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Archives de décembre, 2023

Bye, bye 2023 !

feu

Propulsé par le réchauffement climatique, le feu a frappé un peu partout sur la planète.

Une nouvelle année se termine. Sur le plan physique, 2023 avait mal commencé pour moi. Pour la première fois depuis l’automne 2010, j’éprouvais des problèmes d’arythmie. Le 15 janvier, jour de mon anniversaire, j’ai même dû m’excuser auprès de mes invités pour aller m’étendre. Je me sentais étourdi et mon cœur battait la chamade.

Mon cardiologue a rapidement ajusté ma médication. Mais le plus grand changement est venu de ma décision de réduire ma consommation de vin de façon draconienne. Je suis passé de deux verres par jour à deux verres par… mois. L’effet ne s’est pas fait attendre. Mon cœur a aussitôt repris un beau rythme sinusal.

Pour le reste, j’ai plutôt bien porté mes 78 ans, bien que j’aie fait une vilaine chute. Je marchais, comme chaque jour, lorsque mon pied a buté sur une saillie du trottoir. Tout s’est passé très vite. J’ai senti que je perdais l’équilibre. Une seconde plus tard, j’étais face contre ciment, surpris et secoué. Je saignais du nez, ma chemise était tachée, mes mains, qui avaient amoindri ma débarque, étaient écorchées. Je n’avais heureusement rien de cassé.

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Mes meilleures séries de 2023

série 1a

This is Us ****1/2

D’abord diffusée sur NBC de 2016 à 2022 et maintenant offerte par Netflix, This is Us est ma série de l’année. Ma compagne et moi avons avalé les 106 épisodes de cette brillante production américaine en moins d’un mois, à raison de trois, quatre, voire cinq épisodes par soir. Sur six saisons, il y a bien çà et là quelques longueurs et quelques redites. Mais au total si peu. This is Us vient s’ajouter à ma liste des grandes séries.

Ce feuilleton raconte la vie de deux frères et d’une sœur, Kevin, Randall et Kate, nés le même jour et surnommés le « Big Three » par leurs parents, Jack et Rebecca Pearson, dont on suit aussi la trajectoire. Le récit n’est pas linéaire. Au contraire, on retourne constamment dans le passé des enfants, pendant leurs premiers mois, puis à cinq, à dix ou à seize ans. Parfois même, on nous dévoile des brides du futur.

Les histoires racontées ne sont pas simples, encore moins simplistes. Les affrontements sont fréquents, parfois même durs, tant dans la fratrie que dans les couples. On s’aime certes, mais on s’affronte, voire on se sépare. Les difficultés de la vie ne sont pas escamotées, bien au contraire. Au final toutefois, c’est toujours l’amour du clan Pearson qui sort gagnant.

La candidate ****1/2

Changement total de registre avec cette excellente comédie québécoise sur une députée novice. Cette belle réussite s’appuie d’abord sur le solide scénario d’Isabelle Langlois, qui s’est inspirée du parcours inusité de Ruth Ellen Brosseau. Cette candidate-poteau avait tellement peu de chances d’être élue qu’elle n’avait jamais fait campagne. Mais surprise : en 2011, cette gérante de bar à Ottawa, qui parlait peu français, avait enlevé la circonscription de Berthier-Maskinongé.

« La candidate » ne raconte pas exactement son histoire. Mais Isabelle Langlois s’est servie de ce scénario inusité pour créer un personnage de candidate dont on voulait seulement « la belle face sur les pancartes », mais qui se retrouve, contre toute attente et malgré elle, à l’Assemblée nationale. La minisérie raconte les péripéties rocambolesques de la première année de son mandat.

L’autre ingrédient fort de cette minisérie, c’est son actrice principale, Catherine Chabot. Dans « La candidate », elle est éblouissante. Difficile de ne pas tomber sous le charme, d’autant qu’elle donne le la à une distribution remarquable.

série3Sans rendez-vous ****1/2

Autre comédie québécoise désopilante, Sans rendez-vous, dont la troisième saison est à mon avis la meilleure. Elle est si drôle, si loufoque, si audacieuse, si déjantée que nous en avons télévoré ses dix épisodes en une seule soirée. Cela fait tellement de bien de rire autant.

Magalie Lépine Blondeau, que je n’avais pas beaucoup aimée dans Simple comme Sylvain, est ici éblouissante en infirmière-sexologue lesbienne. Cela dit, toute la distribution est remarquable. Et les textes de Marie-Andrée Labbé (qui avait aussi écrit 39 épisodes de Trop, une autre excellente série) sont géniaux.

Tour de France ****1/2

Grand passionné de tennis, j’ai beaucoup aimé les dix épisodes de Balle de bris. En revanche, j’ai hésité à me lancer dans Tour de France, Au cœur du peloton, car j’ai cessé de suivre le vélo depuis que Pierre Foglia, qui en parlait si bien, a pris sa retraite de La Presse. Mais j’aurais eu tort de louper cette série, car, pour être honnête, je l’ai trouvée encore plus captivante.

C’est sans doute parce que les courses de vélo engendrent des péripéties plus spectaculaires. Bien entendu, le choix des séquences retenues, le montage haletant, la trame sonore intense y sont pour beaucoup. Les contre-la-montre, les courses sur pavés bosselés ou sous la pluie, les échappées, les poursuites, les sprints, les étapes de montagne, tout cela fait de la bien bonne télé.

série 2aUne famille presque normale ****1/2

Décembre nous a apporté cette belle surprise venue de Suède : Une famille presque normale. Dès le premier épisode, la tension est palpable. Stella, fille unique d’Adam et d’Ulrica, est accusée de meurtre et jetée en prison. Cette jeune fille de bonne famille est-elle coupable ? Il faudra six épisodes pour démêler ce qui s’est vraiment passé. Le récit est intense et les acteurs sont tous excellents.

Enfin, voici six autres séries qui m’ont passionné cette année :

L’oeil du cyclone ****1/2 La nouvelle mouture de cette série qui met en vedette Christine Beaulieu est toujours aussi drôle.

The White Lotus ****1/2 La deuxième saison, qui se passe dans un hôtel de Sicile, est encore plus palpitante que la première dans un hôtel d’Hawaï.

Fragments **** Très bonne série québécoise sur des amis qui se retrouvent après 30 ans. Encore un solide scénario de Serge Boucher.

100a100 ans de plénitude **** Excellente série sur ces zones bleues où l’on rencontre plus que partout ailleurs des nonagénaires et des centenaires aux cheveux gris qui voient la vie en rose.

Pa t’mentir **** La deuxième saison de cette série sur les Afro-descendants québécois est aussi passionnante que la première. À chaque épisode, on « se couche moins niaiseux ».

La défense Lincoln **** C’est une série judiciaire assez classique. Mais on ne boudera pas son plaisir, d’autant que la deuxième saison est palpitante.

Mes meilleurs films de 2023

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Anatomie d’une chute ****1/2

Un homme est retrouvé mort au pied de son chalet. Meurtre ou suicide ? Le procureur opte pour la première hypothèse. Commence un long procès où l’épouse se retrouve au banc des accusés et au cours duquel on en apprend beaucoup sur le couple avant de découvrir la vérité. Pas surprenant, car il s’agit autant de la chute d’un couple que de la chute d’un homme.

Le scénario est brillant et l’interprétation est exceptionnelle. Anatomie d’une chute a obtenu la Palme d’Or au Festival de Cannes 2023. Cette palme-là est bien méritée. Le film de Justine Triet est le meilleur que j’aie vu cette année.

Richelieu ****

Quand le générique a commencé à défiler, j’étais au bord des larmes, le cœur gros, incapable de me relever tout de suite. Le film de Pier-Philippe Chevigny est une œuvre très forte. Après avoir vu la bande-annonce, je craignais pourtant une œuvre un peu manichéenne, où un méchant patron exploite sans vergogne de pauvres travailleurs guatémaltèques. Il n’en est rien. Ce n’est pas un gestionnaire impitoyable que Richelieu dénonce. C’est un système où le profit repose sur l’exploitation de la main-d’œuvre.

La réussite du film repose sur un scénario solide. Le cinéaste a d’abord parcouru le Guatemala en compagnie d’Ariane Castellanos, son interprète principale, qui lui a servi d’interprète ! L’actrice, elle-même d’origine guatémaltèque par son père, est remarquable dans le rôle de cette traductrice chargée de transmettre aux Guatémaltèques les ordres de la direction. Son vis-à-vis, Marc-André Grondin, joue avec justesse un gestionnaire à la fois imposant et fragile. Quant aux acteurs hispanophones, ils sont tous excellents, notamment Nelson Coronado dans le rôle difficile de Manuel.

Richelieu est réalisé avec une maturité rare et surprenante pour un premier long métrage. J’ai déjà hâte de découvrir le prochain opus de Chevigny.

film2Testament ****

J’ai toujours aimé l’humour corrosif de Denis Arcand, car il fait des trous dans nos certitudes et nos croyances. Avec l’âge, l’ironie du réalisateur de 82 ans est devenue encore plus décapante. Ses œuvres ressemblent de plus en plus à des comédies à l’italienne, où l’auteur s’amuse, non sans malice, des travers de notre société.

Ici comme en France, une bonne partie de la critique s’est plu à éreinter le dernier opus d’Arcand. C’est son droit. En revanche, des deux côtés de l’Atlantique, une bonne partie du public a adoré cette satire de la société actuelle qui n’épargne personne : jeunes wokes, bien sûr, mais aussi vieux nationalistes, médias et politiques. Bien sûr, le trait est parfois lourd, souvent moqueur et toujours dur. Mais il n’est jamais loin de la vérité.

Bref, Testament, c’est du Arcand pétillant et jouissif. J’espère que ce n’est ni son testament ni son dernier film.

Ru ****

Souvent, je suis déçu par les longs métrages tirés d’un livre. Ce n’est pas le cas ici, peut-être parce que le film est très différent de l’œuvre de Kim Thuy. Non pas que les scénaristes aient modifié les faits. L’histoire racontée est pour l’essentiel la même : c’est celle d’une famille vietnamienne riche qui a dû fuir Saïgon en catastrophe et qui est venue refaire sa vie dans une petite ville du Québec après un passage atroce et dangereux dans un camp de réfugiés.

Mais le réalisateur Charles-Olivier Michaud et son scénariste Jacques Davidts ont tiré de ce récit autobiographique un film qui s’est affranchi du livre. Ils ont réussi l’adaptation d’une œuvre qu’on disait inadaptable en y restant fidèle, mais sans en demeurer prisonniers. C’est un exploit rare.

De tous les acteurs de ce film choral, je retiens notamment Chantal Thuy, remarquable dans son rôle de mère qui passe de grande bourgeoise à petite ouvrière.

Le temps d’un été ****

Le plus grand succès québécois de l’été est bien mérité. Bien sûr, il ne manque pas de gens qui, à l’instar de Gide, estiment qu’on ne fait ni de la bonne littérature ni de bon cinéma avec de bons sentiments. Et pourtant, c’est possible. Le temps d’un été fait partie de ces films que les Américains qualifient de « feel good movie ». On en ressort la larme à l’œil, mais le cœur léger.

On s’attache vite à cette bande bigarrée de laissés-pour-compte qu’amènent en vacances dans le Bas-du-Fleuve un curé idéaliste et une religieuse débrouillarde. Les obstacles sont nombreux et les tensions sont souvent vives, autant entre les sans-abri qu’avec les résidents du village, mais tout finit par s’arranger, conformément aux conventions immuables de la comédie dramatique. Laissons-nous emporter, cela fait du bien.

Le scénario de Marie Vien est solide, la réalisation de Louise Archambault, brillante et le jeu des comédiens, exceptionnel.

Barbie ****

Je n’ai pas résisté à la tentation d’aller voir Barbie. Par curiosité, bien sûr. Pour Margot Robbie aussi, car j’imaginais difficilement une autre actrice pour donner vie à l’écran à la poupée mythique. Et je n’ai été déçu ni par Barbie ni par Margot.

Les gens qui voient dans ce film de Greta Gerwig un manifeste féministe ont bien raison. Il ne faut pas s’étonner que les conservateurs américains lui aient déclaré la guerre tant le machisme et le patriarcat en prennent pour leur rhume. Mais tout cela n’a rien de didactique, de militant ou d’artificiel. Au contraire, ce Barbie est une comédie intello, pleine d’humour, de fantaisie, d’inventivité et de créativité. C’est drôle, marrant, ludique, enlevant, excentrique. Une mention spéciale à Ryan Gosling, qui a créé un bijou de Ken.

Pour finir, quels films regardés sur les plateformes.

Un triomphe ****1/2

Ce film français attachant et touchant raconte la mise en scène de En attendant Godot par un groupe de prisonniers. Dans le rôle du comédien-professeur, Kad Merard est inoubliable. (Ici.Tou.TV)

film5Le monde après nous ****

Cette œuvre audacieuse de Sam Esmail ne fait pas l’unanimité, tant s’en faut. Mais je suis de ceux qui ont beaucoup aimé cette fable apocalyptique sur le monde qui pourrait survenir après nous. Ce film dérangeant nous fait ressentir la peur que nous avons éprouvée au cours d’une année où l’invasion de la bande de Gaza s’est ajoutée à la guerre en Ukraine, et où les forêts ont flambé au cours de l’été le plus chaud de l’histoire de l’humanité.  (Netflix)

La vraie famille ****

Dans ce film de Fabien Gorgeart, Diane élève Simon, que l’Assistance sociale lui a confié, comme son propre enfant. Quand le père biologique veut le reprendre, quelques années plus tard, toute la famille est bouleversée. À mon avis, Mélanie Thierry trouve dans cette œuvre émouvante son plus grand rôle. (Ici.Tou.TV)

100 ans de plénitude

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On peut voir sur Netflix une série documentaire très inspirante intitulée 100 ans de plénitude – Les secrets des zones bleues. On y suit pendant quatre épisodes Dan Buettner, un explorateur américain qui a parcouru le monde pour faire connaître ces zones bleues où l’on rencontre plus que partout ailleurs des nonagénaires et des centenaires aux cheveux gris qui voient la vie en rose. Non seulement y vit-on plus vieux, mais les vieux y sont souvent en forme, joyeux et sereins. Qui plus est, ils ont gardé toute leur tête. La démence, chez eux, connaît pas !

Ce documentaire est un pied de nez à l’opinion fort répandue selon laquelle la vieillesse, qu’on associe volontiers à la dégénérescence et à la sénilité, est un naufrage. Elle peut l’être, bien sûr, car cette période de la vie n’est pas sans embûches, sans écueils et sans risques. Mais elle peut aussi se transformer en privilège, le grand âge nous faisant le cadeau d’années bonus.

100 ans de plénitude m’a donné envie de vivre plus longtemps encore. Jusqu’ici, j’avais le sentiment que ma date de péremption était de 90 ans. Après, me disais-je, la vie ne doit plus présenter beaucoup d’intérêt. Mais quand je vois tous ces vieillards qui, passé 90 ans, mènent encore une existence heureuse et active, entourés des leurs, je me dis : pourquoi pas moi !

(suite…)