Voyages, lectures, films, séries, impressions, humeurs, la vie quoi!

musique

L’Orchestre à cordes des jeunes dirigé par Thomasine Leonard.

Samedi, je suis allé entendre l’Orchestre à cordes des jeunes au Conservatoire de musique. J’y étais parce que j’aime la musique, bien sûr, mais aussi parce que je connais la cheffe, Thomasine Leonard, qui sait tirer une belle musicalité de ses jeunes instrumentistes. Mais mon carnet d’aujourd’hui ne porte pas sur la musique.

Ce qui m’a d’abord frappé au dos du programme, c’est la composition de l’orchestre. Peu de Bergeron ou de Lalonde. Mais beaucoup de Peng, de Wang, de Sun, de Nguyen, d’El-Chabab, de Dubovitckii ou de Karlicek. Il n’y a rien là de particulièrement surprenant. Nous sommes à Montréal, ville que les francophones de souche ont largement désertée, préférant l’herbe verte de la banlieue. De plus, la musique nécessite une discipline que l’on cultive sans doute davantage dans les familles immigrantes.

Deuxième constat : ces jeunes musiciens issus de l’immigration étudient la musique en français, langue qu’ils maîtrisent apparemment très bien. Chacune des pièces du concert était présentée par un musicien (deux d’entre eux n’avaient pourtant que huit ans) en français, bien sûr, et qui plus est, dans un excellent français. Je n’ai rien contre le français joualisant qu’on entend beaucoup dans nos séries, nos films ou nos pièces de théâtre, mais il n’est pas souhaitable que ce français « tabarnak » devienne notre langue commune.

Une fois le concert terminé, j’ai entendu quelques-uns des jeunes musiciens parler une autre langue que le français avec leurs parents. Et puis après ! Il m’importe peu qu’ils parlent mandarin, vietnamien, espagnol, arabe ou russe à la maison. J’espère même qu’ils conserveront leur langue maternelle. Et je ne m’offusque pas qu’ils apprennent l’anglais. À condition, bien entendu, qu’ils aillent à l’école française et qu’ils parlent bien notre langue, qui doit rester la langue commune.

Il y a au Québec une obsession malsaine pour la langue parlée à la maison. Cette statistique trompeuse donne une image inquiétante de la situation du français. Elle permet de répéter à l’envi que notre langue est en déclin et que la métropole s’anglicise. C’est d’ailleurs le fonds de commerce de la CAQ, du PQ et du Bloc. Et sans compter le mantra de bien des chroniqueurs, en particulier ceux du Journal de Montréal.

Mais ce déclin est une illusion. Dans une étude publiée la semaine dernière et presque passée inaperçue (sans doute parce qu’elle est positive), l’Office québécois de la langue française a révélé qu’en 2022, « 79 % des Québécoises et Québécois utilisent le plus souvent le français dans l’espace public, un pourcentage semblable à ceux observés antérieurement… depuis 2007. »

Comme je l’ai écrit sur ma page Facebook, c’est une sacrée bonne nouvelle. D’autant que le chiffre est stable depuis au moins quinze ans. On est aux antipodes, je le répète, du discours défaitiste sur le déclin français au Québec.

Pour ma part, ce Québec interculturel ne m’inquiète pas. Au contraire, il me donne espoir. Je regardais samedi ces jeunes musiciens. Je les trouvais beaux, éveillés, brillants. Issus pour la plupart de l’immigration, ils enrichissent le Québec. Je leur souhaite de bien s’intégrer. Mais pour ce faire, nous avons, nous francophones de vieille souche, une grande responsabilité. Le poids de l’intégration ne doit pas reposer sur les seules épaules des migrants.

Cela dit, je n’espère pas qu’ils s’assimilent. Surtout pas, en fait.

Laisser un commentaire