin.

Chérie, j’ai rapetissé (suite…)

Campagne contre ville : les élucubrations de Roméo

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Je ne connaissais pas Roméo Bouchard. Il a abouti sur mon fil Facebook à la faveur d’un partage. Sur sa page ce jour-là, il commentait l’engorgement de la rentrée. «Ces jours-ci, écrivait-il, on ne nous parle que des bouchons de circulation de plus en plus terribles en ville, avec tous ces travaux de reconstruction: le monde moderne s’effondre… on le croyait éternel… Est-ce que je peux vous dire que je suis mort de rire, du haut de ma montagne-à-Plourde!» Puis un peu d’ironie : «Je suis à plaindre, je le sais, si loin de la vraie vie!»

Je continue ma lecture. «Vous êtes 80% de Québécois, écrit encore ce cher Roméo, à être fiers de vivre en ville, cette merveille de diversité et d’échanges inventée par nos grands capitalistes pour mieux enfermer dans leurs filets les milliards de consommateurs de la planète, et la planète elle-même… Il faudra bien réaliser un jour que la grande ville est le piège le plus réussi qu’ont inventé les riches pour contrôler nos corps et nos esprits. Effet collatéral: la planète va y passer aussi. Une sorte de trappe à rats… si c’est pas trop fort!»

Je me suis dit : qui est ce collégien qui vient de découvrir à la fois Karl Marx et Nicolas Hulot ? Mais M. Bouchard n’est pas un marxiste de cégep. Il s’agit plutôt d’un écolo anticapitaliste de 80 ans. C’est lui, ai-je appris en consultant Wikipédia, qui a fondé L’Union paysanne, une belle créature. Ses élucubrations sur Facebook ont bien des adeptes. Celles dont je vous parle avaient suscité 224 «J’aime», 48 partages et plusieurs dizaines de commentaires, positifs pour la plupart.

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