Quarantaine : jour 6
Le plus difficile depuis deux jours, c’était moins le confinement que l’absence de lumière, en raison de la pluie et des nuages. Comme je l’ai déjà dit, nous avons un bel appartement, mais qui donne sur cour. Nous l’avions choisi pour la tranquillité, mais depuis le début, la vue et l’ensoleillement nous manquent. Et encore davantage en quarantaine.
On compte plus d’une centaine d’appartements sur la cour intérieure. On sent davantage la présence de nos voisins en ce moment. Habituellement le jour, ils vont travailler à l’extérieur pour payer hypothèques ou loyers, laissant seuls les rares retraités de l’immeuble. Mais le confinement décrété par le gouvernement en a contraint plus d’un au télétravail quand il ne les a pas réduits au chômage. Aussi les voit-on davantage, en particulier les fumeurs des balcons.
Cependant, on les connaît trop peu pour sentir une présence chaleureuse. Même lorsqu’ils sortent sur leur balcon, les gens ne se saluent pas. On ne voit pas non plus, comme en Espagne, en France ou en Italie, les gens venir à la fenêtre à 20 h, pour applaudir, siffler ou chanter. Ce serait sympa pourtant.
Quand nous sommes revenus chez nous il y a une semaine, Lise était si contente qu’elle trouvait que notre appart était « le plus beau du monde ». Mais sept jours plus tard, on comprend pourquoi on a choisi de le vendre pour aller s’installer au 8e étage du complexe Humaniti, avec vue sur la place Riopelle.
Néanmoins, cette proximité avec nos voisins a quelque chose de rassurant, surtout le soir quand les fenêtres sont éclairées. Nous ne sommes pas seuls.