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Dans mon dernier carnet, je déplorais que la récente étude de l’OQLF indiquant que l’utilisation du français est restée stable dans l’espace public, et ce depuis 15 ans, soit passée pour ainsi dire inaperçue. Mais aujourd’hui, et je m’en réjouis, La Presse y consacre deux textes.

Stéphanie Grammond souligne d’abord que la proportion d’allophones utilisant le français dans l’espace public a augmenté de 3,2 points de pourcentage, entre 2016 et 2022. Chez les anglophones, ajoute l’éditorialiste, la hausse a été de 5,6. On est loin, comme je l’écrivais, du discours pessimiste sur le déclin du français au Québec.

Professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval, Jean-Pierre Corbeil souligne pour sa part qu’« au moins 85 % des Québécois utilisent aujourd’hui principalement le français dans les commerces de proximité, les centres commerciaux ou au restaurant ». Autre donnée importante : entre 2010 et 2023, l’usage général (au moins 90 % du temps) du français au travail est demeuré stable,

Le professeur fait remarquer lui aussi « que nous sommes incapables de nous extirper de cette vision catastrophiste que d’aucuns ont contribué à façonner ». À preuve, le nombre d’articles parus avec l’expression « déclin du français » dans les médias québécois est passé de 419 à 2868 entre 2020 et 2022. Marie-France Bazzo, pour ne citer qu’un exemple, n’écrit jamais un article sur Montréal sans y parler du déclin de notre langue. Dans le Journal de Montréal, c’est sans doute pire, mais je ne le lis pas. Tous ces gens partent du principe qu’en répétant une fausseté, elle deviendra une vérité.

« Les appréhensions de la noyade démographique, du grand remplacement, de la louisianisation, du suicide collectif et de la menace identitaire », note le professeur Corbeil, se multiplient « chez certains analystes, observateurs, acteurs médiatiques et politiques », créant dans la population craintes et inquiétudes excessives.

Cela ne signifie pas que tout soit parfait. Comme l’écrit Stéphanie Grammond, « la récente étude de l’OQLF lève des drapeaux jaunes ». Il est préoccupant de constater que les jeunes sont « nettement moins soucieux du français ». « Ils sont moins nombreux à l’utiliser dans l’espace public, mariant les deux langues davantage que leurs aînés », note l’éditorialiste.

Autre sujet de préoccupation, « 40 % de la population de la région de Montréal qui a l’anglais comme langue première n’est pas en mesure de soutenir une conversation en français ». C’est beaucoup. Ces gens que René Lévesque appelait les Rhodésiens sont encore trop nombreux. Le français doit rester notre langue commune, je le répète.

Mais les solutions pour en faire la promotion doivent être imaginatives. Pas inutiles comme celles contenues dans le projet de loi 96, encore moins coercitives ou vexatoires comme la hausse des droits de scolarité pour les étudiants étrangers.

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