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Archives de octobre, 2017

Jeunes filles au cellulaire

(Crédit photo : Rozenn Nicolle)

Mercredi soir, j’ai assisté à une conférence. Devant moi, trois jeunes filles ont passé une bonne partie de ces deux heures à consulter leur téléphone cellulaire. Jusque-là, rien de surprenant. Moi qui vis dans un immeuble où la plupart des gens ont moins de 30 ans, je n’avais pas de mal à les imaginer le téléphone à la main, que ce soit dans la rue, dans l’ascenseur, au gymnase, à la piscine ou au restaurant.

Sauf que ce soir-là, elles assistaient à une conférence sur la méditation. Elles étaient  venues entendre, à 40$ le billet, le moine Matthieu Ricard expliquer que la méditation est un entraînement à la pleine conscience, précisément le contraire du multitâches.

À quelques reprises, je suis venu à deux doigts de taper sur l’épaule d’une des jeunes filles tant la clarté de l’écran ouvert dans la pénombre m’agaçait. Mais comme le conférencier ne cessait de parler de bienveillance, d’amour altruiste et de paix intérieure, je me suis retenu. Le moment me semblait particulièrement malvenu de me montrer irritable et désagréable.

À la fin, une des trois a demandé au vieux moine comment faire pour ne pas s’endormir en méditant. Ricard lui a lancé avec un grand sourire : « Réveillez-vous ! », ajoutant : « Si on s’ennuie pendant la méditation, ce n’est pas parce que la méditation est ennuyeuse. » Et il s’est retourné pour répondre à une autre question.

La marche nordique, afghane, indienne

Notre long été semble bel et bien terminé. Hier matin, quand je suis sorti pour ma promenade, il ne faisait que 5 degrés. C’était d’autant plus frisquet que la rue de L’Inspecteur est venteuse. Mais il ne faut pas trop se vêtir pour autant, car la température monte vite avec la marche nordique.

Je ne me plains pas de cette fraîcheur automnale. On peut marcher à fond, sans risque de surchauffe. Il manquait un peu de soleil, mais il ne pleuvait pas. Il n’y a que la pluie, ou la paresse, pour me garder chez moi. Si elle est légère (la pluie, pas la paresse), je sors. S’il tombe des cordes toutefois, j’allonge ma séance de yoga ou je me rends au gymnase de l’immeuble. Mais je n’adore pas marcher sur un tapis roulant face à une fenêtre givrée. Je préfère, et de loin, le canal de Lachine, d’où j’ai une belle vue sur Griffintown et sur le centre-ville. Et c’est sans compter la vue sur l’eau, toujours changeante, toujours agréable.

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La bataille des sexes

Emma Stone est une grande actrice qui peut tout aussi bien jouer les femmes fatales que les brunettes à lunettes.

Quand j’ai su qu’Emma Stone allait jouer le rôle de Billy Jean King, j’ai tiqué. Non que je n’aime pas la star oscarisée de La La Land ; c’est au contraire une de mes actrices préférées. Mais je n’arrivais pas à imaginer la comédienne aux cheveux blonds et aux yeux bleus dans la peau de l’ex-championne de tennis. Dix minutes après le début de Battle of the Sexes, mes doutes étaient définitivement balayés. Emma Stone est une grande actrice qui peut tout aussi bien jouer les femmes fatales que les brunettes à lunettes.

Battle of the Sexes n’est pas vraiment un film sur le tennis, bien que l’affrontement entre la meilleure joueuse de son époque et Bobby Riggs, un vieux champion de 55 ans, en soit le point d’orgue. C’est avant tout une œuvre sur la bataille des femmes pour l’égalité. Il faut savoir que, au début des années 70, les dames gagnaient douze fois moins que les messieurs au tennis. C’est dans ce contexte que King crée en 1973 la WTA (Women’s Tennis Association), dont elle devient la première présidente.

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Œil au beurre noir pour la télé française

Christine Angot et Sandrine Rousseau dans «On n’est pas couché».

J’ai déjà dit à quelques reprises toute l’affection que j’ai pour On n’est pas couché, émission que je préfère de beaucoup à notre Tout le monde en parle. Mais peut-être devrais-je commencer à parler de cet attachement au passé tant la nouvelle année me déçoit jusqu’ici.

La raison tient beaucoup à l’arrivée de Christine Angot en remplacement de Vanessa Burggraf. Vanessa, c’était déjà un étage au-dessous de Léa Salamé, qui, pendant deux ans, avait permis à ONPC d’atteindre des sommets. Mais avec Angot, là vraiment, on est descendu au sous-sol. Passons vite sur le fait qu’elle est aussi chaleureuse qu’un congélateur pour s’en tenir à ses commentaires. Longs, pour ne pas dire interminables, imprécis, flous, souvent confus. On se demande où elle veut en venir. Bref, avec elle, on s’ennuie.

Ce serait un moindre mal si Yann Moix, l’autre chroniqueur de l’émission, était excellent. Mais l’écrivain était déjà depuis deux ans l’élément faible du tandem. Lui aussi est mauvais intervieweur, ses propos sont souvent obscurs et ses jugements sont aussi blessants que discutables. Il est vrai qu’il peut être drôle, voire lumineux à l’occasion. Le plus souvent toutefois, il est pénible.

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Enfin du bon cinéma !

Sophie Nélisse crève l’écran dans «Et au pire on se mariera».

Je me réjouis que la saison des « blockbusters » soit enfin terminée. Il me semble qu’elle s’est éternisée cette année. Je n’ai rien contre les superproductions. Je m’en suis même tapé quelques-unes. J’ai bien ri en voyant le deuxième épisode de Bon Cop Bad Cop. En revanche, je ne me suis jamais décidé à aller voir De père en flic 2. J’avais trop peur de m’ennuyer après avoir vu, au moins une douzaine de fois, tous les gags du film entassés dans la bande-annonce. Le hic, c’est qu’en dehors de ces machines à faire des sous, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent cet été. Mais voilà que l’automne nous ramène des œuvres plus consistantes.

J’avais hésité à aller voir Et au pire on se mariera. Mais je suis bien heureux de ne pas m’être laissé arrêter par la critique négative de La Presse. J’ai même été bouleversé par ce film de Léa Pool. En regardant les commentaires laissés sur le site de Cinéma Montréal, on peut voir que ce long métrage suscite des réactions passionnées. On aime beaucoup ou on déteste, personne apparemment ne restant tiède devant cette histoire d’une adolescente amoureuse d’un homme plus vieux qu’elle. Même si j’ai trouvé cette œuvre forte, je peux comprendre qu’elle en rebute certains. J’ai du mal à m’expliquer, par contre, qu’on puisse trouver Sophie Nélisse quelconque dans le rôle principal. À mon avis, cette jeune comédienne lancée par Monsieur Lazhar crève l’écran. (suite…)

Un samedi sans opéra

Cet après-midi, je me suis rendu au Cineplex Forum pour voir l’opéra Norma. Je n’avais pas acheté mon billet en ligne, convaincu qu’il ne manquerait pas de sièges par cette matinée pluvieuse, d’autant que le chef d’œuvre de Bellini était présentée dans trois salles à Montréal. Erreur ! Les vrais amateurs d’opéra ne sont pas gens à se laisser décourager pour une pluie fine du mois d’octobre. Il restait bien de rares places dans l’ancien Forum, mais elles étaient mal situées. J’ai préféré rebrousser chemin, mais non sans avoir vu entrer la foule de ceux qui avaient eu la sagesse de réserver leurs billets.

Ils n’étaient pas chic comme un soir de première à l’Opéra de Montréal, mais bien mis tout de même. Beaucoup mieux en tout cas que la faune habituelle des cinémas. Vieux aussi. Même plus vieux que moi, ce qui n’est pas peu dire. Du coup, j’ai eu l’impression de me retrouver à Naples, dans le sud-ouest de la Floride. Lors de mon dernier voyage, j’avais noté, dans un supermarché de cette ville cossue, que la clientèle était si âgée qu’il faudrait installer quelques défibrillateurs et deux ou trois bornes d’oxygène pour que les gens puissent reprendre leur souffle. Mais heureusement dans ce multiplexe, le grand escalier qui mène au dernier étage, où était projetée l’œuvre, est mécanique. Pas besoin de canne pour le gravir.

Je suis reparti en me disant que l’opéra avait sans doute une date de péremption. Quand ma génération aura disparu, le genre mourra également. On gardera juste quelques CD et quelques DVD pour montrer aux jeunes générations ce qu’était ce grand art qui voulait intégrer tous les autres.

Franglais, chiac et franglais plus

Je croise deux jeunes hommes le long du canal de Lachine. « Il faut juste que tu te set-up, according to me… » dit l’un d’eux. On emploie habituellement le terme franglais pour désigner un français émaillé d’emprunts à l’anglais ou de calques de l’anglais. Mais le français reste dominant.

Dans la phrase citée ci-dessus cependant, on est plus proche du chiac du Nouveau-Brunswick que du franglais québécois. Le chiac, en effet, mélange allégrement mots français et mots anglais. Un exemple classique, cité par Wiki : « Espère-moi su’l’corner, j’traverse le chmin et j’viens right back. »

Une partie de notre belle jeunesse montréalaise parle maintenant un sabir semblable. Certains y verront les effets pervers du bilinguisme dans la métropole. Mais pour moi, c’est plutôt le contraire du bilinguisme véritable. Comme l’a souligné récemment Xavier Dolan, il ne faut surtout pas mal apprendre le français et mal apprendre l’anglais. Autrement, on finit par mêler maladroitement l’un et l’autre, créant une langue hybride et pauvre, qui réunit à la fois mauvais français et mauvais anglais.

On aurait tort de penser que ce « franglais plus » est le lot exclusif des enfants de la loi 101. Selon mes observations, ce serait plutôt le contraire. L’accent du jeune homme entendu ce matin ne laissait en tout cas aucun doute : c’était celui d’un francophone de naissance.