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Archives de la catégorie ‘Vieillesse’

Cinq heures aux urgences

Le titre vous fait peut-être penser à une nouvelle histoire d’horreur, mais ce n’en est pas une, bien au contraire. Tout a commencé vers 11 h samedi quand j’ai reçu un coup de fil. C’était une inconnue qui m’annonçait que ma compagne venait de faire une vilaine chute en allant courir le long du sentier de la Pointe-Sud. Dans ma tête, j’ai entendu les premières mesures, jouées fortissimo, de la 5e Symphonie de Beethoven.

La dame du téléphone et les siens ont ramené Lise à la maison. Il y a de bien bons samaritains à L’Île-des-Soeurs ! Mon amoureuse était visiblement amochée. Ses vêtements étaient pleins de terre et elle tenait péniblement son bras droit. Il n’était pas nécessaire d’être médecin pour deviner que l’épaule droite était disloquée. Encore moins pour voir que Lise souffrait. Je la connais bien : elle est dure au mal. Mais là, ses limites étaient dépassées. Elle n’en menait pas large. Moi non plus d’ailleurs.

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L’indice de qualité de vie

Paul et Lise en arrivant à Yosemite.

Lise et moi à notre arrivée à Yosemite.

Dans ses chroniques sur la vieillesse, Patrick Lagacé se préoccupe beaucoup de l’espérance de vie en santé, estimée à 68,9 ans. Mais le chroniqueur reconnaît que le chiffre dépend de la façon de calculer. La méthodologie n’est en effet pas sans importance. Elle soulève la question : qu’est-ce que la santé ? Et ce n’est pas si simple d’y répondre.

Ainsi, je suis suivi par un cardiologue pour cause d’arythmie, mais mon problème est maîtrisé. Je dois aussi voir une ophtalmologiste parce que la pression des yeux a tendance à être trop élevée. Mais je n’ai pas développé de glaucome et ma situation n’est pas préoccupante. Alors, suis-je en bonne santé ? Il me semble que oui. Mais des spécialistes diraient peut-être le contraire. Ce dont je suis certain, en revanche, c’est que ma qualité de vie reste bonne.

Selon ma compagne, le plus important n’est pas l’espérance de vie, ni même l’espérance de vie en santé, mais l’indice de qualité de vie. Comme la plupart des gens de mon âge, j’ai des bobos. Mais aucun ne peut m’empêche de mener une vie de retraité heureux.

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La vie commence à 69 ans

Paul et Lise au parc Fanning Springs.

Lise et moi dans les sources chaudes du parc Fanning Springs.

Patrick Lagacé vient de signer une chronique où il répète qu’il se verrait « bien mourir à 69 ans… pour éviter les naufrages de la vieillesse ». Selon le chroniqueur de La Presse, 68,9 ans, « c’est à peu près l’espérance de vie en santé pour un homme dans ce pays ».

Sa première chronique sur le sujet avait provoqué la colère de « lecteurs approchant de cet âge – ou l’ayant dépassé – et qui se disaient en pleine forme ». La nouvelle mouture risque de provoquer du mécontentement aussi, même si elle est moins affirmative. En apprenant que l’auteur « multiplie le cardio et double ses portions de légumes et de fruits », on se dit que, peut-être, il commence à douter de sa résolution.

Pour ma part, je ne veux pas critiquer Patrick, ne serait-ce que parce que je l’aime bien. Il n’est d’ailleurs pas le seul, après le général de Gaulle, à voir la vieillesse comme un naufrage. Les écrivains ne sont pas tendres eux non plus à l’égard du grand âge. Didier Van Cauwelaert le voit comme « un lent travail de rouille en cale sèche » et Abel Castel, comme « une inondation ». Pour Philip Roth, « ce n’est pas une bataille, c’est un massacre » et pour Éric Marchal, c’est « la seule guerre perdue d’avance ». Rien pour vous donner l’envie de vivre jusqu’à 100 ans.

Je peux très bien comprendre qu’un journaliste-vedette de 52 ans, au sommet de sa carrière, craigne le vieillissement et ses misères. Je viens quant à moi d’avoir 79 ans. Il y a 10 ans, le jour même des 69 ans fatidiques, je me suis baigné à Fanning Springs, au cœur de janvier, dans les eaux chaudes du parc. Avant d’aller souffler mes 69 bougies autour d’une bouteille de Pouilly-Fuissé avec mon amoureuse et un couple d’amis.

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Eh oui ! 79 ans déjà !

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Je soufflerai en ce lundi mes 79 bougies. Façon de parler, bien sûr, car il n’y a pas de gâteau assez grand pour en contenir autant. Et il me paraît peu probable que mon souffle parviendrait encore à toutes les éteindre.

Quelques petits malins de mon entourage se sont fait un plaisir de me souligner que j’entreprendrai du coup ma 80e année. La chose est incontestable. Cela dit, pour fêter mon entrée dans le quatrième âge, j’attendrai à l’an prochain, si vous le voulez bien. Non que cette arrivée dans le grand âge me fasse peur ; je serai prêt. Mais laissez-moi encore un an parmi les septuagénaires, le temps de boucler une décennie que j’ai beaucoup aimée. Ce fut même la plus belle de toute ma vie.

Bien sûr, comme je l’ai souligné dans mon bilan de fin d’année, j’ai trouvé l’actualité bien lourde en 2023, avec ses guerres sanglantes et une accélération du dérèglement climatique. À tel point que je me suis parfois senti coupable d’être à ce point heureux. Les nouvelles étaient si mauvaises !

Malheureusement, je ne m’attends pas à ce qu’elles soient bien meilleures en 2024. Ma boule de cristal ne voit pas toujours pas de fin à la guerre en Ukraine et le siège de la bande de Gaza risque d’être encore bien long. En revanche, la boule laisse voir très clairement feux de forêt, canicules, inondations, ouragans, sécheresses, tornades et typhons. Dans ces conditions, l’optimisme m’apparaît comme un déni de la réalité, comme un jovialisme qui nous aveugle. Tout compte fait, je préfère le « gai désespoir » du philosophe André Comte-Sponville, qui nous invite non pas à espérer, mais à agir.

Pour ma part, j’aspire cette année à retrouver plus de légèreté. Grâce à l’humour, bien sûr. Grâce à l’amour, assurément. Grâce à la méditation, évidemment, Grâce à la musique aussi.

J’écoutais récemment l’Adagio du concerto pour clarinette de Mozart. Wolfang, dont c’était le dernier opus, nous amène haut, très haut. J’ai l’impression de me retrouver dans l’œil du puissant télescope James Webb, qui nous a révélé un univers de 13 milliards d’années. Notre Terre paraît soudain si minuscule. Ce n’est qu’une petite planète qui tourne autour d’une étoile comme il en existe entre 200 et 400 milliards, juste dans notre galaxie. Or des galaxies, on en compte au moins 2000 milliards, et ce recensement date de Hubble, avant Webb. Bref, l’univers est tellement grand que j’en ai le tournis. Trop grand en fait pour que je puisse, avec ma petite tête d’homme, en saisir l’immensité.

Le catholicisme de mon enfance nous mettait au centre de l’univers. Les images de Webb rendent cet « astrocentrisme » ridicule. Nous sommes plutôt des poussières d’étoiles, comme le disait si bien le grand Hubert Reeves, mort l’an dernier. Des poussières d’étoiles filantes, auraient ajouté les Cowboys Fringants.

Ces poussières, il me plaît de les imaginer légères, si légères. Et tellement lumineuses !

45 ans d’amour !

lise et paul 1

En janvier, Lise et moi fêtons plusieurs anniversaires. Celui de Lise, dès le premier. Le mien, le 15. Et le 12, celui de notre rencontre. En fait, nous nous sommes connus le 6 janvier 1979, dans un groupe sur les énergies subtiles, où nous avons fait de nombreux exercices ensemble. Nous nous étions tout de suite plu. Mais Lise était mariée et mère de deux enfants. À la fin du stage, je l’ai vue disparaître dans une tempête hivernale. Je ne pensais pas la revoir un jour.

Lise et Paul 1990Puis surprise ! Dès le vendredi suivant, je reçois un coup de fil. C’était Lise. Elle avait réussi à obtenir mon numéro. Il était tôt. Enfin, tôt pour moi. Elle ignorait que je me couchais au petit matin. Elle s’est tout de suite rendu compte qu’elle venait de me réveiller. « Préfères-tu que je te rappelle ? » m’a-t-elle demandé d’une voix hésitante. « Non, non ! » ai-je aussitôt répondu, craignant qu’elle ne me rappelle jamais. Nous avons convenu de dîner ensemble. Quand je suis allé la prendre à son travail, il y avait au moins un pied de neige sur le toit de mon auto, que je n’avais pas pris la peine de déneiger.

Nous avons passé tout l’après-midi ensemble. Avant de partir, elle m’a demandé s’il y avait une « petite place » pour elle dans ma vie. J’ai dit oui. Rapidement, la petite place est devenue grande. Quarante-cinq ans plus tard, elle l’est toujours. Prochain cap : cinquante. Et soixante ? Pourquoi pas ! Quand on est heureux, le temps passe si vite !

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lise et paul 3

Quarante-cinq ans ! Une rencontre qui a bouleversé ma vie et celle de mon mari du moment (Jacques) et nos deux jeunes enfants (Antoine et Étienne). Je dis toujours que l’arrivée de Paul dans ma vie fut un tsunami. Un tourbillon de changement fait de peur, d’espoir, de confiance, d’audace, de liberté, de force, de vulnérabilité… dans ce « oui, je me choisis ». Toute cette puissance intérieure pour transformer cette réponse positive en tenant compte des peines infligées à mon entourage. Je suis fière de dire que Jacques et moi avons réussi, avec le temps, à vivre notre séparation dans un respect de soi et de l’autre. Nous avons été assez adultes pour éviter les pièges de la haine et des accusations. Nos enfants ont navigué dans ce tourbillon avec le plus de sécurité possible. Ils se savaient aimés.

lise et paul -egoportraitMa vie avec Paul fut une broderie de mille émotions et transformations. Quarante-cinq ans d’une route amoureuse… il y en a des couleurs dans cette vie du « je » et de « nous ». Quarante-cinq ans plus tard, moi qui ai osé lui demander une petite place, je vis en toute légèreté et liberté cet amour que nous avons su nourrir et préserver. Je suis toujours amoureuse ! J’aime ma vie à ses côtés ! J’aime prendre soin de moi et qu’il prenne soin de lui ! J’aime nos espaces personnels ! J’aime nos espaces à nous !

La petite place demandée s’est agrandie en symbiose avec le cœur qui s’agrandit continuellement et inconditionnellement. Je suis aimée ! J’aime !

Je suis enchantée de vieillir avec Paul, mon vieux complice, mon amour et mon ami.

lise et paul - arche 2014

Bye, bye 2023 !

feu

Propulsé par le réchauffement climatique, le feu a frappé un peu partout sur la planète.

Une nouvelle année se termine. Sur le plan physique, 2023 avait mal commencé pour moi. Pour la première fois depuis l’automne 2010, j’éprouvais des problèmes d’arythmie. Le 15 janvier, jour de mon anniversaire, j’ai même dû m’excuser auprès de mes invités pour aller m’étendre. Je me sentais étourdi et mon cœur battait la chamade.

Mon cardiologue a rapidement ajusté ma médication. Mais le plus grand changement est venu de ma décision de réduire ma consommation de vin de façon draconienne. Je suis passé de deux verres par jour à deux verres par… mois. L’effet ne s’est pas fait attendre. Mon cœur a aussitôt repris un beau rythme sinusal.

Pour le reste, j’ai plutôt bien porté mes 78 ans, bien que j’aie fait une vilaine chute. Je marchais, comme chaque jour, lorsque mon pied a buté sur une saillie du trottoir. Tout s’est passé très vite. J’ai senti que je perdais l’équilibre. Une seconde plus tard, j’étais face contre ciment, surpris et secoué. Je saignais du nez, ma chemise était tachée, mes mains, qui avaient amoindri ma débarque, étaient écorchées. Je n’avais heureusement rien de cassé.

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Un an de bonheur à L’Île-des-Sœurs

île

D’ici quelques jours, nous fêterons notre premier anniversaire à L’Île-des-Sœurs. Nous ne regrettons pas notre choix, bien au contraire, tant ce fut une année de pur bonheur. S’il y a un regret, c’est de ne pas nous y être installés plus tôt. Nous aurions dû choisir l’île quand nous avons vendu notre condo de Griffintown, au lieu d’aller crécher entre le Palais des Congrès et la Caisse de dépôt et placement.

En 2014, quand nous avons séjourné quelques mois dans la vallée de l’Okanagan, nous avons souvent rencontré des gens qui nous disaient vivre au paradis. Nous, c’est dans cette petite île, à deux pas du centre-ville de Montréal, que nous avons trouvé notre coin de paradis. Nous ne sommes pas les seuls à adorer y vivre. Juste dans notre immeuble, nous avons croisé plein de gens qui se trouvent chanceux d’habiter à L’Île-des-Sœurs.

Cependant, nous avons aussi entendu des insulaires, notamment sur le Forum de L’Île-des-Sœurs, se plaindre de ce que l’île est devenue. En 1990, quand nous sommes venus y visiter quelques copropriétés, avant d’opter finalement pour le Plateau, il est vrai qu’il y avait moins de tours.

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