Encore récemment, j’étais dans un groupe où quelqu’un a lancé : «C’est effrayant le nombre de mots anglais qu’emploient les Français, en particulier à Paris.» Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette affirmation. C’est devenu chez nous une idée reçue. Et comme la plupart des idées reçues, c’est un préjugé. Chaque fois, c’est plus fort que moi, je prends à mes risques et périls la défense des Cousins.
Je ne nie pourtant pas qu’ils méritent quelques remontrances. Il faut admettre qu’ils sont plutôt paresseux en matière de traduction et que leur vocabulaire compte trop de mots anglais. Par exemple, j’ai entendu parler de la Fashion Week à Paris, sur les ondes de TV5. Pardon? Les oreilles me font encore mal. Pourquoi donner à un tel événement une appellation anglo-saxonne? Je suis aussi agacé quand je lis sur les sites des journaux français les news. What? Ou plutôt Pardon? Pourquoi un nom anglais quand le français dispose déjà des mots actualités, qu’on peut abréger en actus, informations, qu’on peut abréger en infos, ou nouvelles ? Je veux bien croire qu’il faut parfois emprunter des mots quand ils n’existent pas en français. Mais quand ils sont déjà là? Vraiment!
En outre, le langage de leur publicité est truffé d’anglicismes, souvent inutiles et toujours agaçants. Je n’aime pas non plus me faire accueillir en anglais à Paris. Je ne fréquente pas la plus grande ville française du monde pour me faire dire «welcome» au Louvre. C’est pourquoi j’applaudis tous ces Français, qui, comme Bernard Pivot ou Alain Borer, mettent en garde leurs compatriotes contre le franglais et l’anglomanie.
Alors, pourquoi direz-vous, prendre la défense des Français au risque de choquer mes interlocuteurs ?
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