Voyages, lectures, films, séries, impressions, humeurs, la vie quoi!

Quand Gemini hallucine

gemini3

J’aime bien me servir des outils de l’intelligence artificielle que les grands de l’informatique mettent à notre disposition. J’utilise Copilot depuis que Microsoft l’a intégré à ses logiciels, l’année dernière. Et depuis quelque temps, je recours aussi à Gemini, que Google a couplé à son célèbre moteur de recherche. L’un et l’autre sont devenus mes fidèles collaborateurs pour la rédaction de mes carnets.

Dans la majorité des cas, les informations que m’apportent ces deux robots, je pourrais les trouver moi-même. Mais il me faudrait bien plus de temps. Une des belles qualités de l’IA, c’est sa stupéfiante rapidité.

Il faut ajouter que l’IA m’apporte parfois des réponses que je n’aurais pas dénichées autrement. Je me souvenais, par exemple, d’une étude célèbre sur la soumission à l’autorité. L’ennui, c’est que cette recherche datait des années soixante et que j’avais beau avoir écrit un article sur le sujet, j’avais oublié le nom de son auteur, le psychologue Stanley Milgram. Qu’importe ! J’ai fait la demande avec le peu d’informations dont je disposais et, bingo ! Gemini a retrouvé les renseignements que je cherchais.

Une autre fois, je me rappelais avoir entendu Joni Mitchell chanter dans Alice’s Restaurant, un film de 1970. Mais je n’arrivais pas à retrouver la chanson que j’avais adorée. Gemini, en revanche, ne souffre pas de pertes de mémoire. Dans Alice’s Restaurant, m’a-t-il répondu, Joni Mitchell ne chante pas une chanson, mais deux : Songs to Aging Children Come et The Circle Game. Précis, n’est-ce pas ! J’en suis resté ébahi.

Depuis que j’utilise Gemini, je trouve ses réponses plus détaillées que celles de Copilot. Mais j’ai aussi noté que le robot de Google avait davantage tendance à halluciner (c’est le mot qu’on emploie quand les robots divaguent, ce qui leur arrive plus ou moins souvent).

J’ai demandé notamment à Gemini sur quelle chaîne la série Au secours de Béatrice avait d’abord été diffusée. Le robot m’a répondu sans hésitation : « ICI Radio-Canada Télé en 2021 », ajoutant : « Elle est ensuite devenue disponible sur la plateforme de streaming ICI Tou.tv. » Un dernier détail, et non le moindre : « Notez que la série n’est actuellement pas disponible sur Netflix. »

Avant d’applaudir trop fort, sachez que rien de tout cela n’est exact. La bonne réponse, on la trouve plutôt sur Copilot. La voici : « La série télévisée Au secours de Béatrice a été diffusée pour la première fois sur le réseau TVA au Québec, entre le 10 septembre 2014 et le 14 mars 2018. » Soit dit en passant, on peut visionner cette excellent série québécoise sur Netflix, qui en a fait l’acquisition récemment.

Quelques jours plus tard, j’ai demandé à Gemini ce qu’il savait du nouvel album de la chanteuse Pomme, intitulé Saisons. Le robot m’a notamment appris que cet opus était « considéré comme l’un des meilleurs albums de Pomme à ce jour ». Mais les choses se gâtent quand Gemini me renvoie au Site officiel de Pomme : https://en.wikipedia.org/wiki/Pomme_%28singer%29. Il y a bien là une page consacrée à la chanteuse, mais ce n’est en rien un site officiel.

Mais il y a pire : Gemini annonce une critique de l’album par Le Monde. Je m’empresse d’aller la consulter. Mais le texte est plutôt consacré aux saisons perturbées par les changements climatiques. On est peut-être là dans les pommes, ou plutôt dans les patates, mais bien loin de Pomme.

J’emprunterai ma conclusion à La Fontaine : deux robots valent mieux qu’un tu l’auras.

Le cerveau, un ordinateur étonnant

Dans Le poète, un des meilleurs polars de Michael Connelly, deux policiers et un journaliste se présentent chez une femme dont le mari policier vient d’être assassiné. « Le sourire sur le visage de Riley, écrit le romancier, dura environ trois secondes. Avant d’être immédiatement remplacé par une expression de terreur sortie du tableau de Munch. Le cerveau est un ordinateur étonnant. Trois secondes pour regarder trois visages à sa porte et on sait que son mari ne reviendra jamais à la maison. »

Connelly ajoute : IBM ne pourra jamais rivaliser. Aujourd’hui, je serais porté à dire : l’IA ne pourra jamais rivaliser. Dans un tel cas, en effet, il ne s’agit pas d’intelligence pure, mais d’intelligence émotionnelle. Sur ce plan, j’en suis convaincu, les machines ne pourront jamais nous surpasser.

Laisser un commentaire