La chatte qui m’avait choisi
J’ai passé ensuite bien des années sans animal de compagnie. Mes parents ont fini par avoir un chien, un beau cocker blond, plutôt rigolo, mais j’étais déjà parti étudier à Québec. Slogo était très content de me voir quand je retournais à Trois-Rivières, et c’était réciproque. Mais ce n’était pas mon chien.
Devenu journaliste, je suis allé un soir chez Ron, un ami de mon frère Gilles. Il vivait avec une chatte d’Espagne, qu’il avait baptisée Vous-autres, allez savoir pourquoi, et qui n’arrêtait pas de tourner autour de moi. Elle s’installait sur mes cuisses en ronronnant, elle me poussait de la tête pour que je m’occupe d’elle. Bref, c’était le coup de foudre.
Le lendemain, j’ai reçu un coup de téléphone de Ron. Depuis quelques mois déjà, son propriétaire voulait qu’il se débarrasse de sa chatte. Mais Ron attendait d’avoir trouvé la bonne personne. Et cette personne, eh bien, c’était moi. Dire qu’il m’offrait Vous-autres ne serait pas vraiment juste. Dire qu’il me l’imposait, non plus. Ron était ce qu’on peut appeler un personnage. Au demeurant un personnage éminemment sympathique, comme j’ai eu l’occasion de le découvrir par la suite. Il avait senti entre moi et sa chatte quelque chose de tellement fort que je ne pouvais refuser de lui ouvrir ma porte.