Voyages, lectures, films, séries, impressions, humeurs, la vie quoi!

Le titre vous fait peut-être penser à une nouvelle histoire d’horreur, mais ce n’en est pas une, bien au contraire. Tout a commencé vers 11 h samedi quand j’ai reçu un coup de fil. C’était une inconnue qui m’annonçait que ma compagne venait de faire une vilaine chute en allant courir le long du sentier de la Pointe-Sud. Dans ma tête, j’ai entendu les premières mesures, jouées fortissimo, de la 5e Symphonie de Beethoven.

La dame du téléphone et les siens ont ramené Lise à la maison. Il y a de bien bons samaritains à L’Île-des-Soeurs ! Mon amoureuse était visiblement amochée. Ses vêtements étaient pleins de terre et elle tenait péniblement son bras droit. Il n’était pas nécessaire d’être médecin pour deviner que l’épaule droite était disloquée. Encore moins pour voir que Lise souffrait. Je la connais bien : elle est dure au mal. Mais là, ses limites étaient dépassées. Elle n’en menait pas large. Moi non plus d’ailleurs.

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La bande-annonce de Sur la terre comme au ciel m’avait interpellé. Le film de Nathalie Saint-Pierre ne m’a pas déçu. C’est l’histoire de Clara, une adolescente qui vit avec sa sœur et ses parents à la campagne, au sein d’une secte religieuse. J’allais ajouter « fermée », mais ce serait redondant, car un tel groupe peut-il exister sans intransigeance et sans contrainte ?

Lorsque son aînée disparaît, Clara part en secret pour Montréal dans l’espoir de la retrouver. Il faut la voir arriver dans la grande ville bruyante, munie d’une petite photo de sa sœur Sarah et de l’adresse de sa tante Louise, qui ne l’a jamais vue et qui se montrera fort surprise de la voir subitement débarquer.

Clara aura dix jours pour retrouver Sarah, mais il ne s’agit pas d’une suspense, on s’en doute. Sur la terre comme au ciel est plutôt le récit d’une belle initiation à la liberté et au libre arbitre. On pourrait dire que Clara aura dix jours pour se retrouver, elle.

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Quand Gemini hallucine

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J’aime bien me servir des outils de l’intelligence artificielle que les grands de l’informatique mettent à notre disposition. J’utilise Copilot depuis que Microsoft l’a intégré à ses logiciels, l’année dernière. Et depuis quelque temps, je recours aussi à Gemini, que Google a couplé à son célèbre moteur de recherche. L’un et l’autre sont devenus mes fidèles collaborateurs pour la rédaction de mes carnets.

Dans la majorité des cas, les informations que m’apportent ces deux robots, je pourrais les trouver moi-même. Mais il me faudrait bien plus de temps. Une des belles qualités de l’IA, c’est sa stupéfiante rapidité.

Il faut ajouter que l’IA m’apporte parfois des réponses que je n’aurais pas dénichées autrement. Je me souvenais, par exemple, d’une étude célèbre sur la soumission à l’autorité. L’ennui, c’est que cette recherche datait des années soixante et que j’avais beau avoir écrit un article sur le sujet, j’avais oublié le nom de son auteur, le psychologue Stanley Milgram. Qu’importe ! J’ai fait la demande avec le peu d’informations dont je disposais et, bingo ! Gemini a retrouvé les renseignements que je cherchais.

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Dans mon dernier carnet, je déplorais que la récente étude de l’OQLF indiquant que l’utilisation du français est restée stable dans l’espace public, et ce depuis 15 ans, soit passée pour ainsi dire inaperçue. Mais aujourd’hui, et je m’en réjouis, La Presse y consacre deux textes.

Stéphanie Grammond souligne d’abord que la proportion d’allophones utilisant le français dans l’espace public a augmenté de 3,2 points de pourcentage, entre 2016 et 2022. Chez les anglophones, ajoute l’éditorialiste, la hausse a été de 5,6. On est loin, comme je l’écrivais, du discours pessimiste sur le déclin du français au Québec.

Professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval, Jean-Pierre Corbeil souligne pour sa part qu’« au moins 85 % des Québécois utilisent aujourd’hui principalement le français dans les commerces de proximité, les centres commerciaux ou au restaurant ». Autre donnée importante : entre 2010 et 2023, l’usage général (au moins 90 % du temps) du français au travail est demeuré stable,

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musique

L’Orchestre à cordes des jeunes dirigé par Thomasine Leonard.

Samedi, je suis allé entendre l’Orchestre à cordes des jeunes au Conservatoire de musique. J’y étais parce que j’aime la musique, bien sûr, mais aussi parce que je connais la cheffe, Thomasine Leonard, qui sait tirer une belle musicalité de ses jeunes instrumentistes. Mais mon carnet d’aujourd’hui ne porte pas sur la musique.

Ce qui m’a d’abord frappé au dos du programme, c’est la composition de l’orchestre. Peu de Bergeron ou de Lalonde. Mais beaucoup de Peng, de Wang, de Sun, de Nguyen, d’El-Chabab, de Dubovitckii ou de Karlicek. Il n’y a rien là de particulièrement surprenant. Nous sommes à Montréal, ville que les francophones de souche ont largement désertée, préférant l’herbe verte de la banlieue. De plus, la musique nécessite une discipline que l’on cultive sans doute davantage dans les familles immigrantes.

Deuxième constat : ces jeunes musiciens issus de l’immigration étudient la musique en français, langue qu’ils maîtrisent apparemment très bien. Chacune des pièces du concert était présentée par un musicien (deux d’entre eux n’avaient pourtant que huit ans) en français, bien sûr, et qui plus est, dans un excellent français. Je n’ai rien contre le français joualisant qu’on entend beaucoup dans nos séries, nos films ou nos pièces de théâtre, mais il n’est pas souhaitable que ce français « tabarnak » devienne notre langue commune.

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Sébastien Ricard et Lorena Handschin dans « Hôtel Silence ».

On peut d’abord voir Hôtel Silence comme le drame d’un homme désespéré qui envisage de mettre fin à ses jours. Mais très rapidement, la perspective s’élargit. C’est aussi un film sur notre monde incertain et troublé, sur ses guerres. On pense, bien sûr, à Gaza ou à l’Ukraine. Mais aux autres conflits également, car ils finissent tous par se ressembler, dressant les uns contre les autres, suscitant la haine, engendrant peines, douleurs, peurs, souffrances, destructions et traumatismes.

La réalisatrice Léa Pool est parvenue très habilement à recréer cette atmosphère de guerre à partir d’un hôtel qui reprend vie peu à peu et de quelques rues amochées. C’est dans ce climat trouble, au contact de survivants d’un conflit à peine terminé, que le personnage principal d’Hôtel Silence parviendra à donner un sens à son existence. C’est une belle histoire de résilience, touchante, émouvante, pleine d’espoir et d’humanité.

Sébastien Ricard brille dans son rôle de dépressif. La jeune actrice suisse Lorena Handschin, qui lui donne la réplique, se révèle quant à elle une fort belle découverte.

Un mot en terminant sur la musique, qui, comme dans toutes les œuvres de Léa Pool, occupe une grande place. La bande sonore de Mario Batkovic est très réussie, à la fois envoûtante, profonde et bouleversante.

Hôtel Silence ****

Transatlantic

 

Je n’aime pas beaucoup les biopics, comme je l’ai déjà dit. Mais chaque fois que le sujet en paraît intéressant, je me laisse prendre. Ce fut encore le cas avec Transatlantique, qui raconte l’histoire vraie, nous assure-t-on, de Varian Fry et Mary Jayne Gold, ainsi que du Comité de sauvegarde d’urgence (Emergency Rescue Committee). Ces gens-là auraient aidé plus de 2000 réfugiés, artistes et intellectuels pour la plupart, à fuir le régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Alléchant, bien sûr ! Mais c’était sans compter les coups de rabot donnés dans un scénario typiquement américain. Un exemple parmi tant d’autres. Une des personnes qui collabore avec le Comité raconte avoir trouvé un chemin secret pour mener les réfugiés à pied en Espagne. On voit la belle Lisa partir vaillamment avec de petits groupes et les amener dans les Pyrénées en une journée. L’ennui, c’est que plus de 300 kilomètres séparent la ville française des montagnes espagnoles. So what ! se sont sans doute dit les scénaristes. Qui saura en Inde, au Congo ou en Argentine qu’il faudrait plusieurs jours pour franchir une telle distance à pied ?

Autre exemple : tout le monde parle anglais dans cette série, et fort bien. Même les Français. À l’occasion, on entend bien quelques mots dans notre langue. Mais pour l’essentiel, on se croyait dans Emily à Paris. So what ! On évite ainsi ces sous-titres que les Américains trouvent si barbants. Et tant pis pour la vraisemblance ! Après tout, est-ce si grave si l’écrivain André Breton et le peintre Marcel Duchamp discourent dans la langue de Netflix ?

Un dernier exemple : Fry, qui a été marié deux fois et qui a eu trois enfants, est présenté ici comme homosexuel. Selon un de ses fils, Fry était un gay resté dans le placard. Peut-être bien, allez savoir. Mais il serait étonnant que le responsable du Comité de sauvegarde d’urgence ait profité de son séjour marseillais pour vivre une aventure homosexuelle torride, qui aurait mis en péril et sa mission et son entourage. D’autant que l’homosexualité était interdite dans la France de Vichy. Mais so what !

Ah ! j’allais oublier cette scène où Miss Gold joue les James Bond pour faire évader trois prisonniers britanniques d’une prison française. Mais je m’arrête, car la liste des contre-vérités pourrait être longue.

Dans ces conditions, faut-il s’étonner que l’interprétation soit peu convaincante et que l’histoire, bien qu’inspirée de faits réels, paraisse si invraisemblable ?

Je veux bien admettre que Transatlantique compte moins d’extravagances et d’énormités que Catherine de Medicis, autre biopic censé raconter la vie de cette reine française venue de Toscane. Il reste que ces deux séries sont si éloignées de la réalité qu’elles me font penser aux contrefaçons qu’on vend dans les quartiers touristiques de l’Italie. Dans les deux cas, c’est du toc.

Bien sûr, les scénaristes peuvent se permettre quelques libertés. Mais quand ils écrivent une série qui se réclame de l’histoire, un minimum de vérité, il me semble, serait bienvenu.

Vous cherchez une bonne série québécoise. Ce ne sont pas les titres qui manquent. En voici six :

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À cœur battant ****1/2 (Tou.Tv.Extra)

Commençons par la meilleure de toutes. On peut en voir une saison et demie sur l’Extra de Tou.Tv. Avant même d’en connaître le dénouement cet automne, on peut d’ores et déjà affirmer que c’est de la grande télé.

Eh oui, c’est dur ! La violence conjugale est une thématique lourde, qui effraie bien des gens. Moi-même, j’ai hésité avant d’y plonger. Mais tout ce que j’aurais manqué ! Cette série est à la fois forte et intense, mais nuancée. Les deux personnages principaux s’entendent pour lutter contre la violence familiale. Mais ils s’opposent souvent, tant leurs visions sont inconciliables. Gabrielle Laflamme (remarquable Ève Landry) est une procureure de la Couronne qui cherche à obtenir les condamnations les plus sévères pour les hommes violents. Christophe Lallier (Roy Dupuis, non moins remarquable) cherche au contraire leur rédemption.

J’attends déjà impatiemment la grande finale cet automne.

Doute raisonnable **** (Tou.Tv.Extra)

Avec Doute raisonnable, nous avons droit à du grand polar. Cette série, qui en est à sa troisième année et qui heureusement va se poursuivre, mérite une place parmi les classiques du genre. Tout tourne autour d’Alice Martin Sommer (brillamment interprétée par Julie Perreault), une policière qui a fait des études en déviances sexuelles. On ne sera donc pas surpris que toutes les intrigues soient construites autour de dépravations, de perversions ou de vices. Il est beaucoup question aussi de la violence faite aux femmes.

Élément important : il y a dans la personnalité de l’enquêteuse un côté trouble dont je ne vous dirai rien, mais qui rend le personnage particulièrement complexe.

Alice forme avec Frédéric Masson (Marc-André Grondin) un tandem qui fonctionne très bien. Dans la petite équipe qui les entoure, chacun joue bien sa partition.

Au secours de Béatrice ****  (Netflix)

série 3J’avais complètement raté cette série touchante et lumineuse, diffusée sur TVA de 2014 à 2018. À cette époque, j’étais la plupart du temps sur les routes d’Amérique à bord de notre autocaravane. Mais voilà que Netflix vient d’en faire l’acquisition, ce qui lui assure une deuxième vie. C’est d’autant plus sympa qu’Au secours de Béatrice a bien vieilli. À voir donc, ou à revoir.

On y suit pendant quatre années, toutes excellentes, Béatrice Clément, qui dirige vaillamment les urgences d’un hôpital, mais dont la vie personnelle va tout de travers. Ce qui l’amène à consulter un psychologue. Tous les épisodes commencent d’ailleurs par une séance chez le psy, où Gabriel Arcand donne superbement la réplique à Sophie Lorrain. Mais la série ne se résume pas à une longue thérapie, tant s’en faut. On y découvre à la fois la vie dans les urgences ainsi que les hauts et les bas de tout l’entourage de Béatrice.

Un des aspects qui m’a particulièrement touché, c’est la foi de l’autrice, Francine Tougas, en la capacité des êtres humains de s’améliorer et de prendre leur destin en main.

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Passons maintenant du côté hilarant de nos séries. Il faut bien avouer que, de temps à autre, cela fait grand bien de rire.

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C’est ainsi que je t’aime **** (Tou.Tv.Extra)

Si vous avez aimé les deux premières années de C’est ainsi que je t’aime, cette comédie de situation québécoise, vantée jusque dans les pages du grand New York Times, vous allez adorez la troisième et dernière année. Soyons pointilleux : il y a bien, çà et là, un petit coup de mou. Mais si peu. Et le dernier épisode, absolument réussi, vous les fait complètement oublier.

Dans l’œil du cyclone **** (Tou.Tv.Extra)

série 5Les nouveaux épisodes de cette série qui met en vedette Christine Beaulieu, à la tête d’une petite famille monoparentale, sont toujours aussi drôles. Fait rare, cette série est scénarisée par au moins une dizaine d’auteurs. Ce qui explique peut-être que toutes les scènes fassent mouche. Dans l’œil du cyclone, on ne s’ennuie jamais. Les gags s’enchaînent sans arrêt. C’est tordant, tout en étant très juste dans l’observation de la société ! Et c’est tellement bien joué !

La médiatrice **** (Tou.Tv.Extra)

Belle surprise que cette petite série où l’on voit une médiatrice, reconnue pour son approche bienveillante dans les causes de divorce, perdre complètement les pédales. C’est fou, inattendu et désopilant ! Du bonbon !

marche

Dimanche matin, je suis allé marcher avant même le petit déjeuner. La neige tombée la veille était encore d’un blanc étincelant. Le mercure stagnait à moins 5 degrés. Mais ce n’était pas vraiment frisquet, car il faisait soleil. Contrairement aux derniers jours aussi, il n’y avait pas de vent. C’était bien agréable, d’autant que les oiseaux, revenus en grand nombre, chantaient. Tout le contraire d’hier. Regarder la neige tomber du 12e étage n’était pourtant pas déplaisant. Mais j’ai rechigné toute la journée à mettre le nez dehors.

J’ai jeté un œil aux températures pour les prochains jours. Pas mal de soleil. Mardi, on devrait franchir la barre des dix degrés. Juste à lire les prévisions, je me sens revivre. Je suis heureux que le printemps arrive enfin. Non pas que l’hiver ait été particulièrement difficile. Mais comme vous le savez, ce n’est pas ma saison favorite. Quand les oiseaux partent pour le sud et que la bise arrive, je fais le dos rond et j’attends que ça passe. Quatre mois, c’est quand même un peu long.

Une des raisons pour lesquelles je n’aime pas tellement la saison froide, c’est que je marche moins. Quand il vente froid, j’ai zéro plaisir à marcher. Que du déplaisir ! La glace sur les trottoirs ou dans les sentiers me fait peur aussi. J’ai beau m’être muni d’une panoplie de crampons, je crains toujours la chute. D’autant qu’à mon âge, les risques de blessure sont plus élevés.

Or la marche est essentielle à ma santé. Physique bien sûr, mais aussi mentale. Pour être en bonne forme dans sa vieillesse, il n’est pas nécessaire de courir le marathon ou sa version courte, le demi (21 km tout de même). Marcher demeure le mode d’exercice le plus simple, le moins risqué et peut-être le plus efficace.

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J’ai beaucoup hésité avant d’aller voir Lucy Grizzli Sophie. La bande-annonce ne m’avait vraiment pas accroché. Mais j’ai vite compris en voyant ce film que son avant-coureur ne pouvait pas en dévoiler davantage. C’est que le nouvel opus d’Anne Émond nous réserve une énorme surprise. Encore faut-il la mériter.

Dès le début, la réalisatrice instaure une atmosphère lourde et tendue. Le lieu est pourtant plutôt joli : une maison d’hôte près d’un lac. Mais les éclairages sont blafards, les cadrages serrés, oppressants. On ne saisit pas ce qui se passe, mais on devine vite que quelque chose ne va pas.

Peu à peu, on découvre ce qui est arrivé de terrible à Sophie, qui a abouti, on ne sait pas trop pourquoi, dans ce gîte tenu par une dame d’un certain âge et son colosse de neveu. Mais on ne comprend pas pour autant le comportement bizarre, insolite, inexplicable de l’étrangère.

Voilà, je ne vous en dirai pas plus. Mais sachez qu’au-delà du suspense, le film nous en apprend beaucoup sur la violence et la misogynie des réseaux sociaux quand ils deviennent asociaux. L’œuvre en dit beaucoup aussi sur la masculinité toxique. J’aime bien ce commentaire sur le site de Cinéma Montréal : « Voilà un film qui ferait du bien… s’il ne faisait pas aussi mal ! »

Ah ! J’allais oublier : les acteurs sont formidables, notamment Guillaume Cyr, qui trouve ici un rôle à sa (dé)mesure. Il faut souligner également le solide scénario de Catherine-Anne Toupin à partir de sa propre pièce, La meute.