Jeunes filles au cellulaire
Mercredi soir, j’ai assisté à une conférence. Devant moi, trois jeunes filles ont passé une bonne partie de ces deux heures à consulter leur téléphone cellulaire. Jusque-là, rien de surprenant. Moi qui vis dans un immeuble où la plupart des gens ont moins de 30 ans, je n’avais pas de mal à les imaginer le téléphone à la main, que ce soit dans la rue, dans l’ascenseur, au gymnase, à la piscine ou au restaurant.
Sauf que ce soir-là, elles assistaient à une conférence sur la méditation. Elles étaient venues entendre, à 40$ le billet, le moine Matthieu Ricard expliquer que la méditation est un entraînement à la pleine conscience, précisément le contraire du multitâches.
À quelques reprises, je suis venu à deux doigts de taper sur l’épaule d’une des jeunes filles tant la clarté de l’écran ouvert dans la pénombre m’agaçait. Mais comme le conférencier ne cessait de parler de bienveillance, d’amour altruiste et de paix intérieure, je me suis retenu. Le moment me semblait particulièrement malvenu de me montrer irritable et désagréable.
À la fin, une des trois a demandé au vieux moine comment faire pour ne pas s’endormir en méditant. Ricard lui a lancé avec un grand sourire : « Réveillez-vous ! », ajoutant : « Si on s’ennuie pendant la méditation, ce n’est pas parce que la méditation est ennuyeuse. » Et il s’est retourné pour répondre à une autre question.