Cinéma : bons et mauvais prix
En France, le César du meilleur film a été attribué à Fatima. J’ai aimé ce film sur une femme d’origine magrébine qui fait des ménages pour payer les études de ses filles. Mais je n’arrive pas à comprendre qu’on ait pu le préférer à Dheepan (ci-contre). Cette œuvre de Jacques Audiard, un cinéaste que j’aime beaucoup, porte elle aussi sur les problèmes d’intégration d’immigrants. Mais le premier est un petit film sympa, sans grande originalité, qui ressemble à un film tourné pour la télévision. Le second est une œuvre forte, un grand film.
Certains ont accusé l’Académie des arts du cinéma d’avoir fait un choix politique en couronnant Fatima. On peut penser, en effet, que le milieu du cinéma, réputé progressiste, a vu d’un bon œil ce film qui présente une image positive du milieu arabe, à l’heure des attentats terroristes et de la montée du Front national. En revanche, la cause des Sri Lankais, dont il est question dans le film d’Audiard, est presque tombée dans l’oubli. De plus, Dheepan est violent. Il ne flatte pas les bons sentiments, dresse un tableau sombre des quartiers sensibles et met en relief l’échec de l’intégration à la française.
Cela dit, je ne veux pas faire un procès d’intention aux membres de l’Académie. Allez savoir ce qui les a motivés. Peut-être ont-ils été profondément touchés par Fatima. Peut-il ont-ils sincèrement préféré le film de Philippe Faucon. Peut-être ont-ils estimé que celui d’Audiard, Palme d’or au dernier Festival de Cannes, avait-il déjà été suffisamment récompensé. Reste que le second est bien meilleur que le premier.