Julia Garner dans « Inventing Anna ».
De prime abord, cette histoire réelle d’une fausse héritière allemande qui réussit à berner la haute société new-yorkaise, au point de la convaincre d’investir 40 millions de dollars dans une fondation bidon, était fascinante. Mais le résultat est quelconque. À qui la faute ?
D’abord à un scénario confus et plein de longueurs. Ses auteurs, comme dans presque tous les biopics américains, n’ont pas résisté à la tentation de trop scénariser, ce qui donne des scènes plus ou moins vraisemblables, qui semblent « arrangées avec le gars des vues », comme on dit au Québec.
Secundo, le jeu des principaux acteurs est décevant, à commencer par celui de Julia Garner. Si la jeune actrice était remarquable dans « Ozark », elle déçoit dans ce rôle d’arnaqueuse sophistiquée. Je n’y ai pas cru une seconde. J’ai lu quelque part qu’elle jouait avec un accent allemand. À mon avis, Garner a autant l’accent allemand que j’ai l’accent chinois. Elle a plutôt cette intonation nasillarde du sud des États-Unis. Pour tenir ce rôle, il aurait fallu une vraie polyglotte, de préférence européenne. (Il y a une vingtaine d’années, Diane Kruger aurait été parfaite.)
Garner ne réussit pas non plus à rendre son personnage attachant. Certes, la vraie Anna Delvey était tellement narcissique qu’elle devait être chiante par moment. Mais elle devait exercer sur les gens une fascination. Sans quoi, comment expliquer qu’elle ait pu embarquer tant de personnes importantes dans ses lubies ? De riches mécènes, des hommes d’affaires chevronnés l’ont suivie aveuglément. Comment expliquer aussi que son avocat lui soit resté fidèle jusqu’au bout et que certaines amies ne l’aient jamais lâchée, même si elles les avaient menées en bateau ?
Anna Chlumsky n’est guère plus crédible dans son rôle de journaliste d’enquête. Il faut reconnaître qu’elle n’est pas aidée par le scénario (on y revient). Les scènes tournées en Allemagne frisent le ridicule, notamment la rencontre, complètement inventée, avec les parents. Le rôle de « groupie » qu’on lui fait jouer pendant le procès n’est guère plus réaliste.
Bref, il y a beaucoup mieux à voir en ce moment.