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Archives de mars, 2022

« L’œil du cyclone », un petit chef-d’œuvre !

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J’ai un peu hésité à entrer dans « L’œil du cyclone ». Ce n’est pas que je n’aime pas Christine Beaulieu, notre Miss Hydro-Québec, qui en est la comédienne principale. Mais l’histoire d’Isabelle, qui vit quotidiennement au cœur de la tempête, avec ses jumeaux Emma et Jules, et sa fille aînée Jade, ne m’attirait pas particulièrement. D’autant que chaque épisode ne raconte pas une ou deux histoires. C’est plutôt un enchaînement de petits sketches qui n’ont pas nécessairement de liens entre eux. D’habitude, c’est une formule qui me lasse vite. Mais fort heureusement, je ne suis pas passé à côté de cette hilarante comédie, une des meilleures séries jamais produites par la télé québécoise.

Comment expliquer pareille réussite ?

Primo, par la qualité des dialogues, qui font mouche à tout coup. Il faut dire qu’on n’a pas lésiné ni sur la qualité ni sur la quantité. Au générique, une vingtaine d’autrices et d’auteurs se partagent les histoires et les répliques. Une collaboration rarissime, sinon unique au Québec.

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Quelques réflexions sur les Oscars

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PHOTO : AFP VIA GETTY IMAGES / ROBYN BECK

Je n’ai vu « CODA ». Je ne peux donc juger si ce remake de « La famille Bélier », où brillait notamment Louane, méritait l’Oscar du meilleur film. Mais soyons honnête, je me réjouis de ce que le prix ait échappé à « The Power of The Dog ». Je suis bien conscient que le film de Jane Campion ne manque pas d’admirateurs, y compris dans mon entourage, qui vont jusqu’à crier au chef-d’œuvre. Mais son nouvel opus a suscité chez bien des cinéphiles, et j’en suis, un grand ennui plutôt qu’un grand enthousiasme. On s’est beaucoup extasié sur les belles images de ce western atypique. Mais quand on voit trop la beauté des paysages ou les subtilités de la mise en scène, c’est souvent parce que le scénario est un peu faiblard. À mon avis, c’était le cas de ce film sur la masculinité toxique.

Je suis en revanche ravi que « Drive My Car » (Conduis mon char, en mauvais québécois) ait remporté l’Oscar du meilleur film étranger. Cette œuvre de trois heures sur le deuil est exigeante. Mais les tourments des personnages s’apaisent dans une finale magnifique et cathartique, où résonnent les dernières répliques d’« Oncle Vania ». « Que faire ? Il faut vivre ! Nous vivrons, oncle Vania ! Nous supporterons patiemment les épreuves que nous enverra le destin. »

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Le bonheur et la guerre

La retraite de Barty et le palmarès du bonheur m’ont amené à me demander si j’étais moi-même heureux. Ce n’est pas un nouveau questionnement. Je me pose la question chaque année la veille de mon anniversaire et je réponds toujours oui, depuis que je suis devenu vieux. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant, car contrairement au mythe de la jeunesse, rappelle L’actualité, c’est après 65 ans qu’on est le plus heureux.

J’ai bien vécu les deux années de pandémie. J’en suis d’ailleurs fier. Mais je vis péniblement l’invasion de l’Ukraine. Vous allez me dire que je suis pourtant loin des bombes. Il me semble les entendre éclater. Sans doute ont-elles réveillé les terreurs d’un enfant né à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, qui a grandi pendant la Guerre froide et son équilibre de la terreur. Le retour des guerres impérialistes et de la menace nucléaire, au moment où l’humanité est confrontée au grand défi des changements climatiques, me rend pessimiste quant à l’avenir de l’humanité. La barbarie de Poutine, soutenu dans son délire par le peuple russe, a ravivé ma misanthropie. D’autant que nous sommes tous un peu responsables de cette guerre sale, financée par notre addiction collective aux énergies fossiles.

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La Finlande, pays du bonheur

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Il est où, le bonheur, il est où ? demande Christophe Maé dans une chanson. Selon le « World Happiness Report », une étude annuelle commanditée par les Nations Unies, il est encore en Finlande, désignée pour la cinquième année de suite comme « le pays le plus heureux du monde », « Avec une note de 7,82 sur 10, pouvait-on lire sur le fil de France-Presse, le pays nordique de 5,5 millions d’habitants devance le Danemark, l’Islande, la Suisse et les Pays-Bas, dans un haut du classement inchangé et dominé par les pays européens et d’Europe du Nord en particulier. » Le Canada est 15e (selon L’actualité, le Québec, seul, occuperait un meilleur rang).

Ce qui me frappe dans ce classement, c’est qu’on y retrouve en tête de peloton des petits pays démocratiques qui ne sont pas en quête d’une place grandiose et d’une importance illusoire. Pardonnez le manque d’ambition, mais on s’y contente d’être heureux. Pas de Poutine ou de Trump pour tenter de redonner sa grandeur à la Finlande ou au Danemark.

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Le bonheur d’Ashleigh Barty !

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Photo Dosrgdfnews

La retraite surprise d’Ashleigh Barty, meilleure joueuse de tennis au monde et 25 ans seulement au compteur, est survenue à un moment où je réfléchissais sur le bonheur. « Je suis tellement heureuse, a-t-elle justement confié à Casey Dellacqua, son ancienne partenaire de double. Je sais que dans mon cœur, c’est la bonne chose à faire. »

Ce n’est pas Sonja Lyubomirsky, autrice de « Qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux », qui va contredire la championne australienne. « La richesse extrême, la réussite, la passion amoureuse ou la gloire médiatique ne rendent heureux que momentanément », rappelle-t-elle.

Pour le moine bouddhiste Matthieu Ricard, auteur du « Plaidoyer pour le bonheur », la quête de la félicité passe par une réduction de l’importance du moi. Il semble bien que ce soit le cas de Barty, dont on a souvent noté l’absence de prétention par rapport à son statut de numéro 1.

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Inventing Anna **1/2

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Julia Garner dans « Inventing Anna ».

De prime abord, cette histoire réelle d’une fausse héritière allemande qui réussit à berner la haute société new-yorkaise, au point de la convaincre d’investir 40 millions de dollars dans une fondation bidon, était fascinante. Mais le résultat est quelconque. À qui la faute ?

D’abord à un scénario confus et plein de longueurs. Ses auteurs, comme dans presque tous les biopics américains, n’ont pas résisté à la tentation de trop scénariser, ce qui donne des scènes plus ou moins vraisemblables, qui semblent « arrangées avec le gars des vues », comme on dit au Québec.

Secundo, le jeu des principaux acteurs est décevant, à commencer par celui de Julia Garner. Si la jeune actrice était remarquable dans « Ozark », elle déçoit dans ce rôle d’arnaqueuse sophistiquée. Je n’y ai pas cru une seconde. J’ai lu quelque part qu’elle jouait avec un accent allemand. À mon avis, Garner a autant l’accent allemand que j’ai l’accent chinois. Elle a plutôt cette intonation nasillarde du sud des États-Unis. Pour tenir ce rôle, il aurait fallu une vraie polyglotte, de préférence européenne. (Il y a une vingtaine d’années, Diane Kruger aurait été parfaite.)

Garner ne réussit pas non plus à rendre son personnage attachant. Certes, la vraie Anna Delvey était tellement narcissique qu’elle devait être chiante par moment. Mais elle devait exercer sur les gens une fascination. Sans quoi, comment expliquer qu’elle ait pu embarquer tant de personnes importantes dans ses lubies ? De riches mécènes, des hommes d’affaires chevronnés l’ont suivie aveuglément. Comment expliquer aussi que son avocat lui soit resté fidèle jusqu’au bout et que certaines amies ne l’aient jamais lâchée, même si elles les avaient menées en bateau ?

Anna Chlumsky n’est guère plus crédible dans son rôle de journaliste d’enquête. Il faut reconnaître qu’elle n’est pas aidée par le scénario (on y revient). Les scènes tournées en Allemagne frisent le ridicule, notamment la rencontre, complètement inventée, avec les parents. Le rôle de « groupie » qu’on lui fait jouer pendant le procès n’est guère plus réaliste.

Bref, il y a beaucoup mieux à voir en ce moment.

Quasiment le printemps !

Quand je suis sorti jeudi matin, il faisait une dizaine de beaux degrés. Les nuages s’étaient dissipés, laissant toute la place à un soleil radieux. Les moineaux de la place Riopelle piaillaient de joie dans les buissons. La neige sale fondait, laissant présager la fin du pénible hiver montréalais. Le printemps arrivait avec quatre jours d’avance. J’étais d’humeur joyeuse. J’en oubliais les malheurs de mes proches et l’invasion de l’Ukraine.

J’ai poursuivi ma promenade à travers le Vieux-Montréal où se mêlaient gens du quartier et touristes. J’avais mis la 41e symphonie de Mozart, celle qu’on appelle Jupiter, en raison de son ampleur et de sa puissance. Le compositeur Richard Strauss la considère comme l’œuvre la plus belle qu’il ait écoutée. Quant à moi, je ne connais pas meilleure œuvre pour recharger mes accus et me sentir bien vivant. Le premier mouvement est grandiose. La finale est triomphante et éblouissante.

Au retour, je me suis arrêté au IGA du Complexe Desjardins. Il faisait si beau qu’en sortant j’ai décidé de retourner à l’appartement par l’extérieur. Depuis le début de l’hiver, j’avais pris l’habitude de revenir par les tunnels qui relient Desjardins, Guy-Favreau et le Palais des Congrès. C’était à la fois pour éviter le froid, la glace sur les trottoirs et l’intersection René-Lévesque et Jean-Mance, que je redoute. Non sans raison. Encore une fois, une conductrice pressée a bien failli ne pas respecter la priorité des piétons. Voyant que son auto s’avançait dangereusement sur nous, j’ai crié « merde » en lui montrant sèchement que le feu restait rouge pour elle. Je m’étais juré de ne plus me comporter ainsi. Ce n’est bon ni pour mon cœur ni pour ma zénitude. Mais parfois, c’est plus fort que moi.

Cependant, il faisait trop beau pour rester choqué. J’ai remis le 4e mouvement et je suis rentré d’un cœur léger.

Guerre, climat et paradis

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Bombardements russes en Ukraine (photo sudouest-fr),

Je m’efforce de rester optimiste malgré l’accumulation des mauvaises nouvelles. Mais mardi matin, je l’avoue, j’ai connu une petite déprime. « Difficile d’être optimiste, ai-je écrit sur Facebook, quand un conflit armé d’ampleur internationale éclipse un nouveau rapport particulièrement alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Bref, ce n’est pas la peste OU le choléra, c’est la peste ET le choléra. » J’espère ne pas avoir gâché la journée de qui que ce soit. En tout cas, ce moment de désespoir n’a pas ruiné la mienne.

Il faut dire que c’était un jour au paradis. C’est ainsi que j’appelle les journées où nous nous rendons, Lise et moi, au Bota Bota, ce spa sur l’eau du Vieux-Port. Mardi, pour nous récompenser d’avoir survécu à l’hiver, nous nous étions offert la totale : massages, repas gastronomique et circuit d’eau avec sauna et hammam. Nous ne nous étions pas offerts pareil cadeau au cours des deux derniers hivers, pandémie oblige.

cielJ’ai déjà décrit le charme discret de cet endroit. « Dans ce bateau, réaménagé de fond en comble, tout a été conçu pour que vous soyez aux petits soins. Le charme commence dès la réception, où le personnel, jeune et beau, vous accueille avec le sourire, et dure jusqu’à la fin, où l’on vous souhaite au revoir, toujours avec la bouche fendue jusqu’aux oreilles. Sans doute parce qu’on souhaite vous revoir, mais aussi parce qu’une somme conséquente vient d’être débitée à votre carte de crédit. »

J’ai la chance d’être de ceux qui craignent plus la fin du monde que la fin du mois. Mais le spectre de la fin du monde plane en ce moment au-dessus de nous. Je suis né à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à laquelle les Américains ont mis fin en larguant deux bombes atomiques sur le Japon. Puis, j’ai grandi au temps de la Guerre froide, où certaines personnes étaient si obsédées par la menace nucléaire qu’elles se faisaient construire des abris atomiques. (suite…)