Un meurtrier prolifique ?
J’avais décidé récemment de ne plus écrire sur le français, en particulier pour critiquer certains usages. Mes premières fiches linguistiques datent de l’époque où j’ai été nommé directeur de la section de révision et de correction du Soleil, il y a 50 ans. Cela ne me rajeunit pas. Et ne me passionne plus.
Cela dit, quand j’entends répéter ad nauseam « le prolifique tueur à gages Gérald Gallant », mon sang d’ancien conseiller linguistique ne fait qu’un tour. Je me fais un sang d’encre. Ce qui me turlupine, c’est que cet adjectif décrit habituellement une qualité. « Prolifique » s’emploie pour décrire quelqu’un « qui produit beaucoup ». On peut dire, par exemple, que Balzac était un auteur prolifique ou que Gretzky était un buteur prolifique. Mais peut-on dire d’un tueur à gages qu’il est prolifique ? Cet emploi me gêne. Il faut se garder de faire d’un tueur un héros, fût-il le personnage principal d’un film. Je dirais plutôt que Gérald Gallant était le tueur à gages le plus meurtrier ou le plus funeste du Québec.
Par ailleurs, je n’ai pas encore décidé d’aller voir « Confessions ». Pour être honnête, je ne suis pas un fan de Luc Picard, ni comme comédien ni comme réalisateur ; or dans ce thriller, il est l’un et l’autre. Mais les échos que j’en ai sont favorables. Qui plus est, ils viennent de personnes en qui j’ai confiance. Alors, peut-être me laisserai-je finalement tenter.