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Archives de avril, 2022

Notre-Dame brûle ****

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Dans ce spectaculaire opus, Jean-Jacques Annaud rend un bel hommage à l’héroïsme des pompiers de Paris, qui ont sauvé la cathédrale mythique d’une destruction annoncée.

J’avais suivi l’incendie à la télé française, le cœur serré et les larmes aux yeux. J’étais à Paris. J’étais même passé tout près de Notre-Dame en après-midi.

annaud2En me rendant au cinéma mardi, je me demandais si le réalisateur de « La guerre du feu » était parvenu à rendre cette émotion qui s’était propagée, en quelques heures, presque à la terre entière. Eh bien oui ! En mêlant brillamment films d’archive et reconstitutions, Annaud réussit à faire revivre la conflagration. On a l’impression d’y être. Il faut dire qu’il pouvait compter sur des artisans exceptionnels et sur une équipe technique hors pair.

Quand on voit le film, ce qui frappe, outre le courage des sapeurs, c’est ce que le cinéaste appelle la « fascinante cascade de contretemps, d’obstacles, de dysfonctionnements ». « Du pur invraisemblable, lance-t-il, mais vrai ! » Je comprends qu’Annaud y ait vu immédiatement tous les éléments d’un scénario de fiction.

Bien sûr, on peut reprocher à sa réalisation quelques scènes un peu mièvres, des moments un peu répétitifs, une musique parfois tonitruante. Mais dans l’ensemble, quelle maestria ! Une belle réussite, vraiment !

« Germinal », une adaptation ratée **

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Dès la première page de « Germinal », il saute aux yeux que le roman d’Émile Zola ne vient pas de la même planète que la série réalisée par Julien Lilti. D’un côté, un pur chef-d’œuvre ; de l’autre, une adaptation qui nous arrive d’une galaxie très, très éloignée.

Que le réalisateur et les huit scénaristes n’aient pas autant de talent que l’écrivain, on ne peut le leur reprocher ; le génie ne s’achète pas sur Amazon. Mais à quoi bon s’inspirer d’une grande œuvre si c’est pour la piller sans vergogne et la trahir si platement ?

Je veux bien qu’on ne porte pas de sabots comme dans le livre ou que les personnages ne parlent pas avec l’accent du Nord. Ou encore qu’on ait modernisé les dialogues en les épiçant d’expressions comme « J’me casse ! » ou « Dégage ! ». À la rigueur, j’accepte que la plupart des acteurs soient plus vieux ou plus beaux que les personnages. Je comprends aussi qu’on laisse tomber des chapitres, car le roman est long.

Mais fallait-il moderniser l’œuvre au point de rendre la France du XIXe siècle multiculturelle en ajoutant un patron arabe et un cabaretier noir ? Fallait-il la rendre féministe en créant des dialogues dignes de Me Too et en inventant des viols ?

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Les bernaches du printemps

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Vendredi, on nous annonçait de la pluie jusqu’à 15 h. Mais à 11 h, les nuages avaient fini de nous inonder. Heureux de pouvoir sortir sans être trempé, j’ai pris mes bâtons de marche nordique et je me suis dirigé vers le Vieux-Port. Près de la marina, deux gros oiseaux glissaient sur l’eau, comme des cygnes. Mais c’étaient plutôt des signes du printemps. La glace disparue, deux bernaches s’avançaient doucement et joliment. J’ai pensé : l’hiver se termine enfin, comme cela va faire du bien !

Sur le plan des nouvelles, la semaine n’avait pas été bonne. En Ukraine, où la Russie de Poutine a fait un pas de plus dans la barbarie, on a découvert des charniers. La Covid-19 est repartie à la hausse. Le GIEC a fait paraître son troisième rapport, le plus alarmant de tous, qui donne à l’humanité une petite fenêtre de trois ans pour stopper le réchauffement climatique. La bonne nouvelle, c’est que nous avons les moyens d’agir, nous dit ce groupe de spécialistes. La mauvaise, c’est que nous ne le ferons pas. Ou du moins, pas suffisamment.

À Québec, on a un ministre de l’Environnement qui essaie de nous faire croire que le troisième lien pourrait réduire l’étalement urbain. Et à Ottawa, son vis-à-vis (en qui j’avais confiance) vient d’approuver un énorme projet pétrolier au large de Terre-Neuve. Le pire, c’est qu’il essaie de nous faire croire qu’on pourra extraire 300 millions de barils de pétrole tout en étant carboneutres. On nous prend pour des valises.

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Suis-je flexible ou intransigeant ?

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Récemment, La Presse a publié une belle entrevue avec le psychologue Adam Grant. Dans son nouvel ouvrage, l’auteur du « Pouvoir de la pensée flexible » nous invite à « penser autrement » dans toutes les sphères de notre vie. Il estime, en effet, que nous sommes trop attachés à nos idées et à nos opinions, comme en témoigne notamment le clivage sur les réseaux sociaux. « Nous cherchons constamment à justifier nos croyances afin de soigner notre ego, protéger notre image et valider nos décisions passées », écrit-il.

Ma compagne tenait à ce que je lise ce texte. Aussi me l’a-t-elle envoyé. (Le matin, nous lisons l’un en face de l’autre et échangeons des textes ou des réflexions.) Au cours de notre promenade, nous avons discuté de l’interview d’Émilie Côté.

– Je crois avoir une pensée plutôt souple, ai-je dit à Lise.

– Tu me sembles plutôt avoir des idées bien arrêtées !

Sa réplique m’a plongé dans des abîmes de perplexité. Moi qui me crois ouvert, serais-je plutôt quelqu’un de têtu et d’obstiné ? J’en vois déjà sourire.

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