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Archives de novembre, 2021

Le roi Richard et ses princesses

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Je suis allé voir le nouveau biopic consacré aux sœurs Williams et à leur père avec curiosité, ne serait-ce que parce que j’ai couvert le tennis pour le site web de La Presse de 2007 à 2014, période au cours de laquelle Serena et Venus ont dominé complètement leur sport.

Pour être honnête, je n’ai jamais été un grand admirateur des sœurettes, même si je dois admettre qu’elles ont changé le tennis féminin à jamais. J’ai regardé récemment le championnat de fin de saison à Guadalajara. Garbine Muguruza, la championne de 2021, vient en droite ligne des sœurs Williams. Tout comme les sept autres participantes de ce Masters. Konteveit, Sabalanka, Sakkari, Vadosa, Pliskova, Krejcikova et même Swiatek pratiquent toutes un tennis tout en puissance.

Pour ma part, je préfère un jeu un peu plus subtil, un peu plus varié. Reste que les Williams ont tiré le tennis féminin vers le haut. N’importe laquelle des championnes d’aujourd’hui ne ferait qu’une bouchée des Navratilova et Evert de jadis.

Mais revenons au film. La réalisation ne réinvente pas le genre. « Le roi Richard » fait très téléfilm. Je m’y attendais. Cela dit, cette biographie se regarde bien. Les dialogues sont bons, les scènes de tennis sont bien tournées, l’intrigue progresse bien. De plus, on apprend plein de choses sur les sœurs Williams, qui en deviennent nettement plus sympathiques. Encore faut-il prendre quelques informations avec des pincettes. Venus qui parle quatre langues couramment à 14 ans, par exemple, je n’y crois pas trop. Je ne l’ai jamais entendue parler une autre langue que l’anglais. Quant à sa sœur, elle baragouine le français, sans plus.

Mais ce n’est pas ce qui m’a agacé. On a beaucoup vanté la performance de Will Smith, qui est de presque toutes les scènes et à qui on commence déjà à prédire un Oscar. Son jeu me semble au contraire un des points critiquables de ce « King Richard ». Certes, l’acteur a une présence énorme. À mon avis toutefois, son jeu rend un peu trop lisse un personnage qui me semble plutôt rugueux. La faute est-elle imputable à la vedette, au scénario, à l’influence des sœurs Williams ? Un peu tout cela vraisemblablement.

Aimer l’hiver, est-ce possible ?

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La pandémie aidant, ma compagne et moi passerons l’hiver au Québec. Cette année encore, les « snowbirds » que nous étions devenus resteront à la maison. J’envisageais cette sédentarité avec résignation. Mais un matin, de retour de son jogging, Lise m’a lancé : « J’ai décidé d’aimer l’hiver ! » Je n’en étais pas encore là. Depuis notre retour de la Gaspésie cependant, j’avais commencé à redécouvrir Montréal. Puisque j’y vis, me disais-je, pourquoi ne pas en tirer le meilleur parti ? Après tout, cette grande ville, je l’ai jadis adorée.

L’hiver en revanche, jamais. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais, au grand jamais, raffolé de la quatrième saison. Même quand j’étais enfant. Je pleurais le matin quand ma mère m’obligeait à porter un gros pantalon « breeches » dont la laine me piquait les jambes.

Au début de la vingtaine, c’était pire encore : j’avais développé à l’égard de la saison des neiges, des glaces et de la sloche, une haine féroce. Une petite amie qui était passée en coup de vent (tourbillonnant) dans ma vie m’avait dit : « Commence par t’habiller mieux et l’hiver va te sembler plus facile. » Son conseil me rappelle ce que disent les Suédois (du moins le raconte-t-on) : il n’y aurait pas de gens frileux, seulement des gens habillés peu chaudement. J’ai commencé à me vêtir mieux. Et de fait, le froid m’a semblé moins rude. Mais de là à l’aimer, il y avait un pas, pire un fossé, que je n’ai jamais franchi.

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Le retour à Montréal

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On craignait un peu, ma compagne et moi, le retour dans la grande ville. Après deux mois passés à entendre le chant des oiseaux et le roulement des vagues en Gaspésie, nous redoutions le tumulte de la rue Viger. Difficile d’imaginer deux endroits plus différents que la Pointe-au-Genièvre à Newport et le Quartier international à Montréal. Mais jusqu’ici, tout se passe bien. Peut-être parce qu’on avait fait le plein de zénitude. Certes, on s’ennuie des fresques que la nature dessinait chaque jour sur l’océan. Mais il y a pires destins que d’avoir vue sur la place Riopelle et sa fontaine.

Je me suis débarrassé de l’automobile qu’on m’avait prêtée pour le voyage dès le premier jour. Je l’ai promptement rapportée à sa propriétaire, qui habite rue de Bordeaux. Enfin, pas si promptement, car cette rue est en travaux. Je comptais m’y rendre par Rachel, mais la rue était bloquée dès Papineau. J’ai pris à droite jusqu’à Sherbrooke en espérant rallier ma destination par Dorion, comme me le conseillait Google Maps. Mais au bout de Dorion, impossible de tourner à droite. Là, j’ai vu un panneau indiquant « Détour Bordeaux ». « Formidable ! » me suis-je dit.

J’ai suivi sagement les indications, qui m’ont mené d’abord jusqu’à Mont-Royal, au nord, puis jusqu’à Parthenais, à l’est, où je me suis engagé. Et là, surprise ! Plus de panneau ! Comment se rendre à Bordeaux ? Mystère ! J’essayais péniblement de trouver mon chemin avec des automobilistes qui me collaient au cul et des cyclistes qui frôlaient la voiture. J’ai fini par repérer une place pour la garer. Ce n’était pas vraiment proche, mais je m’y suis engouffré. J’ai noté l’endroit et j’ai fait le reste à pied.

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