Pourquoi Montréal boude le cinéma québécois
Dans La Presse+ du 20 juin, André Duchesne nous apprenait d’intéressantes statistiques sur le cinéma québécois. Selon un rapport de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec, notre cinéma national est moins populaire à Montréal qu’en région. Et la différence n’est pas minime. Prenez De père en flic 2 : dans 13 des 16 régions administratives de la Belle Province, ce film est arrivé en première place en 2017, devançant même les grands succès américains. Mais dans la métropole, la comédie d’Émile Gaudreault glisse au 30e rang. Toute une chute !
Mon ex-collègue a interrogé la productrice Denise Robert sur ce phénomène. Sans surprise, elle a trouvé une série de plates excuses. Ainsi, il n’y aurait pas « tant de salles pour le cinéma québécois » à Montréal. On se demande si elle a déjà visité les petites villes du Québec, où il n’y a souvent qu’un cinéma. La productrice a aussi souligné que la fréquentation des salles était basse en juillet, au moment où son grand succès est sorti dans la métropole. Et « à cela, a-t-elle enchaîné sans rire, s’ajoutent la congestion routière et les travaux. » C’est vraiment du grand n’importe quoi !
J’ai pour ma part une explication bien différente. De père en flic 2 est non seulement un film québécois. C’est aussi une œuvre écrite, tournée et jouée en québécois. Sans sous-titres, elle est incompréhensible dans le reste de la francophonie. Comme l’est d’ailleurs, il faut bien le dire, la majeure partie de notre cinéma. J’en vois faire la grimace. Et pourtant, ce n’est pas une accusation, c’est un fait. Sans sous-titres, même les Français les plus québécophiles ne comprennent que dalle à des œuvres comme Mommy ou J’ai tué ma mère. Alors, imaginez les Maghrébins ou les Africains.