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Archives de janvier, 2016

Un mois au même endroit

La plage était difficilement accessible.

La plage était difficilement accessible.

En arrivant au Naples RV Resort, on ne craignait pas seulement que le lieu ne soit pas à la hauteur de nos attentes. On redoutait tout autant la durée du séjour. Durant les 18 mois où nous avons parcouru l’Amérique du Nord, nous ne sommes jamais restés un mois au même endroit. En fait, nous n’avons jamais dépassé 15 jours, et encore, ce fut exceptionnel. La plupart du temps, nous ne restions que quelques jours, voire un seul. C’est ce qui nous plaît le plus dans le caravaning : rouler et découvrir. Mais la Floride s’y prête mal.

naples - resortAlors, un mois dans un «resort», c’était tout un défi. Nous avons survécu. Certes, chaque fois que notre voisin immédiat s’est installé dans son abri-cuisine pour écouter du rap, à deux pas de nous, nous avons levé les yeux au ciel. Nous avons même songé à demander un autre emplacement. Mais, outre qu’ils n’étaient pas nombreux, nous n’étions pas certains d’améliorer notre sort. Notre voisin n’est pas le seul, en effet, à écouter sa musique sans écouteurs.

Cependant, nous avons trouvé notre rythme de croisière. Nous avons quelquefois quitté notre camping pour nous rendre au centre-ville de Naples, toujours agréable. Outre la 5e Avenue, que je vous ai vantée, nous avons découvert la 3e Rue, tout aussi cossue. De temps à autre, nous sommes allés faire des courses chez Monsieur Walmart ou chez Madame Costco, où il y avait toujours foule, même le lundi matin, et où certains clients conduisaient leur gros panier comme s’il s’agissait d’une formule Un. Je déteste ces lieux, mais je retrouve mon sourire à la caisse, dollar canadien oblige.

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Trois excellents romans

Attention! Si vous n’avez pas lu le dernier opus de Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie, ne lisez pas ce qui suit, car vous perdriez du plaisir à lire ce livre. Et ce serait bien dommage, car il y a longtemps que je n’ai pas connu un tel bonheur de lecture. Sautez plutôt à La septième fonction du langage ci-dessous.

delphine-de-vigan-photo«Je suis presque certaine, écrit la romancière française en réponse à un lecteur, que vous, nous, lecteurs, tous autant que nous sommes, pouvons être totalement dupes d’un livre qui se donnerait à lire comme la vérité et ne serait qu’invention, travestissement, imagination.» Ce défi lancé à ses lecteurs, je soupçonne de Vigan de l’avoir relevé brillamment dans D’après une histoire vraie.

Elle multiplie les effets de réel, à commencer par le titre, pour faire croire que ce qu’elle raconte a bel et bien eu lieu. Elle utilise son propre nom, de même que celui de son conjoint et de ses enfants. Elle parle abondamment de son livre précédent, Rien ne s’oppose à la nuit, sur le suicide de sa propre mère et des réactions, parfois hostiles, qu’il a suscitées. Tout cela est vrai.

Je ne crois pas en revanche que le personnage de L., cette étrange amie qui peu à peu en vient à régir l’existence de l’auteure pendant des mois, ait réellement existé, du moins sous une forme aussi achevée. Pourtant, j’y ai cru jusqu’à la fin. Ce n’est qu’après être arrivé au mot FIN que j’ai compris m’être fait mener en bateau. Cela dit, dans ce livre brillantissime, il n’est jamais facile de démêler le vrai du faux!

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Soixante et onze ans

paul-marché

L’an dernier, j’ai fêté mes 70 ans en Baja California. Le chiffre me donnait un peu le vertige. Soixante et onze ans, c’est moins impressionnant. C’est juste une année de plus. Il me reste encore neuf années avant d’atteindre les 80 ans. Un âge vénérable que j’ai de bonnes chances d’atteindre si l’on en croit les dernières statistiques sur l’espérance de vie des Québécois.

Dans le sud de la Floride où les côtes de 10 mètres sont des pics, je ne peux pas vraiment me tester en montagne. Mais physiquement, je ne suis toujours pas trop détérioré.

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Premières impressions de Naples

Vue du centre-ville de Naples.

Nous sommes arrivés au Naples RV Resort avec un peu d’appréhension, car nous n’avons pas l’habitude de réserver un camping pour un mois. Pour nous, c’est une éternité et, comme le dit Woody Allen, l’éternité c’est long, surtout vers la fin. Et j’ajouterais, surtout si vous vous êtes trompé de camping.

Pendant quelques minutes, c’est ce que nous avons cru. Nous nous retrouvions coincés sur un petit emplacement entre trois caravanes vétustes, laides et défraîchies. La table était bancale. La dalle de ciment sur laquelle elle était posée était toute croche. C’était évidemment à craindre. Quand on réserve un «economy RV site», on ne peut s’attendre au grand luxe. Mais le prix (856$ pour un mois, taxes comprises) avait motivé notre choix en ces temps de dollar canadien chagrin.

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Enfin aux Keys !

keys - soleil

Dès que nous avons quitté Miami, nous nous sommes sentis, Lise et moi, tout légers. Un peu plus et ma douce moitié s’envolait. Il faut dire aussi qu’il ventait fort et qu’elle faisait moins de 50 kilos toute habillée la dernière fois qu’elle a grimpé sur un pèse-personne. Je n’ai pourtant pas cessé de la nourrir pour compenser la dégringolade du dollar canadien, je vous jure. Elle a droit à sa ration quotidienne et même davantage. Mais rien n’y fait.

De mon côté, j’ai toujours un petit bedon qui me retient au sol. J’ai beau le rentrer sur les photos, Lise n’est pas dupe. Heureusement, le camping est rempli d’Américains gigantesques qui font deux fois mon poids. Chaque fois que j’en croise un, je fais remarquer à ma compagne l’énormité de son gabarit. Je n’ai pas réussi pour autant à lui faire oublier ma propre panse. Mais je n’ai pas tout perdu puisqu’elle m’a rebaptisé «le plus petit des gros maris».

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