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Archives de septembre, 2020

Monsieur le Premier ministre,

Photo PC

Je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps (1). Je viens d’aller au cinéma. Vous me l’auriez déconseillé sans doute tant vous avez hâte qu’on s’encabane pour 28 jours. Mais j’ai voulu profiter des deux journées de grâce que vous nous avez laissées avant que ne débute le deuxième confinement, un mot dont vous avez caché le nom.

Je n’avais pas l’intention de rester chez moi pendant le prochain mois. Mais où voulez-vous que j’aille maintenant ? J’adore le cinéma ; vous venez de fermer les salles. J’aime me rendre dans les musées : fermées aussi. J’avais recommencé à fréquenter les restaurants et les cafés ; je ne pourrai plus le faire. J’étais tout content de retourner entendre des concerts cet automne ; je devrai me contenter de Spotify. Je m’apprêtais à passer un deuxième hiver au Québec en dix ans, auprès de mes proches ; vous m’interdisez de les voir, sinon un à la fois et dans des circonstances extrêmes. Si je vous écoutais, je ne pourrais même plus prendre l’ascenseur avec mes voisins, fussent-ils masqués.

En annonçant ce confinement déguisé, vous avez dit avoir le cœur gros. Moi, je suis plutôt en colère. Contre vous. Sans doute voulez-vous mon bien, comme celui de toute la population. Je m’efforce de ne pas douter de votre bonne foi. Mais les mesures que vous nous imposez se révéleront, dans la majorité des cas, aussi inutiles que néfastes.

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Les tours toujours vides

Notre nouvel appartement donne sur la Caisse de dépôt et placement, un grand immeuble qui couvre deux pâtés de maisons mais qui pour l’heure reste désespérément vide. Mercredi dernier toutefois, un homme est venu s’installer dans un bureau et y a travaillé quelques heures. On s’est dit : tiens, peut-être que quelques employés, las du télétravail, vont enfin se téléporter dans l’édifice Jacques-Parizeau. Mais c’était un mirage. Le lendemain, l’employé n’était pas de retour. Ni personne d’ailleurs.

Le surlendemain, j’ai compté deux employés. À ce rythme, le bâtiment devrait être rempli d’ici 2025. J’ai aussi juste vu passer en soirée une femme de ménage. Les bureaux sont vides mais rutilants de propreté. Comme ça, on ne pourra dire qu’on y brasse de l’argent sale.

Pourtant, je n’arrête pas de rencontrer des gens qui affirment en avoir marre du travail à distance. « J’aime bien mes colocs, m’a dit un informaticien français fraîchement arrivé de Boston, mais je commence à en avoir assez de les voir toute la journée, les soirs et les week-ends. » « On devient meilleur en travaillant avec des collègues », m’a confié un ingénieur qui s’ennuie des ateliers de production.

Il faut dire que ces nostalgiques du travail au bureau habitent Montréal. Ce qui m’amène à penser que ce qui plaît aux adeptes du télétravail, ce n’est pas tant de bosser à la maison que d’éviter les longs déplacements vers la métropole. Mais alors, pourquoi sont-ils allés crécher si loin ?

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Montréal, la mal-aimée

Nous voilà de retour de notre pèlerinage annuel en Gaspésie. Une bien jolie région, qui, à la faveur de la pandémie, a connu cette année un pic de popularité. Nous y avons rencontré des gens heureux d’y vivre. Nous avons partagé pendant une dizaine de jours leur joie de Gaspésiens. Mais nous sommes revenus à Montréal avec plaisir. C’est notre chez nous depuis bientôt 30 ans.

Il est merveilleux de vivre dans une province qui offre tant de possibilités. On peut s’épanouir à la campagne ou dans de petites villes en habitant de belles régions comme la Gaspésie, le Bas-du-Fleuve, Charlevoix ou les Cantons-de-l’Est, pour n’en nommer que quelques-unes. Comme on peut habiter la métropole, avec ses tours et ses cônes orange. Ou même s’établir dans sa grande banlieue. Tous les goûts, dit-on, sont dans la nature. Il faut croire que ça inclut la pelouse des villes-dortoirs. Leurs prés tendres ne m’attirent pas beaucoup, même s’ils sont plus verts que les bouts de gazon de la ville aux mille travaux. Mais je comprends qu’on puisse aimer allonger sa transat autour de sa piscine privée. Ce que je comprends moins, en revanche, c’est qu’on déteste autant Montréal, surtout quand on n’y habite pas.

Que reproche-t-on à notre métropole mal aimée ? Depuis quelques mois, l’animosité semble s’être focalisée autour de la place accrue que notre mairesse et son parti ont accordée aux piétons et aux cyclistes. Imaginez : on leur a donné deux pour cent des rues. Quel scandale !

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