Combien y a-t-il de haltes routières sur la 40 entre Trois-Rivières et Québec ? Si vous avez répondu zéro, vous gagnez un mauvais café à la prochaine halte où vous vous arrêterez. Il nous a donc fallu sortir de l’autoroute pour manger les bons sandwichs que Lise nous avait préparés, justement pour ne pas avoir à quitter la route.
Une fois sur la 20 en direction de Rivière-du-Loup, les choses s’améliorent un peu. Il y a trois haltes après Québec. Mais une est fermée en raison de travaux qui risquent de s’éterniser et l’autre est située à deux pas de Rivière-du-Loup. Il est donc préférable de ne pas boire trop de thé vert ou toute autre boisson qui fait faire pipi.
À partir de la vallée de la Matapédia, en revanche, les haltes sont nombreuses, les municipalités ayant pris la relève de notre gouvernement radin. Rien à voir, bien sûr, avec les grandes haltes de l’Ontario, avec station-service, casse-croûte et grandes toilettes. Mais au moins, il y a des tables à pique-nique, des arbres, parfois un beau cours d’eau et à l’occasion, quand les budgets le permettent, des toilettes qui ne sentent pas mauvais.
Heureusement, les paysages sont beaux et les gens sont si gentils. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les Français, nombreux à venir chez nous, qui n’arrêtent pas de répéter combien nous sommes fins. Au début, je trouvais qu’ils beurraient un peu épais. Mais au cours de ce voyage, j’ai essayé de nous voir à travers les yeux des Cousins, et je dois admettre qu’ils ont parfaitement raison. Partout où l’on passe, les gens sont extraordinairement accueillants. Même quand vous leur dites que vous venez de Montréal, ils ne se départissent pas de leur sourire. C’est vous dire.
Le destin
Quand nous avons pris la route, l’attentat de Barcelone venait de se produire. Je me suis dit qu’à Chandler, notre destination, on ne risquait pas d’être percuté par une camionnette-bélier qui zigzague en essayant d’envoyer en enfer le plus grand nombre d’impies. Tout au plus faudrait-il se méfier des camionnettes conduites par des jeunes à casquette, épris de vitesse et chargés de testostérone. Mais le risque, il faut bien le dire, reste minime.
N’empêche que même en Gaspésie, le destin peut frapper. En regardant les nouvelles mercredi, j’ai appris qu’un touriste français se rendant aux chutes à Picot, près de Matapédia, avait reçu une balle en pleine tête. La police détient un suspect. Imaginez le drame que la compagne de l’homme tué a vécu. On l’imagine marchant joyeusement dans les bois vers de jolies chutes par une splendide journée d’été. Puis soudain, une détonation, son amoureux s’écroule, le sang jaillit de sa tête. L’horreur absolue !
Elle est parfois bizarre, la vie.