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Archives de la catégorie ‘Réflexions et impressions’

Quand Gemini hallucine

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J’aime bien me servir des outils de l’intelligence artificielle que les grands de l’informatique mettent à notre disposition. J’utilise Copilot depuis que Microsoft l’a intégré à ses logiciels, l’année dernière. Et depuis quelque temps, je recours aussi à Gemini, que Google a couplé à son célèbre moteur de recherche. L’un et l’autre sont devenus mes fidèles collaborateurs pour la rédaction de mes carnets.

Dans la majorité des cas, les informations que m’apportent ces deux robots, je pourrais les trouver moi-même. Mais il me faudrait bien plus de temps. Une des belles qualités de l’IA, c’est sa stupéfiante rapidité.

Il faut ajouter que l’IA m’apporte parfois des réponses que je n’aurais pas dénichées autrement. Je me souvenais, par exemple, d’une étude célèbre sur la soumission à l’autorité. L’ennui, c’est que cette recherche datait des années soixante et que j’avais beau avoir écrit un article sur le sujet, j’avais oublié le nom de son auteur, le psychologue Stanley Milgram. Qu’importe ! J’ai fait la demande avec le peu d’informations dont je disposais et, bingo ! Gemini a retrouvé les renseignements que je cherchais.

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Français : pas de catastrophisme !

Dans mon dernier carnet, je déplorais que la récente étude de l’OQLF indiquant que l’utilisation du français est restée stable dans l’espace public, et ce depuis 15 ans, soit passée pour ainsi dire inaperçue. Mais aujourd’hui, et je m’en réjouis, La Presse y consacre deux textes.

Stéphanie Grammond souligne d’abord que la proportion d’allophones utilisant le français dans l’espace public a augmenté de 3,2 points de pourcentage, entre 2016 et 2022. Chez les anglophones, ajoute l’éditorialiste, la hausse a été de 5,6. On est loin, comme je l’écrivais, du discours pessimiste sur le déclin du français au Québec.

Professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval, Jean-Pierre Corbeil souligne pour sa part qu’« au moins 85 % des Québécois utilisent aujourd’hui principalement le français dans les commerces de proximité, les centres commerciaux ou au restaurant ». Autre donnée importante : entre 2010 et 2023, l’usage général (au moins 90 % du temps) du français au travail est demeuré stable,

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De la musique et du français

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L’Orchestre à cordes des jeunes dirigé par Thomasine Leonard.

Samedi, je suis allé entendre l’Orchestre à cordes des jeunes au Conservatoire de musique. J’y étais parce que j’aime la musique, bien sûr, mais aussi parce que je connais la cheffe, Thomasine Leonard, qui sait tirer une belle musicalité de ses jeunes instrumentistes. Mais mon carnet d’aujourd’hui ne porte pas sur la musique.

Ce qui m’a d’abord frappé au dos du programme, c’est la composition de l’orchestre. Peu de Bergeron ou de Lalonde. Mais beaucoup de Peng, de Wang, de Sun, de Nguyen, d’El-Chabab, de Dubovitckii ou de Karlicek. Il n’y a rien là de particulièrement surprenant. Nous sommes à Montréal, ville que les francophones de souche ont largement désertée, préférant l’herbe verte de la banlieue. De plus, la musique nécessite une discipline que l’on cultive sans doute davantage dans les familles immigrantes.

Deuxième constat : ces jeunes musiciens issus de l’immigration étudient la musique en français, langue qu’ils maîtrisent apparemment très bien. Chacune des pièces du concert était présentée par un musicien (deux d’entre eux n’avaient pourtant que huit ans) en français, bien sûr, et qui plus est, dans un excellent français. Je n’ai rien contre le français joualisant qu’on entend beaucoup dans nos séries, nos films ou nos pièces de théâtre, mais il n’est pas souhaitable que ce français « tabarnak » devienne notre langue commune.

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Éloge de la marche et du printemps

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Dimanche matin, je suis allé marcher avant même le petit déjeuner. La neige tombée la veille était encore d’un blanc étincelant. Le mercure stagnait à moins 5 degrés. Mais ce n’était pas vraiment frisquet, car il faisait soleil. Contrairement aux derniers jours aussi, il n’y avait pas de vent. C’était bien agréable, d’autant que les oiseaux, revenus en grand nombre, chantaient. Tout le contraire d’hier. Regarder la neige tomber du 12e étage n’était pourtant pas déplaisant. Mais j’ai rechigné toute la journée à mettre le nez dehors.

J’ai jeté un œil aux températures pour les prochains jours. Pas mal de soleil. Mardi, on devrait franchir la barre des dix degrés. Juste à lire les prévisions, je me sens revivre. Je suis heureux que le printemps arrive enfin. Non pas que l’hiver ait été particulièrement difficile. Mais comme vous le savez, ce n’est pas ma saison favorite. Quand les oiseaux partent pour le sud et que la bise arrive, je fais le dos rond et j’attends que ça passe. Quatre mois, c’est quand même un peu long.

Une des raisons pour lesquelles je n’aime pas tellement la saison froide, c’est que je marche moins. Quand il vente froid, j’ai zéro plaisir à marcher. Que du déplaisir ! La glace sur les trottoirs ou dans les sentiers me fait peur aussi. J’ai beau m’être muni d’une panoplie de crampons, je crains toujours la chute. D’autant qu’à mon âge, les risques de blessure sont plus élevés.

Or la marche est essentielle à ma santé. Physique bien sûr, mais aussi mentale. Pour être en bonne forme dans sa vieillesse, il n’est pas nécessaire de courir le marathon ou sa version courte, le demi (21 km tout de même). Marcher demeure le mode d’exercice le plus simple, le moins risqué et peut-être le plus efficace.

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Trop déprimants, les médias ?

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Nathalie Collard a abordé récemment un thème qui m’est cher : « l’état désespérant du monde » et son corollaire, « l’avalanche de mauvaises nouvelles qui nous tombe dessus : guerre au Proche-Orient et en Ukraine, crise climatique, tragédies des personnes réfugiées, itinérance, crise du logement… » La chroniqueuse de La Presse se demande si les mailles de notre filtre à nouvelles déprimantes se sont resserrées. Ma réponse est oui. Comme le recommandent les psychologues, je m’efforce de doser ma consommation d’information pour éviter l’anxiété.

Cela dit, je reste d’accord avec Ryoa Chung : il ne faut pas cesser de s’informer. Selon la professeure de philosophie, « il faut rester en contact avec ce qui se passe si on veut éviter l’effritement de la démocratie et ses conséquences, soit les dérives idéologiques, la montée du populisme ou la désinformation ».

Tout comme Mme Chung, je crois que « les médias d’information sont les garde-fous de la démocratie ». Rien de surprenant, direz-vous, de la part d’un blogueur qui a été journaliste pendant 45 ans. Mais cette longue carrière ne m’empêche pas d’être critique. Oui, les médias jouent un rôle essentiel. Mais ils ne le remplissent pas toujours bien, tant s’en faut. Je leur reproche notamment de dramatiser inutilement les événements, suscitant du coup des émotions qui nous affolent et qui nous alarment au lieu de nous informer. En un mot, je les trouve trop sensationnalistes.

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Deux outardes font-elles le printemps ?

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Photo Alain Audet, Pixabay

Il y a quelques jours, je marchais avec Lise le long du fleuve quand deux outardes sont passées au-dessus de nos têtes en jacassant. On en voit de plus en plus. Ces beaux oiseaux nous avaient quittés au début de décembre. Les voilà enfin revenus.

Deux outardes font-elles le printemps ? Je ne sais pas. Reste que l’hiver est déjà en bonne partie passé. D’autant qu’on n’annonce ni fortes neiges ni grands froids au moins pour les dix prochains jours. Dans les arbres, on voit déjà les bourgeons poindre. Dimanche matin, on a vu passer un kayakiste sur le fleuve. Dans un mois, les carouges seront de retour, lançant leurs trilles et chassant corneilles et humains qui auront le malheur de s’approcher de leurs nids.

Bref, nous voilà presque à la mi-février, et je n’ai pas souvenir d’avoir râlé contre l’hiver une seule fois. À 79 ans, serais-je en train d’aimer notre saison froide ? Eh bien, non ! Je ne me vois pas bondir de joie au premier gel arrivé. Ni monter dans un traîneau à chiens avec mes amis français, à la découverte de nos grands espaces. Mais je m’habitue peu à peu à la (de moins en moins) blanche saison. Au point de ne pas regretter mes années de « snowbird », où je m’étais juré de quitter la Belle Province du début de novembre à la fin du mois d’avril.

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L’indice de qualité de vie

Paul et Lise en arrivant à Yosemite.

Lise et moi à notre arrivée à Yosemite.

Dans ses chroniques sur la vieillesse, Patrick Lagacé se préoccupe beaucoup de l’espérance de vie en santé, estimée à 68,9 ans. Mais le chroniqueur reconnaît que le chiffre dépend de la façon de calculer. La méthodologie n’est en effet pas sans importance. Elle soulève la question : qu’est-ce que la santé ? Et ce n’est pas si simple d’y répondre.

Ainsi, je suis suivi par un cardiologue pour cause d’arythmie, mais mon problème est maîtrisé. Je dois aussi voir une ophtalmologiste parce que la pression des yeux a tendance à être trop élevée. Mais je n’ai pas développé de glaucome et ma situation n’est pas préoccupante. Alors, suis-je en bonne santé ? Il me semble que oui. Mais des spécialistes diraient peut-être le contraire. Ce dont je suis certain, en revanche, c’est que ma qualité de vie reste bonne.

Selon ma compagne, le plus important n’est pas l’espérance de vie, ni même l’espérance de vie en santé, mais l’indice de qualité de vie. Comme la plupart des gens de mon âge, j’ai des bobos. Mais aucun ne peut m’empêche de mener une vie de retraité heureux.

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La vie commence à 69 ans

Paul et Lise au parc Fanning Springs.

Lise et moi dans les sources chaudes du parc Fanning Springs.

Patrick Lagacé vient de signer une chronique où il répète qu’il se verrait « bien mourir à 69 ans… pour éviter les naufrages de la vieillesse ». Selon le chroniqueur de La Presse, 68,9 ans, « c’est à peu près l’espérance de vie en santé pour un homme dans ce pays ».

Sa première chronique sur le sujet avait provoqué la colère de « lecteurs approchant de cet âge – ou l’ayant dépassé – et qui se disaient en pleine forme ». La nouvelle mouture risque de provoquer du mécontentement aussi, même si elle est moins affirmative. En apprenant que l’auteur « multiplie le cardio et double ses portions de légumes et de fruits », on se dit que, peut-être, il commence à douter de sa résolution.

Pour ma part, je ne veux pas critiquer Patrick, ne serait-ce que parce que je l’aime bien. Il n’est d’ailleurs pas le seul, après le général de Gaulle, à voir la vieillesse comme un naufrage. Les écrivains ne sont pas tendres eux non plus à l’égard du grand âge. Didier Van Cauwelaert le voit comme « un lent travail de rouille en cale sèche » et Abel Castel, comme « une inondation ». Pour Philip Roth, « ce n’est pas une bataille, c’est un massacre » et pour Éric Marchal, c’est « la seule guerre perdue d’avance ». Rien pour vous donner l’envie de vivre jusqu’à 100 ans.

Je peux très bien comprendre qu’un journaliste-vedette de 52 ans, au sommet de sa carrière, craigne le vieillissement et ses misères. Je viens quant à moi d’avoir 79 ans. Il y a 10 ans, le jour même des 69 ans fatidiques, je me suis baigné à Fanning Springs, au cœur de janvier, dans les eaux chaudes du parc. Avant d’aller souffler mes 69 bougies autour d’une bouteille de Pouilly-Fuissé avec mon amoureuse et un couple d’amis.

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Montréal s’allophonise-t-il ?

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Je suis allé mardi dans une boutique du centre-ville. À la caisse, les deux vendeurs parlaient anglais entre eux. Mais dès que j’ai dit « bonjour », ils m’ont répondu en français. Qui plus est, en bon français. Ce comportement est tellement courant que je ne devrais même pas en parler. Mais je le souligne pour répondre à Marie-France Bazo qui, dans La Presse cette semaine, s’est réjouie qu’une vendeuse soit arrivée à baragouiner avec elle dans notre langue. À ma connaissance, la chroniqueuse ne vit pas à Montréal. Moi, j’y habite depuis 32 ans, dont 20 au centre-ville. Je peux témoigner qu’il n’est pas si difficile de se faire servir en français rue Sainte-Catherine. Le contraire est même plutôt rare.

L’inquiétude de Bazo repose sur la langue parlée à la maison. On sait, en effet, que plus de 50 % des gens ne parlent pas français chez eux à Montréal. Cette statistique alarmiste, qu’on répète à l’envi, fait bien sûr l’affaire des nationalistes identitaires, qui y voit le signe inquiétant de la louisianation de la métropole.

Mais plusieurs spécialistes ont montré les limites de ce chiffre, qui décrit mal la réalité linguistique complexe de la grande ville. Par exemple, beaucoup de Maghrébins et de Haïtiens ne sont pas considérés comme francophones parce qu’ils disent parler arabe ou créole à la maison lors du recensement. Mais dans les faits, les uns et les autres peuvent s’exprimer couramment en français. D’autres familles passent d’une langue à l’autre chez eux, dont le français. Mais on ne les retrouve pas, non plus, dans la colonne des francophones.

Quand Bazo répète comme un perroquet que Montréal s’anglicise, ce n’est pas davantage exact. Il faudrait plutôt dire que la ville s’allophonise. Mardi, en faisant mes courses, j’ai tendu l’oreille attentivement. J’ai entendu parler anglais, évidemment. Mais pas tant que ça. J’ai reconnu l’arabe, l’espagnol et le chinois notamment. J’ai aussi entendu d’autres langues que je n’ai pas pu identifier. Cette ville, l’immigration aidant, est de plus en plus multilingue.

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Bye, bye 2023 !

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Propulsé par le réchauffement climatique, le feu a frappé un peu partout sur la planète.

Une nouvelle année se termine. Sur le plan physique, 2023 avait mal commencé pour moi. Pour la première fois depuis l’automne 2010, j’éprouvais des problèmes d’arythmie. Le 15 janvier, jour de mon anniversaire, j’ai même dû m’excuser auprès de mes invités pour aller m’étendre. Je me sentais étourdi et mon cœur battait la chamade.

Mon cardiologue a rapidement ajusté ma médication. Mais le plus grand changement est venu de ma décision de réduire ma consommation de vin de façon draconienne. Je suis passé de deux verres par jour à deux verres par… mois. L’effet ne s’est pas fait attendre. Mon cœur a aussitôt repris un beau rythme sinusal.

Pour le reste, j’ai plutôt bien porté mes 78 ans, bien que j’aie fait une vilaine chute. Je marchais, comme chaque jour, lorsque mon pied a buté sur une saillie du trottoir. Tout s’est passé très vite. J’ai senti que je perdais l’équilibre. Une seconde plus tard, j’étais face contre ciment, surpris et secoué. Je saignais du nez, ma chemise était tachée, mes mains, qui avaient amoindri ma débarque, étaient écorchées. Je n’avais heureusement rien de cassé.

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