«Vous commencez par le plus dur», nous a lancé notre amie Louise, emmitouflée dans un gros manteau, à propos de notre grand voyage. Le plus dur, ce sont ces cinq semaines de camping d’automne dans les Cantons-de-l’Est. La région est magnifique, bien sûr. Mais la nature a de ces sautes d’humeur impressionnantes. Il y a quelques jours à peine, il faisait une chaleur digne du mois d’août. Puis en moins de 24 heures, on s’est retrouvés avec un froid digne du mois de novembre. Un grand bond à la Mao, un saut quantique avec périlleux arrière, qui a laissé deux citadins frileux pantois et sonnés.
À l’intérieur de l’autocaravane, ça va. Pour le chauffage, on a le choix entre la thermopompe, très très bruyante, et la chaufferette, très bruyante. On a choisi la seconde, qui ne nous réveille pas trop la nuit. Il faut dire que je baisse le thermostat à 62 degrés (Fahrenheit bien entendu) avant de me glisser sous la chaude couette de duvet, sans enlever mes chaussettes.
Reste un petit problème : Lise tire la couette de son côté. Le premier soir, j’ai pensé que c’était parce que La grande bleue penchait vers l’avant. Je l’ai redressée depuis en ajoutant un bloc sous chaque roue avant. Mais quand je m’éveille, la couette penche toujours du côté de ma douce moitié, qui prend plus que sa moitié de couverture. Alors, je cherche une autre hypothèse, mais je n’ai pas encore trouvée.
Le jour, quand il fait soleil, on ne se plaint pas. D’autant plus que la lumière est si belle en cette saison. Mais quand il pleut, là c’est terrible. Je ne veux pas exagérer, mais j’ai l’impression qu’il tombe de la glace. Alors, le soir en se couchant, on prie pour qu’il ne pleuve pas le lendemain.
Quand notre prière est exaucée, nous en profitons pour aller nous balader dans le parc du Mont-Orford. La première fois, on a grimpé l’Orford par la piste familiale. Dis comme ça, la montée a l’air facile. Mais les familles, ils la descendent la piste, ils ne la montent pas. Et encore, ils ont des skis. Bref, c’était un peu raide, surtout pour moi dont le petit cœur pompait l’huile. La deuxième fois, on a fait la boucle du mont Chauve : 12 kilomètres de montées et de descentes. C’était plus long, mais pas mal moins abrupt. N’empêche que la troisième fois, on s’est contentés de la boucle des Trois Étangs, une promenade pépère de cinq kilomètres dans une forêt de hêtres. Pendant toute la randonnée, on s’est demandé c’est quoi un hêtre. On regardait les arbres en se disant : hêtre ou pas hêtre.
Lise vous fait ses amitiés, je vous embrasse. À bientôt.
Paul