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Archives de février, 2020

« Le bout de la marde ! »

Comme on peut le constater, ici on met un peu n’importe quoi au recyclage.

Lorsque nous avons pris possession de notre appartement à Torremolinos, Ron, le Néerlandais qui était venu nous porter les clés, nous a expliqué où laisser les déchets, le recyclage et même les matières compostables. Dans cette ville de l’Andalousie, manifestement, on a bien fait les choses en matière d’environnement. Mais, a précisé notre interlocuteur avec cette pointe de mépris que les Européens du Nord ont souvent pour les Européens du Sud, « vous allez voir, c’est vraiment n’importe quoi » !

On ne manque pourtant pas d’imagination pour offrir des lieux de recyclage.

Et de fait, nous avons vite constaté nous-mêmes que si les Torremolinois recyclent ce n’est pas sans un brin d’anarchie. Un matin, pour ne donner qu’un exemple, nous avons trouvé, bouchant complètement l’entrée du contenant de recyclage des verres, un gros miroir. « C’est comme dans notre immeuble à Griffintown, m’a dit Lise, qui remonte souvent du sous-sol bien remontée. Entre autres, les boîtes de carton, qu’on nous demande poliment mais fermement de défaire, sont généralement laissées telles quelles dans les bacs qui débordent.

Un matin, ma compagne, qui entend bien aller un jour au paradis des écolos, jetait avec enthousiasme nos matières compostables dans l’endroit prévu à cet effet quand j’ai vu son visage devenir tout courroucé. Et non, je n’étais pas en faute. Un malotru, tirant son gros cabot, venait de jeter au compost un sac de merde de chien toute fraîche. « C’est le bout de la marde ! » m’a-t-elle lancé quand je suis arrivé près d’elle.

Lise, revenue de sa surprise, vous fait ses amitiés, je vous embrasse. Il fait merveilleusement beau ici. À bientôt !

Notre condo est vendu !

Lorsque nous avons quitté Montréal pour l’Espagne, nous savions que notre appartement était en principe vendu. Après quatre jours sur un marché en ébullition, nous avions reçu deux offres, dont une supérieure au prix demandé. Mais notre agente, la merveilleuse Mélanie, a vite freiné notre exultation. Une offre acceptée, nous a-t-elle dit, n’est pas une vente. Et elle avait bien raison, car il a fallu presque trois semaines avant que l’acheteuse et sa banque ne parviennent à un accord de financement. Trois semaines au cours desquelles, de prolongation en prolongation, le suspense a duré. Nous n’avons jamais paniqué. L’offre était bonne et notre agente avait confiance qu’une solution allait être trouvée. Reste que nous avons été soulagés, Lise et moi, d’apprendre vendredi que tout était enfin bouclé.

Nous reviendrons au Québec à la mi-mai. Nous aurons douze jours pour faire les boîtes et les envoyer dans un garde-meubles pour deux mois. En effet, nous n’aménagerons pas avant le mois d’août dans le bel appartement que nous avons loué pour quatre ans au complexe Humaniti. Deux mois d’errance donc, qui ne font pas peur à deux ex-itinérants en Mercedes.

(suite…)

Premiers jours à Torremolinos

Nous sommes arrivés à Torremolinos saufs, mais pas tout à fait sains. L’air vicié de l’avion nous fait tousser depuis notre arrivée. Je fais un peu de fièvre, Lise a mal à la gorge. Bref, nous ne sommes pas « top shape », comme on dit dans Griffintown. Lise a plutôt ramené de son Causapscal natal : « On ne vaut pas une vieille chaussette. » C’est vous dire.

Malgré tout, le moral est bon. Il faut dire que, avec le soleil qui inonde la Costa del Sol (cela va de soi), les vingt degrés qu’on dépasse souvent et la vue sur la Méditerranée depuis l’appartement, on serait malvenus de se plaindre. On ne râle donc pas, même si on dort presque 12 heures par jour depuis notre arrivée et qu’on a l’impression d’avoir été tabassés quand on finit par se tirer du lit. Ça m’apprendra à me moquer des gens qui ont eu la grippe cet hiver.

Il s’agit de notre premier long voyage avec pour tous bagages un sac à dos de 40 litres et un sac de 13 litres pour le quotidien. Le grand avantage, c’est qu’on peut les apporter en cabine. Lise était un peu sceptique, mais elle n’était pas du genre à se détourner d’un pareil défi. Pendant un an, nous avons acheté des vêtements de voyage en conséquence. Chers évidemment, mais qui demandent peu d’entretien, qui sont plutôt jolis et, bien entendu, qui ne sentent pas mauvais, même après quelques jours. J’avais si bien roulé nos fringues qu’il restait de la place pour un quatrième pantalon dans mon sac et pour une troisième robe dans celui de Lise.

Il est évidemment trop tôt pour dire si nos choix minimalistes tiendront la route. Mais pour se faire un petit plaisir, nous sommes allées attendre les bagages dans les tourniquets de l’aéroport. Comme il arrive souvent, les valises ont mis du temps à être crachées par le système. Un bruit a même couru qu’une partie des bagages avait été laissée à Montréal. Un frisson a balayé les voyageurs, mais nous sommes restés tout sourire. La rumeur était heureusement sans fondement.

Notre ami Mario, qui voyageait sur le même vol d’Air Transat, a fini par revenir, l’air dépité, avec une valise couverte sur le dessus de plusieurs centimètres de glace. C’est comme s’il avait voulu apporter des poissons de Saint-Lambert à Torremolinos. Mais il nous assure qu’il n’en est rien. Tous ses vêtements étaient trempés. En demandant à gauche et à droite, nous avons fini par trouver le bureau des plaintes pour les bagages, où notre amigo a été accueilli très gentiment. Sa compagne Marlène n’a pas eu la même désillusion. N’empêche que pour le moment, c’est 1 à 0 pour les bagages en cabinet plutôt qu’en soute.

Mais je ne veux pas pavoiser, car, après un mois, voire deux ou trois, nous en aurons peut-être marre de porter les mêmes vêtements et nous rappellerons avec envie les grosses valises de nos amigos.
Mario et Marlène aiment beaucoup Torremolinos, où ils séjournent depuis quelques années, comme de nombreux Québécois du reste. D’autres amis en revanche manquaient de mots pour nous en dire du mal. Ce faisant, ils avaient abaissé la barre à tel point que cette banlieue bétonnée de Malaga ne nous paraît finalement pas si mal. Nous nous étions dit, de toute façon, que d’être près d’amis aussi chers pendant quatre semaines ne pouvait pas être désagréable.

Bien sûr, Torremolinos ne gagnera pas de prix d’architecture. Malaga, sa voisine, passe pour être très belle. Torremolinos est aussi une cité très touristique, une caractéristique à laquelle nous sommes généralement allergiques. Mais toutes les villes que nous visiterons pendant notre séjour de sept semaines en Espagne le seront aussi. Alors, autant s’y faire. D’autant qu’on y trouve, outre nos amis, plein de restos, de cafés et de bars, de nombreux commerces de proximité, une joyeuse ambiance de vacances et une très belle plage. Sans compter une station de trains qui nous mène à Malaga en vingt minutes.