Trois quarts de siècle !

Aujourd’hui, je fête mes 75 ans. J’ai beau ne plus être obsédé par l’âge et la mort, le chiffre m’impressionne. C’est l’âge fatidique où mes deux grands-pères ont cassé leur pipe. Mon père, lui, n’a même pas franchi le cap des 70 ans. Jeune, je ne croyais pas fêter un jour mes trois quarts de siècle. Maintenant j’y suis et je ne voudrais pas que ça s’arrête. J’aimerais bien tenir la distance au moins jusqu’à 90 ans. Mais j’essaie de ne pas voir trop loin. Quand arrive un nouvel anniversaire, je me dis : une nouvelle année, c’est merveilleux ! D’autant que depuis mes 70 ans, ce sont les plus belles.

Il y a une dizaine d’années, j’avais peur de mourir. J’y pensais souvent. Presque tous les jours en fait. Et puis l’inquiétude s’est peu à peu dissipée. Pourquoi ? Je ne sais trop. Peut-être parce que la santé va bien. En général, les problèmes d’arythmie s’aggravent avec l’âge. Mais depuis dix ans mon petit cœur bat avec calme et régularité. J’ai beaucoup d’énergie et plein de projets. Je marche encore vite. Certes, les genoux couinent un peu en montant ou en descendant les escaliers, mais c’est juste pour me rappeler que je vieillis… plutôt bien.

Mes 75 ans tombent en 2020. C’est un très beau chiffre. Deux fois 20 ans, allez trouver mieux ! Je me suis dit, un peu naïvement sans doute, que ça ne pourrait être qu’une très belle année. Mais voilà que l’Open d’Australie, un de mes tournois de tennis favoris, commence dans la fumée toxique des incendies qui dévastent ce pays-continent. Preuve éclatante que le climat se dérègle et que notre petite planète surexploitée se porte mal.

Mais basta le réchauffement, Trump, Poutine et tutti quanti ! J’ai 75 ans. Je suis en vie. J’ai une compagne sublime. Je suis bien entouré. Je suis heureux. Alors, je veux profiter de ce jour pour dire que, malgré tout, j’aime passionnément la vie !