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Archives de août, 2023

Les hommes de ma mère **1/2

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Le jeu de Léane Labrèche-Dor, en Elsie, est très bon. Tout comme celui de chacun des comédiens qui jouent les ex-maris. J’ai particulièrement été chamboulé par le rôle de Marc Messier, qui, l’âge aidant, interprète des personnages de plus en plus complexes.

Pourtant, ce film qui raconte la rencontre d’une jeune femme avec les hommes qui, tour à tour, ont vécu avec sa mère qui vient de mourir ne m’a pas particulièrement touché. Il faut dire qu’il débute extrêmement lentement. La première heure manque de tonus, le scénario n’étant pas suffisamment étoffé. La seconde partie, il est vrai, est meilleure. Pas géniale, mais assez émouvante pour sauver l’ensemble du naufrage. Au passif aussi, il faut noter l’histoire d’amour entre l’héroïne et le fils d’un ancien mari, banale, plaquée et peu crédible.

Bref, si vous n’avez pas encore vu « Le temps d’un été », « Les chambres rouges » ou « Une femme respectable », ne vous précipitez pas pour aller voir « Les hommes de ma mère ». Il y a mieux, bien mieux, en ce moment.

Une femme respectable ***1/2

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Ce film pourrait bien être le dernier de Bernard Émond. Comme les précédentes, cette œuvre austère et grave ne fera sans doute pas faire courir les foules, mais elle devrait toucher un public resté fidèle à ce cinéaste bergmanien.

Le réalisateur s’est inspiré cette fois d’une nouvelle de Luigi Pirandello, « Toute la vie, le cœur en peine », qu’il a adaptée en la situant à Trois-Rivières en 1931, en plein cœur de la Grande Dépression. Mais Rose ne vit pas dans la misère. Elle descend au contraire d’une famille riche et vit dans une belle maison de la vieille ville, près du couvent des Ursulines. À la demande du curé, elle accepte de reprendre son mari, parti onze ans plus tôt et de retour avec les trois filles issues de son union avec une concubine.

Toute la force du film repose sur les épaules d’Hélène Florent, présente dans chaque plan. Mais cette grande actrice, à l’aise dans tous les rôles, réussit à donner vie à ce personnage complexe, à la fois froid et bienveillant.

Un beau film pour happy few !

Demain : Les hommes de ma mère **1/2

Les chambres rouges ***1/2

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Belle surprise que ce thriller à la fois judiciaire et psychologique, qui raconte le procès d’un homme accusé du meurtre particulièrement brutal de trois adolescentes. Le procès est suivi religieusement par deux jeunes femmes : Clémentine, une complotiste convaincue que les accusations sont un coup monté, et Kelly-Anne, dont les motivations paraissent longtemps ambiguës.

Soit dit en passant, on ne voit jamais les crimes. Mais pendant de longues minutes, on entend la bande-son d’une vidéo d’un de ces meurtres sordides. Les âmes sensibles devront s’abstenir ou se boucher les oreilles.  Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas l’horreur qu’elle n’est pas palpable.

J’ai cependant moins aimé la dernière demi-heure du film, où la longue plongée dans le dark web m’a laissé plutôt perplexe, sans doute parce que je ne suis pas assez familier avec les bas-fonds clandestins de la Toile.

Un nom à retenir, Juliette Gariépy, formidable dans le rôle énigmatique de Kelly-Anne, le mannequin adepte du poker en ligne. On la reverra sans doute. Le contraire serait bien dommage.

Demain : Une femme respectable ***1/2

Le temps d’un été ****

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Le plus grand succès québécois de l’été est un succès bien mérité. Bien sûr, il ne manque pas de gens qui, à l’instar de Gide, estiment qu’on ne fait ni de la bonne littérature ni de bon cinéma avec de bons sentiments. Et pourtant, c’est possible. « Le temps d’un été » fait partie de ces films que les Américains qualifient de « feel good movie ». On en ressort la larme à l’œil, mais le cœur léger.

On s’attache vite à cette bande bigarrée de laissés-pour-compte qu’amènent en vacances, dans le Bas-du-Fleuve, un curé idéaliste et une religieuse débrouillarde. Les obstacles sont nombreux et les tensions sont souvent vives, autant entre les sans-abri qu’avec les résidents du village, mais tout finit par s’arranger, conformément aux conventions immuables de la comédie dramatique. Laissons-nous emporter, cela fait du bien.

Le scénario de Marie Vien est solide, la réalisation de Louise Archambault est brillante et le jeu des comédiens, absolument exceptionnel. Il faudrait les nommer tous, mais s’il fallait n’en retenir qu’un, je mentionnerais Guy Nadon, qui crève l’écran dans ce personnage d’avocat déchu. Encore qu’Élise Guilbault, dans le rôle plus discret de sœur Monique, est également remarquable.

Je tiens à souligner, enfin, l’usage sublime de la musique dans ce film, depuis Halehan, qui chante si bien « Soleil », à Ariane Moffatt, qui offre une des plus belles interprétations de « Hallelujah », en passant par Alexandra Streliski et son doux piano.

Demain : Les chambres rouges ***1/2

Le cinéma l’après-midi

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Hélène Florent dans « Une femme respectable ».

Le public, semble-t-il, a retrouvé la direction des cinémas. J’en suis bien heureux. Je ne boude pas le petit écran, mais j’y regarde surtout des séries. Pour le cinéma, incontestablement, je préfère le grand écran. L’après-midi de préférence et le mardi excepté. Car si j’aime bien aller m’asseoir dans une salle obscure, c’est à la condition qu’elle ne soit pas bondée. Je déteste entendre manger du pop-corn derrière moi, surtout quand le sac est énorme et que la dégustation perdure toute la durée du film. Les bruits de maïs soufflé qu’on mâchouille, de sac qu’on froisse et de boisson gazeuse qu’on aspire me rendent dingue. Je supporte encore moins qu’on s’étire les jambes en poussant sur le dossier de mon siège. Là, ou je m’emporte ou je change de place.

Et si vous me permettez de râler encore pendant un paragraphe, je hais les bavardages au cinoche. Si vous voulez parler, pourquoi n’allez-vous pas dans un café ? Avec les bavards et les bavardes, il m’arrive aussi de manquer de bienveillance en leur rappelant assez sèchement que le cinéma n’est pas un endroit pour faire la conversation. Mais ces sautes d’humeur, ce n’est pas bon pour mon vieux cœur. Alors, je préfère maintenant m’éloigner.

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J’ai retrouvé mes oreilles

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Elles étaient apparemment au même endroit, de chaque côté de la tête, grandes comme elles le sont souvent dans ma famille. L’ennui, c’est qu’elles étaient de moins en moins efficaces. Pépé était devenu dur de la feuille. J’ai mis du temps à m’en rendre compte. C’est normal, la perte d’audition est lente et progressive.

J’ai d’abord remarqué qu’il m’arrivait souvent de faire répéter mes interlocuteurs, en particulier ma compagne, que la chose commençait à agacer. Celle-ci me reprochait aussi d’interpréter ce qu’elle disait. Mais la chose est normale apparemment ; quand on n’entend pas bien, on essaie de deviner. De là à m’accuser de ne pas la comprendre, il y avait un pas, qu’elle n’a pas franchi, même si la tentation était forte.

L’an dernier, j’étais allé passer un test auprès d’une audiologiste. Le résultat confirmait un déclin qui était encore léger. Je ne me sentais pas prêt à porter des audioprothèses. Je suis retourné la voir récemment. Le recul de mon audition s’était aggravé, au point où je me qualifiais maintenant pour l’aide de la Régie de l’assurance maladie. Le temps était venu d’acquérir des prothèses.

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Oppenheimer : après la bombe, l’intérêt retombe

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Cillian Murphy et Emily Blunt dans « Oppenheimer ».

Je me suis amusé à lire des critiques sur le film « Oppenheimer », un des grands succès de cet été. Les opinions oscillent entre dix étoiles (un des meilleurs films de l’année, à voir absolument) à une étoile (le film le plus ennuyant de l’année). C’est sans compter les mitigées (pas si mal, mais un peu long, plutôt décevant, etc.) Il vous faudra donc vous faire votre propre opinion.

Pour ma part, j’ai aimé à peu près les trois quarts de cette nouvelle superproduction de Christopher Nolan. Les scènes inspirées par la jeunesse de celui qu’on a baptisé le père de la bombe atomique m’ont bien plu. Le réalisateur parvient habilement à nous faire sentir la fascinante étendue de son génie. Tout comme il montre bien la complexité de la personnalité de ce physicien à qui on n’aurait pas confié un stand de hamburgers, mais qui est choisi pour diriger le projet Manhattan. Le récit de la fabrication de la bombe dans le désert du Nouveau-Mexique est lui aussi palpitant.

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