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Archives de la catégorie ‘Montréal’

Français : pas de catastrophisme !

Dans mon dernier carnet, je déplorais que la récente étude de l’OQLF indiquant que l’utilisation du français est restée stable dans l’espace public, et ce depuis 15 ans, soit passée pour ainsi dire inaperçue. Mais aujourd’hui, et je m’en réjouis, La Presse y consacre deux textes.

Stéphanie Grammond souligne d’abord que la proportion d’allophones utilisant le français dans l’espace public a augmenté de 3,2 points de pourcentage, entre 2016 et 2022. Chez les anglophones, ajoute l’éditorialiste, la hausse a été de 5,6. On est loin, comme je l’écrivais, du discours pessimiste sur le déclin du français au Québec.

Professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval, Jean-Pierre Corbeil souligne pour sa part qu’« au moins 85 % des Québécois utilisent aujourd’hui principalement le français dans les commerces de proximité, les centres commerciaux ou au restaurant ». Autre donnée importante : entre 2010 et 2023, l’usage général (au moins 90 % du temps) du français au travail est demeuré stable,

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De la musique et du français

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L’Orchestre à cordes des jeunes dirigé par Thomasine Leonard.

Samedi, je suis allé entendre l’Orchestre à cordes des jeunes au Conservatoire de musique. J’y étais parce que j’aime la musique, bien sûr, mais aussi parce que je connais la cheffe, Thomasine Leonard, qui sait tirer une belle musicalité de ses jeunes instrumentistes. Mais mon carnet d’aujourd’hui ne porte pas sur la musique.

Ce qui m’a d’abord frappé au dos du programme, c’est la composition de l’orchestre. Peu de Bergeron ou de Lalonde. Mais beaucoup de Peng, de Wang, de Sun, de Nguyen, d’El-Chabab, de Dubovitckii ou de Karlicek. Il n’y a rien là de particulièrement surprenant. Nous sommes à Montréal, ville que les francophones de souche ont largement désertée, préférant l’herbe verte de la banlieue. De plus, la musique nécessite une discipline que l’on cultive sans doute davantage dans les familles immigrantes.

Deuxième constat : ces jeunes musiciens issus de l’immigration étudient la musique en français, langue qu’ils maîtrisent apparemment très bien. Chacune des pièces du concert était présentée par un musicien (deux d’entre eux n’avaient pourtant que huit ans) en français, bien sûr, et qui plus est, dans un excellent français. Je n’ai rien contre le français joualisant qu’on entend beaucoup dans nos séries, nos films ou nos pièces de théâtre, mais il n’est pas souhaitable que ce français « tabarnak » devienne notre langue commune.

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Deux outardes font-elles le printemps ?

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Photo Alain Audet, Pixabay

Il y a quelques jours, je marchais avec Lise le long du fleuve quand deux outardes sont passées au-dessus de nos têtes en jacassant. On en voit de plus en plus. Ces beaux oiseaux nous avaient quittés au début de décembre. Les voilà enfin revenus.

Deux outardes font-elles le printemps ? Je ne sais pas. Reste que l’hiver est déjà en bonne partie passé. D’autant qu’on n’annonce ni fortes neiges ni grands froids au moins pour les dix prochains jours. Dans les arbres, on voit déjà les bourgeons poindre. Dimanche matin, on a vu passer un kayakiste sur le fleuve. Dans un mois, les carouges seront de retour, lançant leurs trilles et chassant corneilles et humains qui auront le malheur de s’approcher de leurs nids.

Bref, nous voilà presque à la mi-février, et je n’ai pas souvenir d’avoir râlé contre l’hiver une seule fois. À 79 ans, serais-je en train d’aimer notre saison froide ? Eh bien, non ! Je ne me vois pas bondir de joie au premier gel arrivé. Ni monter dans un traîneau à chiens avec mes amis français, à la découverte de nos grands espaces. Mais je m’habitue peu à peu à la (de moins en moins) blanche saison. Au point de ne pas regretter mes années de « snowbird », où je m’étais juré de quitter la Belle Province du début de novembre à la fin du mois d’avril.

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À la défense du REM, ce mal-aimé !

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Le centre-ville vu du REM.

J’ai un aveu à vous faire : j’adore le REM. Tant et si bien que j’ai déserté complètement le bus 168. Quand je quitte L’Île-des-Sœurs pour me rendre au centre-ville, j’opte désormais pour le train express de la Caisse de dépôt. Bien sûr, il faut faire une correspondance et le chauffeur du bus vous laisse souvent, on ne sait trop pourquoi, loin de la station, ce qui me fait râler un peu quand il fait froid, qu’il pleut, qu’il neige ou que les trottoirs sont glissants.

Malgré tout, le REM est aussi rapide que l’autobus, tout en étant tellement plus agréable. On ne se fait pas brasser, le roulement est doux, presque silencieux, les roues glissent sur les rails, la fenestration est large, la vue sur la ville est belle, parfois même magnifique. Sept minutes plus tard, nous voilà rendus à la Gare Centrale. D’ici la fin de l’année, on devrait pouvoir se rendre rapidement jusqu’à l’extrémité ouest de l’île de Montréal. Je pourrai même me servir du REM pour aller voir des amis à L’Île-Perrot. Je rêve !

Cependant, mon enthousiasme ne semble pas largement partagé. On voit un bon nombre de boomeurs dans les bus qui conduisent à la station REM de notre île. Les gens avec qui j’ai eu l’occasion d’en parler sont d’ailleurs très satisfaits du service. La plupart des jeunes, en revanche, rechignent à l’adopter, préférant attendre le vieux 168, qui les mènera cahin-caha rue Sainte-Catherine. Il est vrai que les trains s’arrêtent pour le moment à la Gare centrale, ce qui est regrettable. Mais ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’ils ne se rendent plus loin.

Quant aux médias, c’est l’acharnement. Le Réseau express a-t-il le malheur d’être en panne, on en fait des manchettes sur des airs de fin du monde. Il est vrai que, lorsque les trains s’arrêtent, les passagers continuent à être mal informés, ce qui est absolument inacceptable, j’en conviens. Mais la situation est-elle à ce point catastrophique ? « Il y a eu 46 interruptions de plus de 20 minutes depuis le lancement du REM l’été dernier, totalisant 43 heures de panne sur un total d’exploitation de 3592 heures, précise Maxim Bergeron dans La Presse. Cela équivaut à un taux de fiabilité global de 98,8 % depuis le lancement l’été dernier. » Pas mal, non !

Je suis pas mal certain que le métro ne fait pas mieux. Mais à moins d’une panne majeure, il n’en est pas question dans les médias. Les autobus, de leur côté, sont régulièrement en retard, en plus d’être sales, bruyants, bondés et inconfortables. Mais de cela non plus, on ne parle pas beaucoup.

Bref, haro sur le REM ! On est en train de créer une psychose. À preuve : des gens auraient commencé à acheter des voitures pour éviter le Réseau express. On voudrait en décourager l’utilisation qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Je trouve tout cela bien malheureux.

Un « snowbird » en hiver

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Il y a tout autour de L’Île-des-Sœurs des colonies d’outardes, qui tardent à s’envoler. C’est du moins ce que je croyais. Mais non ! Apparemment, j’ai tout faux. Elles ne s’attardent pas parce que notre été indien se prolonge cette année. Elles ont choisi de passer l’hiver avec nous. Les eaux calmes de la pointe sud leur paraissent suffisamment accueillantes, même en janvier, pour les dissuader d’entreprendre ces longs vols en V, si beaux à observer mais épuisants et risqués, qui les menaient naguère dans les eaux chaudes du sud des États-Unis ou du Mexique. Ce sont d’ex-snowbirds.

Tout comme moi. Pendant des années, j’ai fui l’hiver québécois dès que la bise fut venue, préférant la Côte d’Azur, la Costa del Sol, la Floride, l’Arizona, la Californie ou la Baja California pour passer la saison froide. Tout palmier me paraissait plus séduisant qu’un érable qui a perdu ses feuilles d’automne. Tout cactus me semblait plus accueillant qu’un sapin chargé de neige. Si j’avais été fabriqué en Chine, ai-je écrit sur mon blogue il y a dix ans, je porterais une petite étiquette où l’on pourrait lire : « Ne supporte pas les températures inférieures à 10 degrés. Rapetisse quand il manque de soleil. Peut rétrécir et plisser sous la pluie. Devient maussade quand le temps est gris. »

Nous étions en Espagne, ma femme et moi, quand la Covid-19 a frappé, nous forçant à rentrer brusquement au pays de la CAQ. Mais à tout prendre, mieux valait être confiné à son appartement de Montréal que dans une chambre d’hôtel de Madrid, quitte à entendre notre premier ministre parler chaque jour des « aînés vulnérables ».

Depuis, nous ne sommes pas repartis. Que s’est-il passé ? Le premier hiver, on s’est dit que c’était trop tôt, le coronavirus se montrant encore menaçant. Pas question de se retrouver piégés dans un petit logement du Vieux-Nice. Le deuxième, on n’avait pas envie d’aller dans le sud de l’Europe quand la guerre rageait dans le nord. Le troisième, on rechigne à partir. Pourquoi ? Allez savoir ! Dans « Blanc », son nouveau récit de voyage, l’écrivain-aventurier Sylvain Tesson écrit que lorsque le goût de repartir disparaît, c’est qu’on a vieilli. Peut-être est-ce simplement ce qui nous arrive.

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Nous avions songé un temps à visiter l’Europe, mais en train. Nous serions partis pendant des mois, voire une année entière, seulement avec nos sacs à dos, allant de ville en ville pour revisiter des lieux qui nous sont chers ou pour en découvrir de nouveaux. C’était un beau projet, qui nous rappelait notre road-trip de vingt mois en Amérique, de l’automne 2013 au printemps 2015. Mais à la réflexion, il m’a semblé que le temps était révolu de nous éloigner si longtemps de nos proches. Avec l’âge, ils nous sont devenus de plus en plus chers.

Nous passerons donc l’hiver au Québec pour la troisième fois d’affilée, mais pour la première fois à L’Île-des-Sœurs. L’automne a été si clément jusqu’ici que l’appréhension n’est, pour l’heure du moins, pas trop grande. Nous espérons que les sentiers enneigés des boisés de l’île nous feront oublier la douceur de la promenade des Anglais à Nice. Nous souhaitons que la beauté spectaculaire des aurores et des crépuscules dissipe la nostalgie des canyons de l’Arizona ou de l’Utah.

Ma frangine, qui est aussi ma voisine, m’assure aussi que de regarder la neige tomber pendant qu’on baigne voluptueusement dans le jacuzzi du Vistal, au rez-de-jardin, est quasiment paradisiaque. Peut-être y chanterai-je :

Ah ! que les temps s’abrègent

Viennent les vents et les neiges

Vienne l’hiver en manteau de froid

Vienne l’envers des étés du roi…

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Le bonheur à L’Île-des-Sœurs

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Nous sommes à L’Île-des-Sœurs depuis moins d’une semaine, mais nous y sommes déjà bien installés. Et heureux !

Le déménagement, pourtant, avait mal commencé. D’abord, les déménageurs sont arrivés en retard. Et surtout, les gestionnaires d’Humaniti avaient changé la façon de procéder : plus question de laisser un camion en face de l’immeuble. Ça fait mauvais genre, sans doute. Il fallait désormais garer le véhicule dans la cour intérieure, près du monte-charge de l’hôtel. Ce qui obligeait les déménageurs à descendre les meubles et les boîtes au sous-sol, à les transporter de l’autre côté du grand stationnement intérieur, puis à les mettre dans le monte-charge pour finalement les déposer dans le fourgon. Bref, une procédure sans bon sens, qui allongeait considérablement le temps.

île2À tel point qu’il était déjà 14 h 30 quand nos deux hommes, qui avaient travaillé pendant cinq heures sans même s’arrêter pour manger, ont fini par déposer le dernier objet dans leur camion.

L’ennui, c’est qu’au Vistal où nous nous en allions, nous avions réservé la plage horaire de 13 h à 17 h. J’appelle en catastrophe la responsable de la copropriété. Elle est prête à prolonger le temps qui nous est imparti jusqu’à 18 h, mais pas une minute de plus. Ça paraît à tout le monde un peu juste. Heureusement, nos deux costauds sont particulièrement zens. Contre un supplément très raisonnable, ils acceptent de venir décharger le camion le lendemain matin. Au Vistal, on nous accommode en nous réservant une chambre d’invités pour la nuit. Et comble de bonheur, ma sœur Jocelyne et son mari Guy nous reçoivent divinement à souper ! De quoi nous serions-nous plaints ?

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Bientôt à L’Île-des-Sœurs

vistal4Lundi dernier, nous ne savions même pas si notre demande de résiliation du bail allait être acceptée. Nous venions tout juste d’envoyer un courriel à Humaniti. Dès le lendemain, la nouvelle arrivait : oui, nous pourrions partir, à un mois d’avis. On ne pouvait demander mieux. « Nous quitterons Humaniti très probablement cet automne, à notre retour de la Gaspésie, ai-je aussitôt écrit sur Facebook, ajoutant : Il nous faut déménager encore une fois, mais nous serons heureux de le faire. Reste juste à savoir où. Les visites commencent dès demain. »

Dès le lendemain, en effet, nous avons visité deux appartements à L’Île-des-Sœurs, tous deux au Vistal, un beau complexe de la Pointe-Sud. Le surlendemain, nous sommes allés voir un autre logement, à Verdun cette fois. Il était très bien rénové  et de surcroît pas très cher. Mais le quartier environnant, malgré le beau parc linéaire, faisait trop ville à notre goût. Le temps était venu d’aller nous établir au beau milieu du fleuve.

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Un Zemmour venu d’Égypte

Au cours d’une promenade dans le Vieux-Port, nous arrêtons, ma compagne et moi, sur un banc pour faire une pause. Un homme s’approche de nous et la conversation s’engage. Nous apprenons qu’il est arrivé à Montréal, depuis l’Égypte, pendant l’année de l’Expo. Une belle époque, nous dit-il, dont il éprouve la nostalgie.

Sa remarque nous interpelle. Il nous arrive aussi de regretter cette période où le Québec de la Révolution tranquille s’ouvrait au monde. La Belle Province était alors bien plus progressiste qu’identitaire. Mais nous découvrons rapidement que, si notre interlocuteur s’ennuie du Montréal des années soixante, ce n’est pas pour les mêmes raisons. Au contraire, il s’agit d’un admirateur d’Éric Zemmour, ce polémiste d’extrême droite qui a presque réussi à faire passer Marine Le Pen pour une modérée, pendant la dernière élection présidentielle en France.

Je le soupçonne de faire partie de cette minorité chrétienne qui a quitté l’Égypte de Naser, où elle n’était plus la bienvenue. Bingo ! J’ai raison. Pour lui, il y a les bons immigrants, ceux de l’après-guerre, issus justement de pays chrétiens, et les mauvais immigrants, ceux d’aujourd’hui, venus de pays musulmans. En quelques minutes, nous entendons tous les préjugés sur l’islam : « Ces gens-là ne s’intègrent jamais, ce sont des profiteurs, ils vont finir par nous remplacer, vous verrez ! » Sans compter cet incontournable : « Les infidèles doivent être égorgés ; si, si, c’est écrit dans le Coran. ! »

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Chant des oiseaux et bruit

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Dimanche dernier, retour au Jardin botanique, toujours magnifique ! À l’entrée, il est vrai, les tulipes, abondantes et colorées le mois dernier, avaient laissé leur place à des fleurs qui n’ont pas encore atteint leur maturité. La floraison des lilas, des magnolias et des rhododendrons était aussi terminée. En revanche, la roseraie, en dormance il y a peu, était splendide.

Mais ce qui m’a le plus frappé cette fois, c’est le chant des oiseaux. La gent ailée serait-elle sortie de la pandémie elle aussi ? Contrairement au centre-ville, il n’y a pas que des moineaux ici. Je ne pouvais identifier tous ces gazouillis qui me ravissaient, mais ils étaient enchanteurs. On les entendait d’autant mieux qu’une fois dans le Jardin, le bruit des autos s’estompe jusqu’à disparaître. On a l’impression de ne plus être dans une grande ville.

Près d’un des étangs, nous nous sommes installés sur un banc, Lise et moi, pour casser la croûte. Quatre jeunes ont fait de même, mais ils avaient glissé, entre leurs sandwiches, leur musique et un haut-parleur. Leur choix n’était pas mauvais ; il était même assez près de nos goûts. Mais nous vivons à l’angle des rues Viger et de Bleury, là où passent, outre le flot incessant des autos, des camions, des bus, des motos, des ambulances, des camions de pompiers, et c’est sans compter des voitures survoltées. Je ne me plains pas ; c’est notre choix. Mais quand on vient au Jardin, ce n’est pas pour entendre de la musique. C’est pour le chant des oiseaux, le vent dans les fleurs, le silence. D’autant qu’on a pour voisine une terrasse où sévissent, plusieurs jours par semaine, des DJ.

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Fini le REM de l’Est au centre-ville

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J’ai poussé un soupir de soulagement quand j’ai appris que le REM de l’Est ne passerait pas par le centre-ville de Montréal. Le réseau de trains légers devait surgir des entrailles de la terre, à quelques centaines de mètres de chez moi, pour poursuivre sa route sur une voie surélevée qui aurait défiguré à jamais le boulevard René-Lévesque avant d’aller démolir le parc Morgan le long de la rue Notre-Dame.

Certes, les piliers de béton auraient été peinturés en blanc, comme le souhaitait le premier ministre Legault. Ce qui les aurait rendus encore plus attrayants pour les graffiteurs, nombreux dans cette ville où la police, qui préfère diriger la circulation, les laisse salir à leur guise.

Certes, une promenade aurait été aménagée sous cette grosse structure. Jolie peut-être. Mais qui serait allé se balader sous une voie où devaient passer des trains toutes les deux minutes ? Pour ma part, j’aurais continué à aller me promener du côté du Vieux-Montréal.

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