Nous sommes arrivés à Torremolinos saufs, mais pas tout à fait sains. L’air vicié de l’avion nous fait tousser depuis notre arrivée. Je fais un peu de fièvre, Lise a mal à la gorge. Bref, nous ne sommes pas « top shape », comme on dit dans Griffintown. Lise a plutôt ramené de son Causapscal natal : « On ne vaut pas une vieille chaussette. » C’est vous dire.
Malgré tout, le moral est bon. Il faut dire que, avec le soleil qui inonde la Costa del Sol (cela va de soi), les vingt degrés qu’on dépasse souvent et la vue sur la Méditerranée depuis l’appartement, on serait malvenus de se plaindre. On ne râle donc pas, même si on dort presque 12 heures par jour depuis notre arrivée et qu’on a l’impression d’avoir été tabassés quand on finit par se tirer du lit. Ça m’apprendra à me moquer des gens qui ont eu la grippe cet hiver.
Il s’agit de notre premier long voyage avec pour tous bagages un sac à dos de 40 litres et un sac de 13 litres pour le quotidien. Le grand avantage, c’est qu’on peut les apporter en cabine. Lise était un peu sceptique, mais elle n’était pas du genre à se détourner d’un pareil défi. Pendant un an, nous avons acheté des vêtements de voyage en conséquence. Chers évidemment, mais qui demandent peu d’entretien, qui sont plutôt jolis et, bien entendu, qui ne sentent pas mauvais, même après quelques jours. J’avais si bien roulé nos fringues qu’il restait de la place pour un quatrième pantalon dans mon sac et pour une troisième robe dans celui de Lise.
Il est évidemment trop tôt pour dire si nos choix minimalistes tiendront la route. Mais pour se faire un petit plaisir, nous sommes allées attendre les bagages dans les tourniquets de l’aéroport. Comme il arrive souvent, les valises ont mis du temps à être crachées par le système. Un bruit a même couru qu’une partie des bagages avait été laissée à Montréal. Un frisson a balayé les voyageurs, mais nous sommes restés tout sourire. La rumeur était heureusement sans fondement.
Notre ami Mario, qui voyageait sur le même vol d’Air Transat, a fini par revenir, l’air dépité, avec une valise couverte sur le dessus de plusieurs centimètres de glace. C’est comme s’il avait voulu apporter des poissons de Saint-Lambert à Torremolinos. Mais il nous assure qu’il n’en est rien. Tous ses vêtements étaient trempés. En demandant à gauche et à droite, nous avons fini par trouver le bureau des plaintes pour les bagages, où notre amigo a été accueilli très gentiment. Sa compagne Marlène n’a pas eu la même désillusion. N’empêche que pour le moment, c’est 1 à 0 pour les bagages en cabinet plutôt qu’en soute.
Mais je ne veux pas pavoiser, car, après un mois, voire deux ou trois, nous en aurons peut-être marre de porter les mêmes vêtements et nous rappellerons avec envie les grosses valises de nos amigos.
Mario et Marlène aiment beaucoup Torremolinos, où ils séjournent depuis quelques années, comme de nombreux Québécois du reste. D’autres amis en revanche manquaient de mots pour nous en dire du mal. Ce faisant, ils avaient abaissé la barre à tel point que cette banlieue bétonnée de Malaga ne nous paraît finalement pas si mal. Nous nous étions dit, de toute façon, que d’être près d’amis aussi chers pendant quatre semaines ne pouvait pas être désagréable.
Bien sûr, Torremolinos ne gagnera pas de prix d’architecture. Malaga, sa voisine, passe pour être très belle. Torremolinos est aussi une cité très touristique, une caractéristique à laquelle nous sommes généralement allergiques. Mais toutes les villes que nous visiterons pendant notre séjour de sept semaines en Espagne le seront aussi. Alors, autant s’y faire. D’autant qu’on y trouve, outre nos amis, plein de restos, de cafés et de bars, de nombreux commerces de proximité, une joyeuse ambiance de vacances et une très belle plage. Sans compter une station de trains qui nous mène à Malaga en vingt minutes.