Voyages, lectures, films, séries, impressions, humeurs, la vie quoi!

Archives de avril, 2020

Grand Confinement et voyages

 

Paul et Lise en arrivant à Yosemite.

Je profite du Grand Confinement pour retoucher nos photos de voyage. Elles étaient déjà classées et traitées, car je ne laisse jamais nos clichés s’accumuler dans le désordre pendant nos périples. Chaque jour, j’élimine les prises peu réussies, je recadre et je retouche celles que nous gardons. Je rédige même les légendes. Mais en voyant défiler les photos sur l’écran de veille de mon ordinateur, il m’a semblé que beaucoup manquaient de vivacité et de contraste, notamment celles qui n’avaient pas été traitées avec Google Photos. J’en ai profité pour donner un coup de jeunesse aux souvenirs de voyage des 12 dernières années.

Lise devant un beau trullo de la vallée de l’Itrea.

L’opération m’a permis de revivre le bonheur de nos pérégrinations. Depuis le début de notre retraite, nos déambulations totalisent plus de quatre années complètes. Pendant 20 mois, nous avons même parcouru l’Amérique du Nord sans jamais revenir à Montréal.

Nous avons adoré bourlinguer ! Quand je vois défiler les images de nos périples, j’ai du mal à ne pas être happé par la nostalgie. Nous avons eu beaucoup de chance de voir des paysages aussi magnifiques, des villes aussi superbes. Ce qui me frappe aussi, c’est de voir à quel point Lise et moi avons l’air heureux sur ces cartes postales. Nous affichons le plus souvent un sourire de béatitude, presque d’extase, qui n’a rien de forcé.

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De Simenon à « La casa de papel »

J’avais envie depuis un bon moment de relire un Simenon. Je ne me rappelle pas avoir fréquenté le commissaire Maigret depuis 50 ans. Comme mon ami Jean-Luc, dont les goûts littéraires sont très sûrs, avait placé « Le port des brumes » dans sa liste de 10 meilleurs romans, c’est celui-là que j’ai choisi.

Je ne suis pas mécontent d’avoir retrouvé le plus célèbre des auteurs francophones de polars et son enquêteur vedette. J’ai retrouvé ce qui fait le charme de Simenon : le style limpide, la création subtile des atmosphères, les dialogues savoureux, les personnages forts, la description juste des états d’âme, les intrigues simples mais fines, dénouées avec art.

Pourtant, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il y a dans les romans de Simenon des éléments qui datent. À commencer par sa peinture très stéréotypée des dames. Ou elles sont sans charme, revêches, aigries, et acariâtres. Ou elles sont mignonnes, mais alors elles sont émotives, en pâmoison ou en hyperventilation, promptes à s’évanouir pour un rien, incapables d’actions et de décisions. De bien faibles créatures ! Mais ne parlait-on pas à l’époque du sexe faible ? Les caractères forts, en tout cas, sont chez Simenon des hommes.

Dans la France de 1932, il est vrai, les femmes n’occupaient pas la place qu’elles ont prise aujourd’hui. Reste qu’il y a chez notre célèbre romancier une vision plutôt machiste de la femme, vision qui à mon sens n’a pas très bien vieilli.

  • Le port des brumes ***1/2

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Le bonheur de la marche

Grâce à la marche, l’enfermement me paraît beaucoup moins difficile. Une fois dehors, j’éprouve une impression de bonheur. Sauf peut-être quand le froid fait plus penser à l’hiver qu’au printemps. Mais je m’endurcis. J’ai même éprouvé quelques moments d’extase dimanche sous la pluie.

Je ne pars généralement pas avant 10 h 30 et je reviens une heure plus tard. Me mettre en marche vers 7 h, voire plus tôt, comme le fait ma compagne, très peu pour moi. À cette heure-là, je suis encore au lit. Je fais maintenant sonner le réveil à 8 h. C’est pour faire plaisir à Lise, qui au retour de sa promenade a faim. Sinon, je roupillerais sans doute davantage. Mais une fois debout, je suis content.

Un jour, je mets le cap vers l’ouest, où m’attend le canal de Lachine, l’autre vers l’est, où je déambule dans le Vieux-Port. Cette alternance me semble plus stimulante. Je pourrais aussi opter pour le nord, en me rendant à la montagne. Mais c’est un parcours plus long et plus exigeant, que je réserve habituellement pour les week-ends. Depuis quelques jours, j’ai repris les bâtons de marche. Ce sont les super-cannes des super-vieux.

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« Ça va bien aller ! » Vraiment ?

Le début des faillites à Montréal.

« Ça va bien aller ! » Tel est le slogan qu’on se répète pour s’encourager au temps du coronavirus et du confinement. Mais pour un vieux pessimiste, ce n’est pas évident. Tant mieux si c’est le cas. Je ne me complais pas dans le pessimisme et je ne tiens pas à ce que les choses aillent de mal en pis. Mais des doutes, j’en ai. Et nombreux.

Je ne suis pas pour autant malheureux. Je pratique, et depuis longtemps, un sain pessimisme qui m’immunise contre les illusions du jovialisme et un sain scepticisme qui me protège contre les grandes légendes urbaines.

Comme Sylvain Tesson, un de mes écrivains favoris, je n’ai pas une foi immense dans le genre humain. Je trouve qu’il a mauvais genre. Serais-je misanthrope ? Pas au sens du Robert, qui le définit comme une « personne qui manifeste de la haine, de l’aversion » pour l’espèce humaine. Je ne cultive ni haine ni aversion pour mes semblables.

Cependant, si j’aime beaucoup les humains, j’ai beaucoup moins d’affection pour l’humanité. Tant et si bien que j’ai du mal à croire aux lendemains qui chantent.

Prenez l’achat local. En ce moment, tout le monde apparemment veut aller chercher sa baguette à la boulangerie du quartier, où le pain est pétri sur place et qui utilise des farines du Québec. Mais j’ai bien hâte de voir, quand la bise sera revenue, comment réagira le citoyen-consommateur devant un étal où il aura le choix entre l’ail de Chine et l’ail du Québec. Le premier est bombardé de radiations et n’a pas de goût. Ce produit qui arrive du bout du monde est une aberration environnementale. Mais il coûte deux fois moins cher. Le mettra-t-on encore dans son panier ?

Sur les réseaux sociaux, on vilipende sans retenue les gouvernements, dits incompétents et corrompus, et les grandes entreprises, jugées pollueuses et immorales. Mais le citoyen-consommateur oublie vite qu’il a lui-même choisi les dirigeants qu’il critique rudement et qu’il fait vivre par ses achats le big business qu’il dénonce durement.

Prenons l’économie. Si l’on en croit les jovialistes comme Pierre Fortin, les affaires vont reprendre sur les chapeaux de roue l’été prochain ou au plus tard cet automne. Bravo ! Mais avant d’applaudir très fort devant tant d’optimisme débordant, je me garde quant à moi une petite gêne. Des millions de gens ont perdu leur emploi ; ils ne le retrouveront pas tous, tant s’en faut. Des milliers de petites entreprises sont condamnées à l’endettement, pire à la faillite. Des secteurs complets, durement touchés par la pandémie comme la restauration, la culture, les loisirs, le sport, le tourisme ou le transport aérien, ne sont pas près de s’en remettre.

Venons-en maintenant à l’environnement. Il est vrai que, le temps d’une pandémie, les émissions polluantes ont chuté de façon spectaculaire, tout comme la surconsommation et le surtourisme. Mais c’est au prix d’une récession terrible, que personne ne voudrait voir perdurer. Tout va donc repartir. Avec des ratés certes, mais la grande machine à produire, bien gourmande en pétrole, en charbon, en gaz, en métaux, en terres rares, en forêts, en eau, et j’en passe, va se remettre en marche. Et elle va le faire sans qu’aucune des causes du changement climatique, de la pollution et de la surexploitation des ressources n’ait entre-temps été éliminée.

Il y a toutefois une lueur d’espoir. « Les plans de relance seront d’une ampleur qui n’arrive qu’une fois par siècle », a fait remarquer le patron de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, qui y voit une belle occasion de restructurer l’économie et de repenser le monde dans lequel nous allons vivre.

Au Québec, un groupe de 15 organismes a saisi la balle au bond pour conseiller le gouvernement. Son objectif, explique François Cardinal dans La Presse : « profiter de la pandémie pour basculer vers un monde plus prospère, plus solidaire, mais aussi plus vert ».

Est-ce assez pour qu’un vieux pessimiste se remette à croire que ça va aller mieux ? Ce plan de transition est incontestablement un pas dans la bonne direction. Mais il m’en faudra davantage. Il faudra d’abord que le gouvernement écoute, ce qui est loin d’être assuré. N’oublions pas, en effet, que le Québec a élu un parti pas très vert, qui promettait plus de routes et de ponts que de métros, de tramways ou d’autobus.

Et il faudra que les citoyens-consommateurs, qui s’indignent des oléoducs mais qui ont deux grosses voitures devant la porte, qui pestent contre la mondialisation mais qui commandent en ligne des produits du bout du monde en cherchant toujours les plus bas prix, acceptent de remettre en question leur mode de vie.

La transition vers une société plus verte et plus solidaire est souhaitable. Mieux encore, elle est nécessaire. Mais pour qu’elle soit possible, il faudra accepter de grands changements. Tant qu’on ne l’aura pas fait, je continuerai à changer le point d’exclamation de notre slogan par un point d’interrogation. « Ça va aller mieux ? » convient mieux, il me semble, à notre situation actuelle.

 

Super-vieux et « aînés vulnérables »

Il y a une quarantaine d’années, j’ai changé de mode de vie. J’ai cessé de fumer, je suis devenu végétarien, j’ai diminué ma consommation d’alcool, je me suis mis au yoga, j’ai redécouvert les plaisirs de la marche et j’ai commencé à méditer, dans l’espoir, selon le slogan de ParticipACTION, d’ajouter des années à ma vie et surtout de la vie à mes années. Et ça a marché. À 63 ans, mon père était hélas devenu un vieillard. À 75, je suis en voie de devenir un « super-vieux », comme on appelle aujourd’hui ces gens qui vieillissent tout en restant lucide, alerte, actif, en forme et en santé.

Si je vous raconte cette histoire, ce n’est surtout pas pour me donner en exemple, car je ne suis pas l’exception qui confirme la règle. Des super-vieux, il y en a de plus en plus, comme l’a montré le Rapport de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, qui s’appuie sur un échantillon de plus de 50 000 personnes.

« C’est la nouvelle réalité : nous vivons dans une société qui compte de plus en plus de personnes très âgées en bonne santé », souligne le chercheur Judes Poirier, cité par L’actualité. Ce directeur du Service de neurobiologie moléculaire à l’Institut Douglas et auteur de « Jeune et centenaire » (Trécarré, 2017) précise même qu’un centenaire sur deux est aujourd’hui en bonne santé physique et mentale.

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La post-quarantaine

Le mois d’avril-ne-te-découvre-pas-d’un-fil, c’est un peu moche au Québec.

Quand j’ai annoncé triomphalement la fin de notre quarantaine, un ex-collègue m’a lancé : « Tu vas voir, il n’y a pas une grande différence entre la quarantaine et le confinement. » C’est vrai. Mais il y en a une, et pour nous elle est fondamentale : nous pouvons aller marcher au grand air. J’espère que personne n’aura la mauvaise idée de nous l’interdire, comme le fait tristement l’Espagne, qui ne s’en porte pas mieux. Et ne nous attaquons pas aux joggeurs, comme le fait Paris. Ils ne propagent pas la peste. Ils vont un peu plus vite que nous, c’est vexant, mais de là à les condamner à l’immobilité.

Dès le premier jour post-quarantaine, que dis-je, dès la première heure, sitôt levée, Lise a chaussé ses runnings pour aller marcher le long du canal de Lachine. Elle s’en rendue jusqu’au marché Atwater. Pour ma part, j’ai attendu que sonnent les dix heures et je me suis arrêté à la rue Charlevoix. Aller-retour, ça fait tout de même cinq kilomètres. Pour le moment, ça me suffit.

Pour notre première journée, nous avons eu la chance d’un soleil éclatant, même si le temps était un peu frisquet. Le lendemain, Lise, toujours matinale, est partie avant la pluie. Quand je suis sorti, il pleuvait un peu, mais pas assez pour arrêter un homme qui n’a presque pas marché depuis un mois. Le plus désagréable, en fait, ce fut un vent de face, au retour, qui soufflait le froid du Nord. Et ce matin, il pleuvait vraiment ; nous sommes restés au chaud et au sec dans l’appartement.

Il faut dire qu’il y a deux mois à peine, je déambulais sous le soleil de la Costa del Sol, où le mercure dépassait fréquemment les 25 degrés, où il y avait plein de fleurs et où on sentait le parfum des orangers. Ici, c’est à peine si les bourgeons sont sortis. Le mois d’avril-ne-te-découvre-pas-d’un-fil, c’est un peu moche au Québec, parole de snowbird.

Pour le reste, nous avons repris notre vie de confinement, laquelle, il est vrai, a des allures de quarantaine. Yoga, méditation, repas, soins corporels, lecture, musique, série télé, dodo. Parfois, apéro virtuel avec des proches. Tout cela n’est pas désagréable du tout.

Cependant, on s’ennuie de certaines activités. Lise, grande adepte de la biodanza, a pu en faire une séance grâce à la plateforme Zoom. Mais le contact avec les autres danseurs lui a manqué.

De mon côté, mes dîners italiens du vendredi sont différés pour une période indéfinie. Fini les « ciao, come stai ? » Pour ce qui est de mes rencontres de conversation anglaise, elles ont repris, mais sur une plateforme virtuelle. L’ennui, c’est que je n’ai pas très envie de parler à des gens que je ne verrai même pas. Alors, pour garder bien vivantes mes langues secondes, je regarde « Un posto al sole », un feuilleton italien, cinq fois par semaine, et des séries en anglais sur Netflix.

Pour ce qui est de l’espagnol, j’ai laissé tomber. De prime abord, je n’ai pas l’intention de retourner en Espagne ou d’aller visiter les pays hispanophones du Sud. Et puis, mon cerveau vieillissant rechignait à faire une quatrième place à l’espagnol, condamnant Cervantes à jouer du coude avec Dante pour occuper la troisième. Les mots tournaient dans ma tête comme des moulins à vent. C’était l’enfer !

Bon, j’exagère un peu. Mais ça engendrait un sabir italospagnol pas très joli. J’ai donc décidé de m’en tenir à la langue de la Grande Botte, que je pratique depuis 25 ans et à laquelle je tiens beaucoup.

Je ne regrette toutefois pas d’avoir consacré quelques mois à l’apprentissage de l’espagnol avant le voyage, car nombre d’Espagnols ne parlent pas anglais, même dans les villes touristiques. Ainsi, pour acheter une carte SIM à Torremolinos et à Granada, il m’a fallu sortir mon petit espagnol, personne ne connaissant la langue du business international chez Orange. À Granada, notre logeuse ne parlait que sa langue ; pas très commode au téléphone. Et à Cordoba, la jeune femme qui nous a accueillis se débrouillait en anglais « solo un poco ». Bref, mon espagnol, si rudimentaire soit-il, m’a tiré d’embarras à bien des reprises.

Lise vous fait ses amitiés. Je vous embrasse de loin (il paraît que la distanciation va durer tout l’été). Faudra s’y faire.

Quarantaine : la fin enfin !

Nous terminons aujourd’hui notre quarantaine commencée à notre retour de Madrid. Lorsque la veille nous avions pu enfin monter à bord du vol TS-395 nous ramenant à Montréal, nous étions euphoriques de quitter enfin notre chambre d’hôtel dans une Espagne devenue sinistre. J’étais heureux aussi de découvrir un Québec discipliné et soudé autour de son premier ministre. Aussi avais-je l’espoir que notre nouveau confinement ne serait pas trop long.

Mais il le sera. François Legault a annoncé dimanche que le Québec restera sur pause jusqu’au 4 mai. Il est probable, compte tenu du consensus qui a régné jusqu’ici dans la Belle Province, que cette prolongation, pénible pour la population et terrible pour l’économie, sera acceptée.

Les statistiques colligées jusqu’ici par Google, en utilisant les données cellulaires de ses millions d’utilisateurs, ont démontré très clairement que les Québécois, de tous les Canadiens, étaient ceux qui respectaient le plus les consignes de confinement. « Les Québécois, pouvait-on lire récemment dans L’actualité, sont les champions de la distanciation physique au pays. Ils vont moins au travail, dans les épiceries ou dans les parcs que les autres Canadiens. »

J’espère de tout cœur qu’on ne profitera pas de cette période de prolongation pour resserrer encore davantage des règles déjà un peu trop rigides. Dans une chronique récente, Patrick Lagacé a parlé avec justesse des « drames causés par des décisions » dont il « refuse de croire qu’elles sont prises à la légère ».

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Quarantaine : jour 12

Notre quarantaine achève. Demain mardi sera notre dernier jour. Mais le confinement, je sais, ne sera pas terminé pour autant. Nous qui sommes des vieux, on continuera à nous exhorter à rester chez nous. Nous sommes tellement vulnérables, nous répétera-t-on, comme si nous étions tous, une fois passé le cap des 70 ans, de pauvres vieillards se déplaçant à l’aide d’un déambulateur dans un centre d’accueil.

Mais non, on n’est pas idiots. Maintenant qu’on sait ne pas être contagieux, nous ferons bien attention à ne pas être contaminés nous-mêmes par le coronavirus. On n’a pas très envie de se retrouver dans un hôpital bondé, à quêter un respirateur, qu’on nous refuserait peut-être.

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Quarantaine : jour 11

« Isi et Ossi », une comédie sentimentale à l’allemande.

La plupart des films dont je parle aujourd’hui ont été vus, comme les séries du carnet d’hier, sur Netflix. Ce n’est pas que je veuille faire la promotion de ce géant, qui n’en a pas besoin. Reste que, en ces temps de confinement où les salles sont fermées, je ne connais pas de meilleures façons de me nourrir de cinéma.

D’ailleurs, l’offre de cette plateforme est si grande que, lorsque nous allons déménager cet été, il est fort possible que je ne me réabonne pas au câble, la télé ordinaire m’intéressant fort peu de toute façon.

Je n’ai pas vu de grandes réalisations au cours des dernières semaines. En fait, les séries étaient d’un meilleur niveau. Il faut dire que nous avons évité, temps de crise oblige, les films sombres, ce qui limite le choix. Il faut ajouter que les bonnes comédies sont rares. Il faut dire enfin que le cinéma sur un téléviseur, c’est forcément un pis-aller, les longs métrages, contrairement aux séries, étant généralement conçus pour le grand écran.

Voici néanmoins quelques films qui m’ont plu.

« Isi et Ossi » commence comme une sociale à l’italienne. Mais après une première demi-heure sur les chapeaux de roue, ce film allemand se transforme peu à peu en une comédie sentimentale, mais sans pour autant décevoir. Même si la seconde moitié est moins originale, elle se laisse regarder agréablement. On y croit, à cette attirance improbable entre une richissime héritière et un jeune boxeur paumé. Le personnage du grand-père taulard est génial.

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Quarantaine : jour 10

Si on m’avait dit que j’adorerais une série qui se déroule chez les haridim (les « Craignant-Dieu »), j’en aurais été le premier surpris. Mais ce que « Shtisel » m’a fait découvrir, c’est que, au-delà des différences criantes et des divergences fondamentales, j’ai plus en commun avec les membres de cette communauté que je l’aurais cru.

Cette série israélienne, que diffuse Netflix et qui s’étend sur deux saisons, nous amène au cœur d’une famille ultra-orthodoxe de Jérusalem. On suit plus particulièrement le père Shulem, et son fils Akiva, lequel s’intéresse plus à l’art qu’à la Torah et qui veut bien se marier, mais avec une femme qu’il aimerait. On imaginera facilement que cette attitude inorthodoxe suscitera des conflits incessants.

« Shtisel » ne gomme pas l’intégrisme de cette communauté réunie autour des rabbins. Son rejet de la modernité, sa piété obsessive et scrupuleuse, son isolement même en Israël, sa méfiance, voire son hostilité à l’égard des autres groupes, la place presque exclusive accordée à la religion, rien de cela n’est caché.

Mais les scénaristes nous amènent à découvrir, au-delà de la religion, des êtres humains qui aiment, veulent être aimés, rient, souffrent, voire qui prennent plaisir à manger, boire, rire ou chanter.

La série est bien écrite, bien réalisée et les acteurs sont mieux que bons. J’ajoute qu’il y a dans « Shtisel » beaucoup d’humour. Bref, une très belle surprise !

– Shtisel ****1/2

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