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Archives de février, 2023

Le climat menacé, le français aussi

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« La cérémonie des Césars brièvement interrompue par une activiste du climat », pouvait-on lire sur le site du Monde. L’emploi d’activiste est-il abusif dans ce contexte ? À l’origine, ce mot avait un sens très fort dans notre langue. Le terme s’est répandu vers 1955 pour parler des partisans extrémistes de l’Algérie française. L’activiste a donc d’abord désigné un « partisan de l’action politique violente ». Sous l’influence de l’anglais, on commence à lui donner le sens plus neutre de « défenseur actif d’une cause ». Le grand Robert en donne comme exemple : les activistes de l’écologie.

Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile de départager le véritable activiste et le simple militant. Dans certaines manifestations qui tournent à la violence, on retrouve côte à côte, sans doute, les uns et les autres. Mais à la cérémonie des Césars, la jeune femme n’ayant commis aucun acte violent, j’aurais parlé, pour ma part, d’une manifestante.

Était-ce le bon endroit pour rappeler l’urgence climatique ? Je n’en sais rien. En revanche, je trouve malheureux que cette écologiste ait choisi un T-shirt arborant un slogan anglais. Il faut rappeler que la scène se passait à Paris, dans une émission célébrant le cinéma français, pas à Hollywood pendant la remise des Oscars.

À mon avis, cette jeune femme ne devrait pas craindre seulement la fin du monde. Le français aussi est une espèce menacée.

Camille et Berthe (2)

cam et bert

Ma mère, comme beaucoup de Baril, était une femme anxieuse, angoissée même. Pendant les années où elle a eu ses enfants, elle était même sujette à des crises de panique. Dans ces moments d’inquiétude, m’a-t-elle raconté, mon père lui prenait la main et lui disait : « Je suis là. Tout va bien aller ! »

Mon père avait pourtant eu une enfance difficile. Il n’avait que deux ans quand sa mère était morte. Son père s’était remarié avec une femme qui s’était amenée avec ses cinq filles. Puis, du nouveau mariage étaient nés deux autres garçons. Ne restait pas beaucoup de place pour ce fils du premier lit, comme on disait alors.

Apparemment, la belle-mère n’a jamais bien traité Camille, qui de son côté ne l’a jamais aimé. Il ne prenait d’ailleurs pas la peine de s’en cacher. Cela explique sans doute pourquoi je n’ai jamais eu d’affection pour cette grand-mère.

Cela dit, avant même que le concept de la résilience ne vienne à la mode, il avait fait preuve d’une grande faculté d’adaptation et d’une grande solidité. J’aime à penser que cela lui vient de son père. À dix ans, Albert avait suivi sa famille aux États-Unis. Quand les siens sont revenus au pays, il ne les a pas suivis, préférant s’installer à Lowell, la ville de Jack Kirouac, pour gagner sa vie. Il avait 27 ans quand il a fini par rentrer au Québec. Installé à Trois-Rivières en 1913, il a fondé l’entreprise de portes et fenêtres qui l’a rendu riche et dont mon père a hérité en partage, à sa mort en 1944. Grâce à Albert Roux Portes et Châssis, nous n’avons jamais manqué de rien.

Je n’ai pas connu mon grand-père paternel, mort quelques mois avant ma naissance. Mais d’après ce que je sais de lui, il était de la race des audacieux, des fonceurs. Je ne crois pas que mon propre père partageait son audace. Toute sa vie, Camille est resté à Trois-Rivières. Loin de sa ville natale, il perdait sa belle assurance. Mais de son père, il avait gardé assurément la force de caractère.

Mon grand-père Baril a lui aussi vécu aux États-Unis, une dizaine d’années dans son cas. Comme mon autre grand-père, tout illettré qu’il ait été, il y avait appris l’anglais, langue dont il se souvenait fort bien quand la télévision est apparue au Québec dans les années cinquante. C’est lui qui nous traduisait, plutôt bien selon mon souvenir, les répliques du Jackie Gleason Show.

Mais il n’était pas pour autant un explorateur. Pour un homme de son époque, il était étonnamment émotif. Le Premier de l’an, quand ses neuf enfants venaient lui demander sa bénédiction à tour de rôle, il versait quelques larmes et chacun des rejetons se mettait à pleurer.

Était-il angoissé ? Je ne le crois pas. Inquiet ? Peut-être, mais il n’en laissait rien paraître. Je ne serais pas surpris que l’anxiété familiale soit plutôt venue de ma grand-mère, une femme discrète qui prenait peu de place. Chez les enfants, en tout cas, l’anxiété, voire l’angoisse, était répandue. La sœur aînée de ma mère souffrait d’agoraphobie. On n’employait pas ce mot à l’époque, mais on savait que notre tante ne sortait pas seule. Ma mère, par exemple, l’accompagnait chez le dentiste ou chez le médecin. Autre exemple de la merveilleuse solidarité de l’époque : dans les dernières années de sa vie, quand elle vivait seule et avait trop peur parfois, une des filles d’Alfred, dont la famille vivait au rez-de-chaussée, montait coucher avec elle. Un autre oncle prenait des calmants. Quant à ma mère, je l’ai déjà dit, elle a longtemps souffert d’angoisse. Pour les autres, je ne sais pas, mais il me semble évident que les Baril n’avaient pas la force de caractère des Roux.

Pendant longtemps, sur le plan physique, j’ai ressemblé plus aux seconds. Mais sur le plan du caractère, j’étais incontestablement un Baril. Puis avec l’âge, je me suis mis à ressembler de plus en plus au Baril. Mais psychologiquement, je me suis rapproché des Roux. Allez-y comprendre quelque chose !

Dans un autre chapitre, je raconte comment j’ai dû lutter contre l’angoisse pendant des années. Je faisais partie, comme l’appelait Marcel Proust, de la « famille lamentable et magnifique des nerveux ». Je suis de ceux-là dont Emmanuel Carrère dit dans Yoga : « nous sommes le sel de la terre, nous les nerveux, les mélancoliques, les bipolaires, nous qui passons nos vies à nous battre contre ces chiens noirs dont parlait un autre grand dépressif, Winston Churchill ».

L’émotivité n’a pas que des désavantages, fort heureusement. Le monde des émotions ouvre aussi des portes. Je tiens sans doute de mon côté maternel ma passion pour les arts. Je suis pourtant né dans une maison sans livres, sans disques et sans tableaux. Mes parents, peu instruits, ne s’intéressaient pas à la culture et mon père manifestait même une grande méfiance à l’égard des artistes, ces gens à la moralité douteuse. Mais ma mère avait, naturellement, une nature d’artiste. Quand mon père est mort, elle a commencé à faire de la peinture et elle s’est jointe à une chorale. Elle n’a jamais essayé de me détourner de mes penchants artistiques. Contrairement à mon père, elle n’a jamais cherché à savoir ce que je lisais. Elle n’était pas effrayée à l’idée que je m’aventure dans des lectures peu recommandables.

Pendant les cinq premières années de ma vie, j’ai passé beaucoup de temps avec elle. Ma sœur Yvonne était à l’école et Clément, qui m’a suivi, est mort dix jours après sa naissance. Quant à Raymond, Gilles et Jocelyne, ils n’étaient pas encore nés. Maman m’amenait partout et me parlait beaucoup. Cela m’a assurément beaucoup stimulé. D’autant qu’elle était très intelligente. Elle était une première de classe qui avait dû abandonner l’école en 8e année pour aller travailler dans une usine de textile.

Comme beaucoup de gens inquiets, Berthe avait un grand sens de l’humour. J’ai vite découvert moi aussi qu’il n’y a pas de meilleur antidote à l’inquiétude. Vive d’esprit, elle avait toujours le mot pour rire. Elle aimait raconter des histoires cocasses en imitant les gens dont elle parlait. C’est ma sœur cadette qui a hérité le plus de ce talent. Elle avait la moquerie facile, un trait dont j’ai hérité. Mais elle n’était jamais méchante, ce qui n’a pas toujours été mon cas.

Elle était très timide avec les gens qu’elle ne connaissait pas, et plus encore s’ils étaient instruits. Je me souviens des obsèques de Marie, une des sœurs de Louise, ma première petite amie. Nous nous sommes retrouvés, ma mère et moi, à la table principale, juste en face d’une tante de Louise qui appartenait à la haute bourgeoisie montréalaise. La tantine avait beau être gentille, ma mère n’a pas dit deux mots. C’était son côté fille de condition modeste. La réussite de notre père n’y avait rien changé. Mais moi, je trouvais qu’elle avait de la classe même si elle n’était pas de la haute. Elle était belle, s’habillait avec goût et avait une élégance naturelle.

Quand je suis entré au séminaire Saint-Joseph, elle a craint que mes études ne nous éloignent. Mais cela ne s’est pas avéré. Contrairement à Camille, Berthe et moi étions sur la même plaque tectonique. Je suis toujours resté proche d’elle.

Ce qui ne veut pas dire que j’étais très présent. Dès l’adolescence, j’ai commencé à trouver que son affection pouvait être envahissante. C’est une des raisons qui m’ont poussé à quitter Trois-Rivières rapidement. J’ai habité Québec, puis Montréal. J’allais la voir une fois par mois. J’arrivais le samedi et repartais le dimanche. Pour elle, c’était toujours trop peu. Je l’appelais rarement ; c’est elle qui le faisait à l’occasion.

Nous parlions aisément. De tout et de rien. Parfois, nous abordions des sujets plus profonds. Je me souviens d’une conversation en particulier. J’avais 24 ans et je venais de vivre une nouvelle rupture douloureuse. Nous avions parlé longuement de ma relation longtemps compliquée avec les femmes.

Ce que j’ai toujours aimé d’elle, c’est qu’elle ne jugeait pas, ou si peu. Elle était bien davantage dans la compréhension. Elle ne cherchait pas non plus à imposer son point de vue. Non par peur de s’affirmer, car, malgré sa timidité, elle avait une forte personnalité. Mais elle laissait ses enfants libres d’être eux-mêmes, fussent-ils excentriques ou immoraux du point de vue de notre parenté. Quand j’ai vécu en concubinage avec Louise, puis avec Hélène, ce qui était rare à l’époque, elle a pris ma défense contre certaines de mes tantes, qui pouvaient se montrer féroces. L’une d’elles lui avait lancé : « Si un de mes fils me faisait ça, je ne lui parlerais plus jamais ! » Mais quand un de ses fils a vécu à son tour « dans le péché », elle lui a loué l’appartement au-dessus de chez elle.

Grâce à ma mère, j’ai pu développer une personnalité indépendante et parfois rebelle.

J’ai beaucoup insisté sur le fait qu’elle m’aimait beaucoup. Je tiens à terminer en disant à quel point cet amour était partagé. Une dizaine de jours avant sa mort, en compagnie de Lise, je suis allé la voir à l’hôpital Saint-Joseph, à Trois-Rivières. Elle savait à ce moment-là qu’elle n’en avait plus pour longtemps et que nous nous retrouvions pour une des dernières fois. Émue, elle m’a dit : « On aura fait un grand bout de chemin ensemble. »

Elle était sur le point d’avoir 87 ans, moi, 55 ans. Elle acceptait de partir, j’acceptais qu’elle ne soit plus là. Ou plutôt, j’acceptais qu’elle ne soit plus là physiquement. Notre grand bout de chemin était terminé. Je ne résistais pas.

J’étais auprès d’elle, avec ma compagne, quand elle a rendu son dernier souffle quelques jours plus tard. Un peu avant, elle nous avait confié : « Moi, je ne crois pas ça qu’on meure juste une fois. » Elle était devenue réincarnationniste. Elle semblait aussi voir ses sœurs mortes avant elle. Ses peurs avaient laissé la place à une belle sérénité.

Le dernier jour, sous l’effet de la morphine, elle a cessé de parler. Ce n’était pas triste du tout. Au contraire, il régnait une grande paix dans la chambre. Nous lui chantions des chansons. Nous lui parlions doucement. Nous lui disions au revoir. Ce fut un très beau moment.

Vingt-trois ans ont passé depuis, mais Berthe reste très présente. Pour toujours sans doute !

Camille et Berthe (1)

bert et cam 1

J’ai ajouté un chapitre à mon autobiographie, Né en 1945. Il porte sur mes parents, Camille et Berthe, dont je n’avais pas vraiment parlé dans la version que j’ai publiée l’an dernier sur ce site ainsi que sur Facebook. Je n’étais sans doute pas prêt à le faire. En voici la première partie. La seconde sera publiée demain. Ce nouveau chapitre a été ajouté au PDF publié sur ce site.

« Je comprenais que, malgré les chagrins,

les erreurs, les échecs et la défaite,

j’avais, grâce à mes parents,

le goût du bonheur, du combat et des victoires. »

– Marc Lavoine

Chaque fois que j’ai parlé de notre père avec mes sœurs ou mes frères, j’ai eu l’impression de ne pas avoir eu le même papa. Eux conservent de Camille un très beau souvenir. Notre paternel, ils l’ont adoré. Encore récemment, mon frère Gilles lui a rendu un bel hommage.

Moi au contraire, pendant longtemps, j’ai rabâché que je ne l’aimais pas. La nouvelle que j’ai publiée dans le livre des étudiants de lettres de 1967 était même très dure à son égard. Il m’a fallu beaucoup de temps pour l’accepter et finalement pour l’aimer. Que s’était-il passé pour que je passe à côté de mon père à ce point ? Pour que je prenne en grippe un homme qui m’aimait et qui a été bon pour moi ?

J’ai eu une partie de la réponse au cours d’une psychothérapie. « Votre mère, m’a dit la psy, n’a pas permis à votre père d’être présent auprès de vous. Elle vous a gardé pour elle seule. »

Comme je l’ai raconté ailleurs, j’étais non seulement son premier fils, j’étais le premier enfant à sortir du ventre de ma mère, ma sœur aînée ayant été adoptée. Dès le début, il s’est créé entre maman et moi un lieu très fort, qui a perduré. J’étais le chouchou. Je ne m’en rendais pas compte. Ce n’est que bien plus tard, après que j’eus quitté la famille, que mes frères et sœurs ont commencé à m’en parler. Chaque fois que j’annonçais ma venue, notre mère, paraît-il, devenait folle de joie à l’idée de revoir son fils adoré. Pour eux, l’affaire était entendue : j’étais son préféré. Ils ne semblaient pas m’en vouloir. Peut-être parce que notre mère n’a jamais été injuste non plus à leur égard.

Son amour n’était pas aussi excessif que celui de la mère de Romain Gary, tel qu’on peut le voir dans La promesse de l’aube. Je n’étais pas fils unique et ma maman n’était pas veuve. Son affection ne la rendait pas aveugle non plus à mon égard. Elle connaissait bien mes limites, voire mes défauts. Mais il est vrai que Berthe m’aimait profondément, qu’elle me pardonnait tout et qu’elle avait foi en moi.

Avec le recul, j’aime à dire qu’entre une mère qui aime trop et une qui n’aime pas assez, je n’hésiterai jamais. Vaut mieux être trop aimé. C’est au fond un immense privilège. J’y ai trouvé une confiance en moi qui m’a suivi tout au long de ma vie.

Dans ces conditions, quelle place pouvait occuper mon père ? Toute petite. Il est devenu le pourvoyeur, rôle dont il s’occupait fort bien. Je n’ai manqué de rien. Il n’a pas hésité à sortir le chéquier pour que je fasse mes études classiques, pourtant chères. Et à l’université, comme je n’avais droit ni aux bourses ni même aux prêts, il a tout payé : les droits de scolarité comme la pension à Québec. Généreusement, sans jamais rechigner. Quand je commençais à manquer d’argent, je le lui disais. Il me faisait aussitôt un nouveau chèque de 500 $, une grosse somme à l’époque. Je ne me souviens pas qu’il m’ait refusé quoi que ce soit. Je n’étais pas pour autant gâté pourri. Mes demandes étaient, je crois, raisonnables. Mais il ne m’a jamais dit non.

Certes, je l’irritais par moment. Il trouvait que ma mère me surprotégeait comme la Joséphine de La pension Velder. Parfois, il disait à Berthe « ton fils-e-que », une expression utilisée dans ce feuilleton par cette mère qui n’en avait que pour son fils. Il me trouvait rêveur, distrait, dans la lune. Cela l’agaçait.

De mon côté, je l’ai longtemps redouté. Ses grosses mains, sa grosse voix, son ton parfois bourru m’impressionnaient et me faisaient peur. Avec lui, j’avais tendance à dissimuler et à mentir. Je n’ai jamais été vraiment capable de l’affronter directement. Malgré tout, j’étais têtu et peu obéissant.

Ailleurs, dans cette autobiographie, je raconterai comment, à l’adolescence, nos deux planètes se sont inexorablement éloignées. Lui, industriel, notable et conformiste, moi, intellectuel, marginal et rebelle, nous n’étions pas faits pour bien nous entendre. Même physiquement, nous étions dissemblables. Lui court et trapu. Moi grand et mince.

À l’université, quand j’ai laissé pousser mes cheveux et ma barbe, je l’ai beaucoup déçu. Attristé aussi, sans doute. Je crois qu’il avait un peu honte de moi. D’autant qu’il ne comprenait pas trop ce que j’étais allé faire en lettres, lui qui aurait aimé avoir un avocat. Mais il n’a pas cherché à m’imposer ses valeurs. Il ne m’a pas accablé non plus, me laissant vivre ma vie.

Cependant, notre relation s’est beaucoup améliorée quand je suis devenu journaliste au Soleil. J’exerçais un métier qui, pour lui, était prestigieux. Il en était fier.

J’ai commencé à me rapprocher de mon père après sa crise cardiaque et, plus encore, après son AVC. J’étais allé le voir à l’hôpital avec mes deux frères, barbus et chevelus comme moi. Aucun de nous n’avait comblé ses attentes. Nous ne lui avions pas succédé à la tête de son entreprise, qu’il avait dû liquider. Nous n’étions pas devenus avocats ou médecins. Mais il nous aimait. Je crois même que, en dépit de tout, il était fier de nous.

Sa crise cardiaque et son AVC l’avaient laissé très diminué. À 65 ans, il était devenu un vieillard, qui marchait avec une canne. Mais il avait accepté cet état avec un stoïcisme qui, encore aujourd’hui, m’impressionne et me remplit d’admiration. Son caractère aussi s’était adouci. Il avait perdu ce côté autoritaire qui, enfant, me terrorisait presque. Il manifestait volontiers son affection et sa tendresse, ce que je n’avais jamais vu à l’époque où je vivais dans sa maison. Il lui arrivait même de se montrer ému et de verser quelques larmes. Il me semble aussi qu’il était devenu plus ouvert, en tout cas, certainement moins fermé que par le passé à mes idées et à celles des autres enfants.

C’est ainsi que j’ai eu la chance de me réconcilier avec lui avant qu’il ne meure à la veille de ses 70 ans.

Maintenant que j’ai largement dépassé cet âge, je me rends compte de tout ce que je lui dois et de tout ce que j’ai appris de lui. Camille, c’était le pilier de la famille. Pas son inspiration ; ça, c’était le rôle de Berthe. Mais sa solidité, son assise.

Demain : Camille et Berthe (2)

La 4e édition du Lexique

Il y a 25 ans, j’ai publié la première édition de mon Lexique aux Éditions La Presse. C’était le fruit de mon travail de conseiller linguistique, d’abord au Soleil, puis à La Presse. La première édition s’appelait Le lexique des difficultés du français dans les médias. C’était bien trop longuet. En tant que supposé spécialiste des titres au journal, j’ai encore un peu honte aujourd’hui de cette interminable formulation. D’autant qu’elle laissait croire que ce guide ne s’adressait qu’aux membres des médias. Or je l’avais rédigé pour toute personne qui, dans le cadre de son travail ou de ses études, avait à écrire ou à parler en public.

Malgré tout, grâce aux chroniques favorables de Lysiane Gagnon et de Pierre Foglia, les 2000 premiers exemplaires se sont rapidement envolés, à tel point qu’il a fallu en rééditer 1000 autres. La deuxième édition de cet ouvrage a été publiée en 2000 et la troisième en 2004. Au total, quelque 10 000 exemplaires ont été écoulés.

J’ai continué à prendre des notes en vue d’une quatrième édition. Mais il est apparu qu’une nouvelle parution n’était pas dans les plans de l’éditeur. De plus, j’avais été recruté pour un blogue sur le tennis, pour le site web de La Presse. Il s’agissait d’une nouvelle affectation, totalement imprévue et très excitante, qui me prenait beaucoup de temps. Je ne m’en plains pas ; elle arrivait à point nommé. Je tenais déjà un autre blogue, celui des Amoureux du français, où j’essuyais fréquemment les critiques des partisans d’un français très québécois. Après avoir été pendant une quinzaine d’années responsable de la qualité du français au journal, je commençais à trouver cette responsabilité lourde à porter. Bref, j’étais à deux doigts et quelques virgules d’un épuisement linguistique et professionnel. Pour ma santé mentale, j’ai quitté le blogue des Amoureux du français, abandonné mon poste de conseiller et renoncé à la quatrième édition du Lexique.

(suite…)

Le lexique de Paul Roux (4e édition)

LEXIQUE

En retour vers le Grand Canyon

Grand Canyon – PDF

En route vers le Grand Canyon 

canyon

Le 5 février 2011, Lise et moi sommes partis pour un voyage de deux mois à bord d’une autocaravane que nous appelions affectueusement La Bête. Le Grand Canyon devait être le point d’orgue de notre voyage. Mais une grande vague de froid a perturbé nos plans. Nous avons bien fini par voir (entrevoir serait peut-être plus juste) ce lieu remarquable et mythique, mais quelques heures seulement, tant le temps était froid et l’endroit glacé.

Ce fut pourtant un périple extraordinaire, un des plus beaux de tous, le plus merveilleux sans doute de notre vie de caravaniers. C’est cette belle aventure que je raconte, sous forme de journal, dans « En route vers le Grand Canyon », un road trip de 68 pages qu’on peut lire en version PDF ci-dessous.  Il n’est pas destiné aux seuls adeptes du caravaning. On y trouve des infos, bien sûr, mais surtout de l’humour, du vécu, des impressions, des états d’âme. On y découvre que deux néophytes, presque nuls en mécanique et pas particulièrement bien organisés, peuvent se lancer dans un grand périple, à l’intérieur d’une boîte de sept mètres, et en ressortir vivants, comblés et heureux.

Au terme d’une longue pandémie qui nous a forcés à rester à la maison, j’ai eu envie de faire revivre ce voyage. Suivez-nous si le cœur vous en dit.

Grand Canyon – PDF