Le roi Richard et ses princesses
Je suis allé voir le nouveau biopic consacré aux sœurs Williams et à leur père avec curiosité, ne serait-ce que parce que j’ai couvert le tennis pour le site web de La Presse de 2007 à 2014, période au cours de laquelle Serena et Venus ont dominé complètement leur sport.
Pour être honnête, je n’ai jamais été un grand admirateur des sœurettes, même si je dois admettre qu’elles ont changé le tennis féminin à jamais. J’ai regardé récemment le championnat de fin de saison à Guadalajara. Garbine Muguruza, la championne de 2021, vient en droite ligne des sœurs Williams. Tout comme les sept autres participantes de ce Masters. Konteveit, Sabalanka, Sakkari, Vadosa, Pliskova, Krejcikova et même Swiatek pratiquent toutes un tennis tout en puissance.
Pour ma part, je préfère un jeu un peu plus subtil, un peu plus varié. Reste que les Williams ont tiré le tennis féminin vers le haut. N’importe laquelle des championnes d’aujourd’hui ne ferait qu’une bouchée des Navratilova et Evert de jadis.
Mais revenons au film. La réalisation ne réinvente pas le genre. « Le roi Richard » fait très téléfilm. Je m’y attendais. Cela dit, cette biographie se regarde bien. Les dialogues sont bons, les scènes de tennis sont bien tournées, l’intrigue progresse bien. De plus, on apprend plein de choses sur les sœurs Williams, qui en deviennent nettement plus sympathiques. Encore faut-il prendre quelques informations avec des pincettes. Venus qui parle quatre langues couramment à 14 ans, par exemple, je n’y crois pas trop. Je ne l’ai jamais entendue parler une autre langue que l’anglais. Quant à sa sœur, elle baragouine le français, sans plus.
Mais ce n’est pas ce qui m’a agacé. On a beaucoup vanté la performance de Will Smith, qui est de presque toutes les scènes et à qui on commence déjà à prédire un Oscar. Son jeu me semble au contraire un des points critiquables de ce « King Richard ». Certes, l’acteur a une présence énorme. À mon avis toutefois, son jeu rend un peu trop lisse un personnage qui me semble plutôt rugueux. La faute est-elle imputable à la vedette, au scénario, à l’influence des sœurs Williams ? Un peu tout cela vraisemblablement.