Nous venons de terminer les 106 épisodes de This is Us, une brillante série américaine diffusée sur NBC de 2016 à 2022 et maintenant offerte par Netflix. Nous avons avalé les six saisons en moins d’un mois, à raison de trois, quatre, voire cinq épisodes par soir. Je n’irai pas jusqu’à dire, comme je l’ai lu, que « c’est tout simplement la plus belle série que j’ai pu voir dans ma vie ». Il y a çà et là des longueurs et des redites qui freinent un tantinet mon enthousiasme, en particulier dans les deux dernières saisons. N’empêche que This is Us vient s’ajouter à ma liste des grandes séries.
Ce feuilleton raconte la vie de deux frères et d’une sœur, Kevin, Randall et Kate. nés le même jour et surnommés le « Big Three » par leurs parents, Jack et Rebecca Pearson, dont on suit aussi la trajectoire. Le récit n’est pas linéaire. Au contraire, on retourne constamment dans le passé des enfants, pendant leurs premiers mois, puis à cinq, à dix ou à seize ans. Parfois même, on nous dévoile des brides du futur. En général, ce va-et-vient est habilement ficelé. Il faut en féliciter les nombreux scénaristes. Loin de se perdre dans ces méandres, on y trouve des éléments pour mieux comprendre le présent. Mais il faut le dire, il y a des téléspectateurs que ces allers-retours indisposent.
D’autres reprochent à ce feuilleton conçu par Dan Fogelman de dégouliner de bons sentiments. Il est vrai que les personnages, dans l’ensemble, font preuve d’empathie et de bienveillance. Mais le scénario n’est pas pour autant fleur bleue, mièvre, gnangnan, à l’eau de rose ou cucul la praline. Les histoires racontées ne sont pas simples, encore moins simplistes. Les affrontements sont fréquents, parfois même durs, tant dans la fratrie que dans les couples. On s’aime certes, mais on s’affronte, voire on se sépare. Les difficultés de la vie ne sont pas escamotées, bien au contraire.
Au final toutefois, c’est toujours l’amour du clan Pearson qui sort gagnant. En cette période où les bruits de guerre nous parviennent tous les jours de Palestine comme d’Ukraine, où un leader d’extrême droite vient d’être élu en Argentine, où Trump est donné gagnant dans les sondages, où les cibles de réduction des gaz à effet de serre sont ratées les unes après les autres, où la CAQ offre avec désinvolture 5 à 7 millions de beaux dollars à un club de hockey milliardaire, il est réconfortant de regarder une série où les gens se soucient les uns des autres.
Après This is US, nous nous sommes lancés dans la deuxième année d’Avant le crash. Après trois épisodes, nous n’étions plus capables de supporter ces personnages ambitieux et égoïstes, qui, au contraire, ne pensent qu’à eux-mêmes. Bien sûr, le scénario reste solide et les acteurs sont excellents. Rien à redire. Mais après un mois passé en compagnie de la chaleureuse famille Pearson, le retour aux financiers implacables et sans scrupules d’Avant le crash nous était insupportable. Nous y reviendrons peut-être, mais pas tout de suite.