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Transatlantic

 

Je n’aime pas beaucoup les biopics, comme je l’ai déjà dit. Mais chaque fois que le sujet en paraît intéressant, je me laisse prendre. Ce fut encore le cas avec Transatlantique, qui raconte l’histoire vraie, nous assure-t-on, de Varian Fry et Mary Jayne Gold, ainsi que du Comité de sauvegarde d’urgence (Emergency Rescue Committee). Ces gens-là auraient aidé plus de 2000 réfugiés, artistes et intellectuels pour la plupart, à fuir le régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Alléchant, bien sûr ! Mais c’était sans compter les coups de rabot donnés dans un scénario typiquement américain. Un exemple parmi tant d’autres. Une des personnes qui collabore avec le Comité raconte avoir trouvé un chemin secret pour mener les réfugiés à pied en Espagne. On voit la belle Lisa partir vaillamment avec de petits groupes et les amener dans les Pyrénées en une journée. L’ennui, c’est que plus de 300 kilomètres séparent la ville française des montagnes espagnoles. So what ! se sont sans doute dit les scénaristes. Qui saura en Inde, au Congo ou en Argentine qu’il faudrait plusieurs jours pour franchir une telle distance à pied ?

Autre exemple : tout le monde parle anglais dans cette série, et fort bien. Même les Français. À l’occasion, on entend bien quelques mots dans notre langue. Mais pour l’essentiel, on se croyait dans Emily à Paris. So what ! On évite ainsi ces sous-titres que les Américains trouvent si barbants. Et tant pis pour la vraisemblance ! Après tout, est-ce si grave si l’écrivain André Breton et le peintre Marcel Duchamp discourent dans la langue de Netflix ?

Un dernier exemple : Fry, qui a été marié deux fois et qui a eu trois enfants, est présenté ici comme homosexuel. Selon un de ses fils, Fry était un gay resté dans le placard. Peut-être bien, allez savoir. Mais il serait étonnant que le responsable du Comité de sauvegarde d’urgence ait profité de son séjour marseillais pour vivre une aventure homosexuelle torride, qui aurait mis en péril et sa mission et son entourage. D’autant que l’homosexualité était interdite dans la France de Vichy. Mais so what !

Ah ! j’allais oublier cette scène où Miss Gold joue les James Bond pour faire évader trois prisonniers britanniques d’une prison française. Mais je m’arrête, car la liste des contre-vérités pourrait être longue.

Dans ces conditions, faut-il s’étonner que l’interprétation soit peu convaincante et que l’histoire, bien qu’inspirée de faits réels, paraisse si invraisemblable ?

Je veux bien admettre que Transatlantique compte moins d’extravagances et d’énormités que Catherine de Medicis, autre biopic censé raconter la vie de cette reine française venue de Toscane. Il reste que ces deux séries sont si éloignées de la réalité qu’elles me font penser aux contrefaçons qu’on vend dans les quartiers touristiques de l’Italie. Dans les deux cas, c’est du toc.

Bien sûr, les scénaristes peuvent se permettre quelques libertés. Mais quand ils écrivent une série qui se réclame de l’histoire, un minimum de vérité, il me semble, serait bienvenu.

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