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Archives de mars, 2024

Six séries québécoises : du lourd et du léger

Vous cherchez une bonne série québécoise. Ce ne sont pas les titres qui manquent. En voici six :

série 1

À cœur battant ****1/2 (Tou.Tv.Extra)

Commençons par la meilleure de toutes. On peut en voir une saison et demie sur l’Extra de Tou.Tv. Avant même d’en connaître le dénouement cet automne, on peut d’ores et déjà affirmer que c’est de la grande télé.

Eh oui, c’est dur ! La violence conjugale est une thématique lourde, qui effraie bien des gens. Moi-même, j’ai hésité avant d’y plonger. Mais tout ce que j’aurais manqué ! Cette série est à la fois forte et intense, mais nuancée. Les deux personnages principaux s’entendent pour lutter contre la violence familiale. Mais ils s’opposent souvent, tant leurs visions sont inconciliables. Gabrielle Laflamme (remarquable Ève Landry) est une procureure de la Couronne qui cherche à obtenir les condamnations les plus sévères pour les hommes violents. Christophe Lallier (Roy Dupuis, non moins remarquable) cherche au contraire leur rédemption.

J’attends déjà impatiemment la grande finale cet automne.

Doute raisonnable **** (Tou.Tv.Extra)

Avec Doute raisonnable, nous avons droit à du grand polar. Cette série, qui en est à sa troisième année et qui heureusement va se poursuivre, mérite une place parmi les classiques du genre. Tout tourne autour d’Alice Martin Sommer (brillamment interprétée par Julie Perreault), une policière qui a fait des études en déviances sexuelles. On ne sera donc pas surpris que toutes les intrigues soient construites autour de dépravations, de perversions ou de vices. Il est beaucoup question aussi de la violence faite aux femmes.

Élément important : il y a dans la personnalité de l’enquêteuse un côté trouble dont je ne vous dirai rien, mais qui rend le personnage particulièrement complexe.

Alice forme avec Frédéric Masson (Marc-André Grondin) un tandem qui fonctionne très bien. Dans la petite équipe qui les entoure, chacun joue bien sa partition.

Au secours de Béatrice ****  (Netflix)

série 3J’avais complètement raté cette série touchante et lumineuse, diffusée sur TVA de 2014 à 2018. À cette époque, j’étais la plupart du temps sur les routes d’Amérique à bord de notre autocaravane. Mais voilà que Netflix vient d’en faire l’acquisition, ce qui lui assure une deuxième vie. C’est d’autant plus sympa qu’Au secours de Béatrice a bien vieilli. À voir donc, ou à revoir.

On y suit pendant quatre années, toutes excellentes, Béatrice Clément, qui dirige vaillamment les urgences d’un hôpital, mais dont la vie personnelle va tout de travers. Ce qui l’amène à consulter un psychologue. Tous les épisodes commencent d’ailleurs par une séance chez le psy, où Gabriel Arcand donne superbement la réplique à Sophie Lorrain. Mais la série ne se résume pas à une longue thérapie, tant s’en faut. On y découvre à la fois la vie dans les urgences ainsi que les hauts et les bas de tout l’entourage de Béatrice.

Un des aspects qui m’a particulièrement touché, c’est la foi de l’autrice, Francine Tougas, en la capacité des êtres humains de s’améliorer et de prendre leur destin en main.

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Passons maintenant du côté hilarant de nos séries. Il faut bien avouer que, de temps à autre, cela fait grand bien de rire.

série 2

C’est ainsi que je t’aime **** (Tou.Tv.Extra)

Si vous avez aimé les deux premières années de C’est ainsi que je t’aime, cette comédie de situation québécoise, vantée jusque dans les pages du grand New York Times, vous allez adorez la troisième et dernière année. Soyons pointilleux : il y a bien, çà et là, un petit coup de mou. Mais si peu. Et le dernier épisode, absolument réussi, vous les fait complètement oublier.

Dans l’œil du cyclone **** (Tou.Tv.Extra)

série 5Les nouveaux épisodes de cette série qui met en vedette Christine Beaulieu, à la tête d’une petite famille monoparentale, sont toujours aussi drôles. Fait rare, cette série est scénarisée par au moins une dizaine d’auteurs. Ce qui explique peut-être que toutes les scènes fassent mouche. Dans l’œil du cyclone, on ne s’ennuie jamais. Les gags s’enchaînent sans arrêt. C’est tordant, tout en étant très juste dans l’observation de la société ! Et c’est tellement bien joué !

La médiatrice **** (Tou.Tv.Extra)

Belle surprise que cette petite série où l’on voit une médiatrice, reconnue pour son approche bienveillante dans les causes de divorce, perdre complètement les pédales. C’est fou, inattendu et désopilant ! Du bonbon !

Éloge de la marche et du printemps

marche

Dimanche matin, je suis allé marcher avant même le petit déjeuner. La neige tombée la veille était encore d’un blanc étincelant. Le mercure stagnait à moins 5 degrés. Mais ce n’était pas vraiment frisquet, car il faisait soleil. Contrairement aux derniers jours aussi, il n’y avait pas de vent. C’était bien agréable, d’autant que les oiseaux, revenus en grand nombre, chantaient. Tout le contraire d’hier. Regarder la neige tomber du 12e étage n’était pourtant pas déplaisant. Mais j’ai rechigné toute la journée à mettre le nez dehors.

J’ai jeté un œil aux températures pour les prochains jours. Pas mal de soleil. Mardi, on devrait franchir la barre des dix degrés. Juste à lire les prévisions, je me sens revivre. Je suis heureux que le printemps arrive enfin. Non pas que l’hiver ait été particulièrement difficile. Mais comme vous le savez, ce n’est pas ma saison favorite. Quand les oiseaux partent pour le sud et que la bise arrive, je fais le dos rond et j’attends que ça passe. Quatre mois, c’est quand même un peu long.

Une des raisons pour lesquelles je n’aime pas tellement la saison froide, c’est que je marche moins. Quand il vente froid, j’ai zéro plaisir à marcher. Que du déplaisir ! La glace sur les trottoirs ou dans les sentiers me fait peur aussi. J’ai beau m’être muni d’une panoplie de crampons, je crains toujours la chute. D’autant qu’à mon âge, les risques de blessure sont plus élevés.

Or la marche est essentielle à ma santé. Physique bien sûr, mais aussi mentale. Pour être en bonne forme dans sa vieillesse, il n’est pas nécessaire de courir le marathon ou sa version courte, le demi (21 km tout de même). Marcher demeure le mode d’exercice le plus simple, le moins risqué et peut-être le plus efficace.

(suite…)

Lucy Grizzli Sophie ***1/2

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J’ai beaucoup hésité avant d’aller voir Lucy Grizzli Sophie. La bande-annonce ne m’avait vraiment pas accroché. Mais j’ai vite compris en voyant ce film que son avant-coureur ne pouvait pas en dévoiler davantage. C’est que le nouvel opus d’Anne Émond nous réserve une énorme surprise. Encore faut-il la mériter.

Dès le début, la réalisatrice instaure une atmosphère lourde et tendue. Le lieu est pourtant plutôt joli : une maison d’hôte près d’un lac. Mais les éclairages sont blafards, les cadrages serrés, oppressants. On ne saisit pas ce qui se passe, mais on devine vite que quelque chose ne va pas.

Peu à peu, on découvre ce qui est arrivé de terrible à Sophie, qui a abouti, on ne sait pas trop pourquoi, dans ce gîte tenu par une dame d’un certain âge et son colosse de neveu. Mais on ne comprend pas pour autant le comportement bizarre, insolite, inexplicable de l’étrangère.

Voilà, je ne vous en dirai pas plus. Mais sachez qu’au-delà du suspense, le film nous en apprend beaucoup sur la violence et la misogynie des réseaux sociaux quand ils deviennent asociaux. L’œuvre en dit beaucoup aussi sur la masculinité toxique. J’aime bien ce commentaire sur le site de Cinéma Montréal : « Voilà un film qui ferait du bien… s’il ne faisait pas aussi mal ! »

Ah ! J’allais oublier : les acteurs sont formidables, notamment Guillaume Cyr, qui trouve ici un rôle à sa (dé)mesure. Il faut souligner également le solide scénario de Catherine-Anne Toupin à partir de sa propre pièce, La meute.

Deux très bons films

tokyo

Les jours parfaits ****

Le nouveau film de Wim Wenders fait partie des œuvres qui ne font pas l’unanimité. Pour la critique de Bande à part, c’est un « bonheur de film », mais pour celui du Figaro, c’est plutôt « un film mou qui traîne des pieds et patine comme un savon ». Ces opinions inconciliables n’ont rien de surprenant quand on sait que Les jours parfaits raconte le quotidien d’un homme dont le métier est de laver les toilettes à Tokyo. On le voit se lever, faire sa toilette, arroser ses plantes, avant de le suivre en train d’astiquer les superbes toilettes tokyoïtes. Rien de bien excitant en apparence. « Quand on a vu les quinze premières minutes, me lance une amie, on a vu tout le film. » Il est vrai que les répétitions sont nombreuses, mais je les ai vues comme des thèmes musicaux qui réapparaissent tout en variations.

Cette œuvre méditative m’apparaît comme un hommage à la simplicité volontaire, à la zénitude, à la beauté, à la bienveillance ainsi qu’à l’instant présent. Comme le dit si bien François Forestier dans L’Obs, « c’est inattendu, déconcertant, beau et, d’une certaine manière, fascinant ». Mais pas pour tous, cela va sans dire !

capitaine

Moi, capitaine ****

Le nouveau film de Matteo Garonne ne fait pas non plus consensus. Mais ce qu’on reproche au réalisateur ici, c’est d’en faire trop plutôt que pas assez. Il est vrai que l’action ne manque pas dans cette odyssée périlleuse, qui mène deux jeunes du Sénégal à l’Italie, au risque de leur vie. Mais je n’y ai pas vu d’invraisemblances. Bien sûr, le scénario ne s’inspire pas d’une histoire vraie. Il ne s’agit pas non plus d’un documentaire sur les dangers vécus par les réfugiés en traversant le Sahara ou la Méditerranée. Mais les scénaristes se sont inspirés avec beaucoup de réalisme de plusieurs récits racontés par de jeunes réfugiés. Je n’ai pas vu non plus dans Moi, capitaine de grandiloquence. J’y ai plutôt découvert un récit touchant, émouvant, voire bouleversant.

Le jeune comédien Seydou Sarr, dont c’étaient les débuts au cinéma, est remarquable, tout comme Koji Yakusho dans Les jours parfaits.