Qui a peur de la religion ?
Dans le film de Bernard Émond, « Journal d’un vieux », le personnage principal dit : « Je ne crois pas en Dieu et, croyez-moi, je le regrette ! » Jolie formule qui exprime la difficulté de vivre dans un monde sans Créateur. Pour ma part, je ne peux dire que je crois ou que je ne crois pas en Dieu. Comme Albert Camus, « je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse ». Et comme Hubert Reeves, j’estime qu’on ne peut pas le savoir.
Mais contrairement au personnage de Émond, je ne regrette pas la disparition du Dieu des catholiques. Certes, en perdant la foi, j’ai perdu l’espoir d’une vie éternelle et paradisiaque dans la vallée de Josaphat. Mais je me souviens surtout d’un Dieu tyrannique qui nous suivait partout, d’un Dieu omniprésent qui s’immisçait dans nos pensées les plus secrètes, d’un Dieu vengeur qui nous menaçait de l’enfer.
Vers 16 ans heureusement, sans doute influencé par mes « mauvaises lectures », j’ai cessé de croire en cette religion qui m’avait jusque-là terrorisé. Ça m’a valu bien des ennuis dans un collège dirigé par des curés, où j’ai risqué d’être mis à la porte. Ça m’a aussi placé dans une position délicate vis-à-vis de mes parents, à qui j’ai dû cacher longtemps mon incroyance. Mais je n’ai jamais regretté d’avoir tourné le dos au catholicisme.
Depuis, je ne pratique aucune religion. Je ne suis pas fermé au Dieu de Spinoza, qui croyait en un Dieu qui se révèle dans l’harmonie de ce qui existe. Mais comme le philosophe, je ne crois pas en un Dieu qui se mêle de la destinée humaine.
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