Coronavirus : le retour
Hier matin à l’aéroport de Madrid, les Québécois qui attendaient le vol TS-395, en direction de Montréal, paraissaient soulagés de pouvoir enfin rentrer au pays. Près de la porte d’embarquement, les conversations s’engageaient spontanément, même si les gens conservaient le mètre de distance, comme nous y exhortaient, toutes les cinq minutes, les haut-parleurs. La bonne humeur était au rendez-vous, la perspective du vol faisant oublier les frustrations, les inquiétudes et l’amertume des derniers jours.
Quand Air Transat a enfin annoncé le début de l’embarquement, les gens se sont empressés de rejoindre la porte d’entrée B24. Juste à côté de moi, j’ai vu un vieil homme grimacer, puis se plaindre haut et fort, avec un fort accent français, de ce non-respect scandaleux de la distance sanitaire.
Après sept jours d’attente à l’hôtel, j’ai été à deux doigts de lui lancer : « Faites pas chier ! » Mais je me suis retenu, me bornant à lui dire, sèchement tout de même, que dans l’avion, de toute façon, nous serions les uns sur les autres. Ça l’a relancé de plus belle. Le ronchon s’est mis à gesticuler avec sa canne. Je lui ai dit, non sans une pointe d’ironie : « Allez, mon cher Monsieur, passez devant moi. Je vous laisse deux mètres, si vous voulez. » Je ne sais pas si ça l’a calmé ou surpris, mais il a cessé de vociférer. Je l’ai suivi dans le couloir menant à l’avion, à une bonne distance tout de même, me disant qu’il était assez énervé pour me donner un coup de canne.
Me suivait une bande de gais lurons, qui lançaient des cris de joie. J’ai entendu : « On est du Lac-Saint-Jean et on est contents. » La rime était facile, mais agréable à mes oreilles. Je me suis retourné et levé le pouce en leur direction. Dans l’avion, nous avons été accueillis par un groupe de jeunes agentes de bord particulièrement gentilles.