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Douce Nice !

Quand on voit la casse laissée par les gilets jaunes certains samedis, il est difficile d’entonner « Douce France ». Mais après six semaines passées dans la capitale de la Côte d’Azur, j’ai envie d’entonner « Douce Nice ». Pour ce quatrième séjour, la ville a été magique. On s’était demandé avant de partir si ce n’était pas une erreur d’y venir encore cette année. On se dit maintenant que de ne pas venir aurait été une bêtise !

Ce quatrième séjour, plus encore que les précédents, nous l’avons vécu au rythme du slow travel (on dit aussi slow tourism, mais comme je ne me considère pas comme un touriste, plutôt comme un voyageur, je préfère la première appellation).

J’ai déjà parlé de ce concept, mais j’y reviens : il s’agit d’une tout autre façon de voyager ; pas meilleure que les autres, juste différente. Le slow travel, c’est une philosophie. Comme l’explique fort bien le blogue L’oiseau rose, c’est prendre son temps, savourer les choses, se laisser rythmer par le mode de vie local, s’imprégner des lieux. L’auteur ajoute : « Tout cela demande évidemment beaucoup de temps, une bonne touche de curiosité, de la simplicité, et de l’ouverture aux autres. »

Nous ne sommes sortis de la ville que deux fois : pour aller à Menton, à 30 km, et à Èze, à 7 km. Ce n’est donc pas le genre de voyage où l’on aura vu les pyramides d’Égypte, le désert du Sahara, la cathédrale de Florence, la basilique Saint-Pierre, le Grand Canyon, l’île de Pâques, les chutes du Niagara, le palais du grand Lama ou le sommet du Fuji-Yama.

Nous nous sommes plutôt promenés de salles obscures en petits cafés sympas. Nous avons fréquenté des restaurants qui n’avaient pas d’étoiles au Guide Michelin. Nous avons gravi la colline du Château, qui n’est même pas haute comme le mont Royal. Rien donc pour écrire à sa mère, ni même à ses proches, à qui on ne sait pas trop quoi dire quand ils nous demandent ce qu’on fait de nos journées, sinon un plat « pas grand-chose ». Et pourtant, nous avons été heureux. Tous les jours !

Il faut reconnaître que notre humeur joyeuse a grandement été facilitée par le temps magnifique que Nice a connu cette année. Pas de périodes de froid, pas de pluie, plein de soleil tous les jours et des températures entre 15 et 20 degrés. Pour cette dernière semaine, on nous annonce quelques précipitations, mais c’est pour qu’on s’habitue à Paris, où nous serons dans quelques jours.

Cela dit, le temps n’explique pas tout. Dans le slow travel, il y a moins à voir, mais plus à sentir, à entendre, à goûter. La douce chaleur du soleil d’hiver sur le front, la caresse du vent du large sur les joues, l’agréable amertume du café sur la langue, l’exquise suavité du tiramisu, les odeurs florales des collines, le chant ravissant des oiseaux. Ou quand on regarde, ce sont de petites choses, comme le vol d’un gracieux papillon jaune au-dessus des graminées vertes, pendant qu’au loin on aperçoit la Grande Bleue.

Un de nos petits plaisirs quotidiens a été d’aller prendre le café. Au début, on se rendait invariablement chez Per Lei, découvert l’an dernier, où l’expresso rappelle l’Italie. Mais nous nous sommes lassés de la face de bœuf du barista, que j’avais baptisé Smiley et qui n’avait jamais l’air de nous reconnaître. Ça nous a permis de découvrir plein d’autres lieux, où nous étions bien mieux reçus. Nice en regorge.

Dans tous les quartiers du centre-ville en effet, on trouve des cafés, mais aussi des boulangeries, des pâtisseries, des salons de thé ou des bars, on l’on sert également le café. Les jours où nous avions la dent sucrée, nous y ajoutions une pâtisserie ou un cookie. Mais le sommet de la jouissance, c’est le café gourmand, qu’on sert accompagnée de mignardises surprises. C’est divin ou décadent ; à vous de choisir !

Nous sommes aussi allés plus souvent au resto. Certes, il est bien agréable de cuisiner à l’appartement. La petite cuisine est bien équipée. De plus, on trouve de tout et du meilleur dans les épiceries et marchés de la ville, notamment pour ce qui est du bio. Mais manger au restaurant à l’occasion, c’est bien chouette aussi.

Si nos après-midi ont été consacrés au cinéma, comme je l’ai déjà écrit, les soirées, elles, appartiennent à la lecture. D’autant que la télé de l’appart ne comprend que les postes de base. Si l’on excepte les samedis, accaparés par The Voice, notre plaisir coupable, nous avons eu beaucoup de temps le soir pour la littérature.

Cela dit, ceux et celles qui lisent mes carnets de voyage depuis des années vont se demander ce qui se passe dans ma vie. Ai-je été touché par la grâce ou les médecins m’ont-ils condamné ? Eh bien, ni un ni l’autre. Il y a encore des choses qui m’agacent à Nice, bien sûr. Quand j’y marche, je trouve qu’il y a encore trop de crottes de chien. Trop de scooters qui puent, de motos qui pétaradent, de voitures qui filent trop vite dans les rues étroites. Un peu partout, comme à Paris, on est heurté par les affiches en anglais ; on se croirait presque à Montréal avant la loi 101. Pour des Québécois de notre génération, c’est à faire dresser les cheveux sur la tête. Ajoutons enfin qu’il n’est toujours pas possible d’aller s’asseoir à une terrasse sans se faire emboucaner, parfois même par des fumeurs de cigare, qui partagent leur boucane sans mauvaise conscience.

Je remarque tout cela encore. Ça m’agace un peu, c’est sûr. Mais avant que l’irritation ne m’envahisse, elle disparaît. J’ai arrêté de râler. Peut-être que, lorsqu’il reste moins de temps à vivre, il devient plus précieux. Trop précieux pour le perdre à se plaindre, à maugréer, à pester, à bougonner, à grommeler ou à ronchonner. Dans Nice la douce, les petits désagréments s’évaporent dans l’horizon bleuté. Ne reste que la dolce vita.

On se revoit bientôt à Paris. Lise vous fait ses amitiés. Je vous embrasse.

Commentaires sur: "Douce Nice !" (5)

  1. Très beau texte.

  2. Glen Mostowich a dit:

    Bonjour Paul, je vous suis depuis des années (La Presse et ce carnet bien sûr)… On est intrigué par l’idée de “slow travel” à Nice…2 mois mettons octobre/novembre…louer un appartement de préférence. auriez-vous la gentilesse de partager des infos en terme d’avec qui vous avez loué?

    • Je vous réponds bientôt.

    • Bonjour,
      Nous avons séjourné pendant quatre hivers à Nice, jamais au même endroit. Deux fois, nous sommes allées dans le Vieux-Nice, central et joli. Mais le quartier peut être bruyant. Les appartements y sont en général peu éclairés. On peut louer des logements plus grands, plus pratiques et plus éclairés, un peu à l’ouest du centre-ville. Nous l’avons fait une fois, mais nous n’y sommes pas retournés, le propriétaire étant un homme méfiant et peu commode. La dernière fois, nous avons trouvé un appartement qui donnait sur le port. Il n’était pas très grand, mais la vue était magnifique.
      Nous avons toujours cherché et trouvé grâce au site Vrbo : http://www.vrbo.com/fr. Sauf la dernière fois où nous avons fait affaire avec Anne Tazet, qui loue (ou louait) au 8 rue de FORESTA, étage 5. Elle nous a fait un meilleur prix. Son courriel est le suivant : anne.tazet@sfr.fr.
      N’hésitez pas à me contacter pour obtenir d’autres renseignements.

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